France, Allemagne, Zone euro : La défiance s’installe.

Comme cela était prévisible, la situation économique de la France, de l’Allemagne et plus globalement de la zone euro continue de se détériorer.

Certes, dans l’ensemble de l’Union Economique et Monétaire, après deux mois de stabilisation, le taux de chômage est reparti à la baisse en novembre. Avec un niveau de 7,9 %, il atteint ainsi un plus bas depuis octobre 2008 et n’est plus qu’à 0,6 point de son plancher historique observé d’octobre 2007 à mars 2008.

Cette évolution est évidemment une bonne nouvelle, en particulier dans le contexte actuel.

Cependant, dans la mesure où l’emploi est une variable retardée de l’activité, il est fort probable que le ralentissement récent et à venir de la croissance eurolandaise suscitera rapidement une remontée de ce taux de chômage.

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Zone euro : le taux de chômage baisse mais plus pour très longtemps.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

En effet, comme l’ont déjà montré la forte baisse des indices Markit des directeurs d’achat et l’effondrement des indices ZEW et Sentix, l’activité va fortement décélérer au cours des prochains trimestres.

Cette semaine, les indicateurs avancés de la Commission Européenne sont venus enfoncer le clou. Et pour cause : tant l’indice du climat des affaires que celui relatif à la confiance des ménages ont nettement chuté en décembre.

Conséquence logique de ces dérapages, l’indice de sentiment économique a perdu 2,2 points sur le seul mois de décembre, portant sa chute à 8,7 points depuis le début 2018.

Avec un niveau de 107,3, il atteint un plus bas depuis novembre 2016 et confirme que la croissance eurolandaise va encore reculer en 2019.

L’indice de sentiment économique de l’UEM au plus bas depuis novembre 2016.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Dans ce mouvement de défiance et de ralentissement économique, la France s’est une nouvelle fois illustrée. Et pour cause : après la baisse des indices Markit des directeurs d’achat sous la barre des 50 tant dans l’industrie que dans les services (cf. Economie et Stratégies de la semaine dernière), l’indice INSEE de confiance des ménages a fait monter de plusieurs crans le degré de pessimisme qui prévaut dans l’Hexagone.

L’indice INSEE de confiance des ménages s’effondre encore.

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Sources : INSEE, ACDEFI

En effet, après avoir déjà nettement plongé depuis le début 2018 et chuté de 3 points en novembre, cet indice de confiance des ménages en a encore perdus 4,7 sur le seul mois de décembre. Au cours des douze derniers mois, son effondrement atteint 18,7 points. Du jamais vu depuis la crise de 2008 !

Avec un niveau de 86,7, contre une moyenne de long terme de 100, il se situe à un plus bas depuis octobre 2014.

Encore plus grave, l’indice INSEE de « l’opportunité de faire des achats importants » s’effondre de 16 points sur le seul mois de décembre, atteignant un plancher depuis juin 2013. Alors que les « soldes » viennent de débuter, il est malheureusement clair que la consommation des ménages va souffrir au moins jusqu’à l’été 2019.

Les ménages français n’ont plus envie de consommer.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Cette déprime s’explique évidemment en partie par les dérapages du mouvement des « gilets jaunes », mais aussi par un taux de chômage qui reste proche des 9 %.

Le taux de chômage français reste trop élevé.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Encore plus dramatique, le taux de chômage des moins de 25 ans est reparti en nette hausse depuis juillet dernier et en particulier en novembre, pour atteindre désormais 21,8 %. Un niveau qui tranche avec ceux observés dans la zone euro, au Royaume-Uni et a fortiori en Allemagne (respectivement 16,9 %, 11,4 % et 6,1 %).

Le taux de chômage des moins de 25 ans augmente dangereusement en France.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Et encore, rappelons que cette hausse du chômage n’a pas encore intégré le ralentissement économique des derniers mois et a fortiori la baisse de l’activité des dernières semaines.

De ce point de vue, le fort repli de la production industrielle française en novembre, c’est-à-dire avant même les dérapages récents, apparaît particulièrement inquiétant.

La production industrielle française plonge.

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Sources : INSEE, ACDEFI

Et pour cause : -1,3 % sur le seul mois de novembre et surtout – 2,1 % en glissement annuel, un plus bas depuis novembre 2014.

Sur octobre-novembre, la production industrielle française accuse un recul de 0,5 % par rapport au troisième trimestre 2018.

A cela doit s’ajouter le nouveau creusement du déficit extérieur français, qui a atteint 5,1 milliards d’euros en novembre. Et ce, en vertu d’une baisse mensuelle des exportations encore plus forte que celle des importations, en l’occurrence – 4,4 % contre – 1,8 %.

Il s’agit évidemment du pire scénario, dans la mesure où il confirme à la fois la faiblesse des exportations françaises et celle de sa demande intérieure.

Autrement dit, si tant la consommation que la production industrielle et les exportations baissent, que va-t-il rester pour soutenir l’activité ?

Dans ce cadre, il paraît malheureusement clair que le PIB français a dû reculer au cours du quatrième trimestre 2018.

Dès lors, si la situation sociétale ne s’améliore pas, la France pourrait entrer en récession dès le début 2019.

Piètre consolation, ce triste cas de figure pourrait également s’observer en Allemagne dès le quatrième trimestre 2018.

En effet, il s’agit d’ailleurs là de la plus grosse surprise de cette semaine statistique : en novembre, la production industrielle allemande a subi son troisième mois consécutif de baisse, en l’occurrence – 1,9 %.

En fait, depuis décembre 2017, la production industrielle allemande n’a enregistré que trois augmentations mensuelles.

Allemagne : le glissement annuel de la production industrielle au plus bas depuis novembre 2009 !

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Sources : Destatis, ACDEFI

Conséquence logique de cette « bérézina », son glissement annuel s’est effondré à – 4,6 %, un plancher depuis novembre 2009 ! Une époque où le glissement annuel du PIB allemand était de – 3 %.

A l’évidence, même si un sursaut demeure possible en décembre, de telles évolutions font froid dans le dos.

Car, ne nous leurrons pas : si déjà avec une croissance allemande soutenue, celle de la France a avoisiné 1,5 % en 2018 et celle de la zone euro 1,8 %, celles-ci vont forcément s’effondrer si la première décline.

Comme dirait l’Oncle Sam, qui, de son côté, continue de croître allégrement et de bénéficier d’une situation de plein-emploi « God bless France, Germany and Euro Area », car elles en ont bien besoin…

 

Marc Touati