Même si nous n’avons cessé de l’annoncer depuis le début 2018, le net affaiblissement de l’activité qui est en train de se produire dans la zone euro, en Allemagne et en France fait tout de même peine à voir.
En effet, que ce soient les indices Markit des directeurs d’achat, ceux de l’INSEE ou encore de l’IFO, tous les indicateurs avancés de la croissance vont dans le même sens : vers le bas.
Commençons par les indices Markit PMI dans la zone euro d’octobre : – 1,1 point dans l’industrie, – 1,4 point dans les services, avec des chutes de respectivement 8,5 points et de 4,7 points depuis leurs précédents plus haut de la fin 2017-début 2018.
Avec un niveau de 52,1, l’indice PMI de l’industrie de la zone euro atteint désormais un plus bas depuis le mois d’août 2016.
Quant à son homologue dans les services, avec un niveau de 53,3, il se situe sur un plancher depuis octobre 2016.
Voici le fichier pdf :
Zone euro : Que ce soit dans l’industrie ou dans les services, les indices Markit PMI continuent de plonger.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Conséquence logique de ces tristes évolutions, l’indice Markit « composite » a perdu 1,4 point en octobre et 5,4 points depuis janvier 2018.
Avec un niveau de 52,7, il retrouve à 0,1 point près son précédent plus bas de septembre 2016, qui était lui-même un plancher depuis décembre 2014.
Comme le montre le graphique ci-après, sa corrélation avec le glissement annuel du PIB de la zone euro indique que ce dernier pourrait régresser vers 0,5 % d’ici le début 2019.
Vers une croissance eurolandaise de 0,5 % d’ici le début 2019.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Le pire est que si, jusqu’à récemment, la zone euro avait été protégée du fort ralentissement grâce à la résistance de l’économie allemande, cette dernière est désormais, elle-aussi, sur la voie de la sévère décélération.
Et pour cause : en octobre, les indicateurs Markit PMI des directeurs d’achat ont aussi fortement reculé outre-Rhin : – 1 point dans l’industrie et – 2,3 points dans les services.
En Allemagne aussi, les indicateurs Markit chutent.
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Sources : Destatis, Markit, ACDEFI
Dans l’industrie, fer de lance traditionnel de l’économie allemande, l’indice Markit s’est effondré de 10,6 points depuis le début 2018 et atteint aujourd’hui un plancher depuis mai 2016. Des évolutions qui confirment que la croissance allemande pourrait rapidement repasser sous 1,5 %.
Pour ne rien arranger, les indices IFO ont aussi connu un mois d’octobre difficile : – 1,1 point pour l’indice du climat des affaires et – 2,1 points pour celui relatif aux perspectives d’activité.
Les perspectives d’activité de l’enquête IFO repartent en forte baisse.
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Sources : Destatis, IFO, ACDEFI
La situation est encore plus inquiétante en France, où l’indice INSEE du climat des affaires a perdu 1,4 point en octobre, indiquant que la croissance française pourrait prochainement reculer vers 1,2 %.
L’indice INSEE du climat des affaires en France au plus bas depuis février 2017.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Dans l’industrie, la douche est encore plus froide, puisque l’indice INSEE du climat des affaires y a perdu 3,1 points en octobre, tombant à un plus bas depuis novembre 2016.
Pour la première fois depuis juillet 2011, l’indice INSEE dans l’industrie passe sous son homologue des services, à respectivement 104, contre 104,9. Des niveaux qui sont d’ailleurs dans les deux cas loin d’être euphoriques.
Cette dichotomie se retrouve également sur le front des indices Markit des directeurs d’achat qui atteignent 51,2 dans l’industrie (un plus bas depuis septembre 2016) et 55,6 dans les services.
Des niveaux qui confirment que le glissement annuel du PIB français pourrait revenir vers 1 % d’ici le début 2019.
Vers une croissance française d’environ 1 % d’ici le début 2019.
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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI
Toutes ces évolutions sont d’autant plus décevantes et inquiétantes qu’elles tranchent avec le nouveau rebond des mêmes indices Markit des directeurs d’achat aux Etats-Unis.
Avec des niveaux de 55,9 dans l’industrie, 54,7 dans les services et 54,8 pour l’indice « composite », ils montrent que, pendant que la croissance de la zone euro plonge, celles des Etats-Unis reste vigoureuse.
Etonnant non ?
Marc Touati