Croissance : la Chine ralentit et la zone euro plonge.

Comme nous l’annonçons depuis déjà plusieurs mois et encore la semaine dernière dans nos prévisions hebdomadaires, la croissance chinoise a continué de ralentir doucement, mais sûrement.

Ainsi, au troisième trimestre 2018, le glissement annuel du PIB chinois est tombé à 6,5 %, contre 6,7 % le trimestre précédent et encore 6,9 % au deuxième trimestre 2017.

Il n’est désormais plus qu’à 0,3 point de son plancher du premier trimestre 2009. Pour trouver plus bas, il faut ensuite remonter au quatrième trimestre 1999.

Il n’y a certes toujours pas péril en la demeure, mais la décélération de la croissance chinoise commence à devenir conséquente et donc pénalisante pour l’ensemble de l’économie mondiale.

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La croissance chinoise au plus bas depuis le premier trimestre 2009 et le yuan proche de ses planchers de 2008.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Accompagnant ce ralentissement mesuré mais durable de la croissance chinoise, le yuan s’est fortement déprécié depuis le début 2018.

Avec un niveau actuel d’environ 6,93 yuan pour un dollar, il retrouve son précédent plus bas de janvier 2017, qui était lui-même un plancher depuis juin 2008.

Bien entendu, cette dépréciation permettra d’éviter un « hard landing » de l’économie chinoise à moyen terme, mais à court terme, elle pèse sur la confiance et a aussi tendance à maintenir l’inflation sur un niveau élevé.

En septembre, l’inflation chinoise n’est certes pas dramatique, mais demeure néanmoins soutenue : 2,5 % pour les prix à la consommation (contre 2,3 % le mois précédent) et 3,6 % pour les prix à la production.

 

L’inflation chinoise demeure soutenue.

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Sources : NBSC, ACDEFI

De plus, selon les enquêtes Caixin des directeurs d’achat, l’aggravation du ralentissement apparaît inévitable. Et ce, en particulier dans l’industrie, pour laquelle l’indice Caixin des directeurs d’achat a même touché la barre des 50 en septembre, signe annonciateur d’une entrée probable en récession industrielle.

Autrement dit, il est quasiment acquis que le glissement annuel du PIB chinois reculera vers les 6 %, voire en-deçà, d’ici le printemps 2019.

Vers une croissance chinoise de 6 % d’ici le printemps 2019.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

D’ores et déjà, les statistiques relatives à la production industrielle de l’Empire du milieu ont confirmé que cette dernière était de moins en moins dynamique.

En septembre, son glissement annuel est même tombé à 5,8 %, un plus bas depuis février 2016.

Le glissement annuel de la production industrielle chinoise au plus bas depuis février 2016.

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Sources : NBSC, ACDEFI

Fort heureusement, l’évolution des ventes au détail a été bien plus enjouée, ces dernières affichant en septembre un glissement annuel de 9,2 %, contre 9 % le mois précédent et 8,8 % en juillet.

De quoi confirmer que la consommation des ménages est bien devenue le moteur principal de la croissance chinoise, sans pouvoir éviter le ralentissement de cette dernière.

Au total, nous confirmons donc nos prévisions d’une croissance annuelle moyenne du PIB chinois de 6,6 % cette année et 6 % l’an prochain.

Anticipant ce mouvement, la bourse chinoise a déjà fortement reculé depuis la fin janvier 2018.

Depuis son précédent plus haut du 24 janvier 2018, l’indice Shanghai Composite a effectivement chuté de 30,1 %.

Depuis le plafond du 12 juin 2015, son plongeon atteint 51,9 %. Avec un niveau de 2 486 le 18 octobre, il se situait sur un plus bas depuis le 20 novembre 2014.

Et si un rebond correctif de 2,6 % s’est produit le 19 octobre, la tendance de fond reste au repli massif.

Autrement dit, si les bulles boursières commencent seulement à se dégonfler dans le monde développé, celles du monde émergent et notamment de la Chine ont déjà annoncé la couleur depuis plusieurs mois.

Depuis le 24 janvier 2018, l’indice Shanghai Composite a chuté de 30,1 %.

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Sources : NBSC, ACDEFI

En matière de décélération économique, il y a évidemment bien plus grave que la Chine.

Et ce, en particulier du côté de la zone euro, où l’heure n’est plus seulement au ralentissement, mais désormais à la forte chute. En effet, après un léger et temporaire rebond en août-septembre, l’indice ZEW des perspectives d’activité dans l’UEM a fortement rechuté en octobre.

En perdant 12,2 points sur ce dernier mois, il se situe dorénavant à un niveau de – 19,4, soit un plancher depuis août 2012, c’est-à-dire une époque où le glissement annuel du PIB de la zone euro s’effondrait autour de – 1 %.

Zone euro : l’indice ZEW rechute fortement en octobre, tombant à un plus bas depuis août 2012.

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Sources : Eurostat, ZEW, ACDEFI

Comme le montre le graphique ci-dessus, la corrélation entre l’indice ZEW et le glissement annuel du PIB eurolandais indique même que ce dernier pourrait rapidement chuter bien plus bas que – 1 %.

Même si la trajectoire décrite par l’indice Sentix de confiance des investisseurs dans l’UEM est moins sévère, elle confirme néanmoins que la croissance de la zone euro devrait nettement reculer au moins jusqu’au printemps 2019.

L’indice Sentix repart également à la baisse et confirme le net ralentissement à venir de la croissance de la zone euro.

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Sources : Eurostat, Sentix, ACDEFI

En conclusion, même si l’économie américaine continue de surprendre par son dynamisme, le ralentissement ne fait plus aucun doute partout ailleurs.

Que ce soit en Chine, en Inde, en Amérique latine, au Japon et dans la zone euro, la croissance, qui a déjà nettement ralenti depuis le début 2018, va encore fortement reculer au cours des prochains trimestres.

Pour l’instant, il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre-mesure, mais la prudence doit rester de mise.

En d’autres termes, la récession mondiale devrait être évitée, mais la croissance du PIB planétaire passera bien sous les 3 % d’ici le printemps 2019.

Marc Touati