Même si nous nous y attendions, notamment dans nos prévisions hebdomadaires de la semaine dernière, l’effondrement de la confiance des ménages français en novembre a tout de même surpris par son ampleur.
En effet, après avoir déjà plongé de 9,7 points depuis le début 2018, l’indice INSEE de confiance des ménages a encore chuté de 3 points sur le seul mois de novembre.
Avec un niveau de 91,6, il atteint désormais un plus bas depuis janvier 2015.
Ainsi, comme le montre le graphique ci-dessous, cette dégringolade indique que le glissement annuel de la consommation des ménages devrait atteindre 0 % d’ici le début 2019.
Voici le fichier pdf :
L’indice INSEE de confiance des ménages s’effondre à un plus bas depuis janvier 2015.
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Sources : INSEE, ACDEFI
D’ailleurs, dans l’enquête INSEE de novembre c’est l’indicateur relatif à « l’opportunité de faire des achats importants » qui a le plus chuté. Il se retrouve, lui-aussi, à un plus bas depuis janvier 2015 et constitue évidemment un mauvais présage pour les fêtes de fin d’année, qui, ne l’oublions pas, représentent, pour de nombreux commerces, le tiers des recettes de l’année.
Le pire est que cette enquête de confiance des ménages a été menée avant l’exacerbation du mouvement des gilets jaunes. Ce qui ne va certainement pas arranger les choses pour l’enquête de décembre et pour l’activité économique au sens large.
Dans ce cadre, déjà très mal partie depuis le début du quatrième trimestre, la variation du PIB français au cours de ce dernier pourrait avoisiner le zéro pointé, voire passer en territoire négatif.
A l’évidence, notre « douce France » n’avait pas besoin de ça. Car, si la croissance est nulle, le chômage augmentera de nouveau, les revenus des ménages reculeront et leur consommation avec.
D’ores et déjà, l’INSEE a révisé en légère baisse le niveau du PIB et de la consommation des ménages du troisième trimestre 2018, si bien que leurs glissements annuels sont tombés à respectivement 1,4 % et 0,67 %, des plus bas depuis le premier trimestre 2017 pour le PIB et le deuxième trimestre 2014 pour la consommation.
La décélération du PIB et de la consommation des ménages a été aggravée.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Dans ce cadre, nous sommes au regret de confirmer nos prévisions de croissance pour l’économie française : ce sera au mieux 1,5 % en 2018 et 1,1 % en 2019.
Inutile de rappeler que, compte tenu de ces déconvenues, l’objectif gouvernemental de réduction du déficit public français ne sera pas respecté.
Pour ne rien arranger, la confiance des ménages et le climat des affaires global ont continué de se détériorer tant en Allemagne que dans l’ensemble de la zone euro. Outre-Rhin, l’indice GfK de confiance des ménages a régressé de 0,2 point pour le mois de décembre, un plancher depuis juin 2017.
Parallèlement et surtout, l’indice IFO du climat des affaires a perdu 0,9 point en novembre, retrouvant un plus bas depuis juillet 2018. Encore plus inquiétant, l’indice IFO des perspectives d’activité a chuté de 1 point sur le seul mois de novembre et de 2,5 points sur les trois derniers mois.
Avec un niveau de 98,7, il n’est certes qu’à un point bas depuis juillet 2018 également, mais montre néanmoins que la baisse du PIB allemand du troisième trimestre 2018 ne sera que faiblement compensée au quatrième.
Allemagne : les perspectives d’activité de l’enquête IFO rechutent fortement.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
Là aussi, nous sommes donc contraints de confirmer nos prévisions de croissance pour l’économie allemande : 1,6 % en 2018 et 1,2 % en 2019.
Dans ce contexte de net ralentissement des deux premières économies de la zone euro, il est clair que cette dernière ne peut que suivre le mouvement. Et ce d’autant que sa troisième économie, l’Italie, est en train de retomber en récession.
Vers une baisse imminente du PIB italien.
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Sources : Eurostat, ACDEFI
Le maintien des taux d’intérêt à dix ans des bons du Trésor italiens entre 3,2 % et 3,6 % agit effectivement comme un frein économique majeur et, comme le montre le graphique ci-avant, annonce un glissement annuel du PIB italien négatif d’ici le début 2019.
Conséquence logique de ces évolutions, l’indice de sentiment économique de l’ensemble de la zone euro a encore perdu 0,2 point en novembre. Ce qui porte à 6,5 points sa chute depuis le début 2018.
Zone euro : la confiance et la croissance continuent de reculer.
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Sources : Eurostat, Commission Européenne, ACDEFI
Et la stagnation du taux de chômage à 8,1 % en octobre ne va évidemment pas arranger la situation. Pire, compte tenu du ralentissement économique actuel, une hausse devrait s’observer au cours des prochains mois.
Le chômage ne baisse plus dans la zone euro.
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Sources : Eurostat, ACDEFI
En conclusion, nous confirmons nos prévisions de croissance pour la zone euro : 1,9 % cette année (principalement grâce aux bons résultats de l’Espagne, de l’Autriche et des Pays-Bas) et 1,2 % en 2019.
Marc Touati