Sans surprise, les indicateurs avancés de la croissance mondiale ont confirmé que cette dernière était bien installée sur la voie du ralentissement durable. Et ce, en particulier dans l’industrie.
Certes, l’indice PMI des directeurs d’achat à l’échelle de la planète s’est stabilisé en novembre. Cependant, avec un niveau de 52,0, il reste à un plus bas depuis deux ans et confirme par là même que l’activité industrielle mondiale continue de souffrir.
Encore plus inquiétant, le nombre de pays en récession industrielle continue d’augmenter : 14 en novembre, contre 12 le mois précédent et seulement 7 en juillet dernier.
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En novembre, 14 pays apparaissent en récession industrielle, contre 12 en octobre.
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Sources : Markit, ACDEFI
Si la Turquie, Hong-Kong, Singapour ou encore l’Afrique du Sud étaient déjà présents dans cette triste liste depuis plus de six mois, les deux entrants sont la Corée du Sud et surtout la Pologne, qui était pourtant une des économies les plus dynamiques d’Europe au printemps 2018.
Autrement dit, si les champions de la croissance d’hier sont en récession aujourd’hui, qui va tirer la croissance européenne de demain ?
Et ce d’autant que les trois premières économies de la zone euro sont en souffrance. A commencer par celle de l’Italie. En novembre, l’indice Markit des directeurs d’achat a ainsi continué de plonger sous la barre des 50, à précisément 48,6, un plus bas depuis mai 2013.
Et même si son homologue dans les services a progressé à 50,3 en novembre, la « messe » est dite : après avoir déjà reculé de 0,1 % au troisième trimestre 2018, le PIB italien va continuer de régresser au moins jusqu’au printemps 2019. En d’autres termes, l’Italie est entrée dans sa troisième récession en seulement dix ans. Quelle tristesse !
L’Italie est entrée dans sa troisième récession en seulement dix ans.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Et malheureusement, cette triste perspective du retour en récession pend également au nez de la France.
En effet, avant même l’exacerbation du mouvement des « gilets jaunes » et ses dérapages, l’indice Markit des directeurs d’achat français s’est encore rapproché de la barre des 50 en novembre, à précisément 50,8.
Et même si l’indice correspondant dans les services a surpris par sa résistance à 55,1, le pire reste à venir pour l’économie française.
Autrement dit, comme nous l’expliquons dans notre « Humeur » de la semaine, la France est au bord de la récession.
La France est bien au bord de la récession
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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI
En fait, comme le montre le tableau ci-dessous : si les Pays-Bas, l’Irlande, l’Autriche et la Grèce continuent de résister tant bien que mal, les quatre principales économies de la zone euro, en l’occurrence (par ordre décroissant d’importance dans le PIB de l’UEM) l’Allemagne, la France, l’Italie et l’Espagne sont en difficulté.
Notons ainsi que l’indice Markit dans l’industrie allemande atteint un plus bas depuis avril 2016, ce qui aura inévitablement des conséquences importantes sur l’ensemble de l’UEM.
L’industrie souffre fortement dans les trois premières économies de la zone euro.
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Sources : Markit, ACDEFI
Et, pendant que la zone euro s’enfonce de plus en plus dans la langueur économique, l’Oncle Sam continue de surprendre par sa résistance et la vigueur de son économie.
En novembre, les indices Markit et ISM des directeurs d’achat sont restés élevés, confirmant que la croissance américaine devrait se stabiliser entre 2,5 % et 3 %.
La croissance américaine aussi va ralentir, mais rester proche des 3 %.
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Sources : BEA, Markit, ACDEFI
Autre bonne nouvelle de la semaine, mais cette fois-ci en Chine : l’industrie y a stoppé sa chute et les services ont rebondi de façon impressionnante, après avoir fortement ralenti en octobre.
Chine : l’industrie continue de peiner, mais les services redémarrent fortement.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
En conclusion, le panorama conjoncturel international s’assombrit tout en devenant de plus en plus disparate : la croissance mondiale ralentit, les Etats-Unis et la Chine résistent, mais la zone euro lâche prise, tirée vers le bas par l’Italie, la France et l’Allemagne.
Marc Touati