Si le ralentissement de l’économie mondiale se poursuit sans surprise, l’heure est désormais à l’accroissement des disparités face à ce mouvement global. Divergences entre industrie et services mais aussi entre les différents pays et zones de la planète.
Ainsi, tandis que l’activité dans les services résiste tant bien que mal, l’industrie souffre de plus en plus à travers le monde. En juin, l’indice PMI des directeurs d’achat dans l’industrie mondiale a ainsi encore perdu 0,1 point, à 53,0, soit un plus bas depuis juin 2017.
S’il n’y a pas encore péril en la demeure, force est de constater que de plus en plus de pays sont en danger. Dix sont déjà entrés en récession industrielle, trois sont sur le point d’y tomber et quatre s’en approchent dangereusement. Autrement dit, comme le montre le tableau ci-dessous, le « rouge » gagne du terrain.
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L’industrie mondiale souffre de plus en plus.
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Sources : Markit, ACDEFI
Parmi les évolutions les plus inquiétantes, on notera notamment la forte récession industrielle en Turquie, à Hong Kong, mais aussi en Russie, qui n’a donc pas profité d’un effet « Mondial de football ».
Soulignons également que l’industrie chinoise reste très fragile (avec un niveau de l’indice Caixin PMI de 51,0, en baisse de 0,1 point sur un mois et de 0,6 point depuis février).
Cependant, l’activité dans les services (avec un indice Caixin PMI de 53,9, en hausse d’un point sur le seul mois de juin) permet d’éviter toute crainte excessive pour la croissance chinoise, qui, conformément à nos prévisions, devrait bien avoisiner les 6,5 % en moyenne sur l’année 2018.
L’économie chinoise ralentie par l’industrie, mais boostée par les services.
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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI
En revanche, bien loin de cette relative sérénité, la plus mauvaise surprise des enquêtes des directeurs d’achat relatives au mois de juin est venue du Brésil. En effet, après un beau rebond de sa croissance en 2017, puis un net ralentissement au premier trimestre 2018, l’économie brésilienne est en train de retomber dans la baisse de l’activité, voire la récession. Et pour cause : que ce soit dans l’industrie ou les services, les indices Markit des directeurs d’achat sont passés sous la barre des 50, qui, rappelons-le, constitue la frontière entre la progression et le recul de l’activité.
Le Brésil rechute et apparaît de nouveau menacé par la récession.
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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI
Dans l’industrie, l’indice correspondant est ainsi passé de 50,7 en mai à désormais 49,8, soit un plus bas depuis février 2017 et surtout une chute de 3,6 points en trois mois. Dans les services, la situation est encore plus problématique, puisqu’après être déjà tombé à 49,5 en mai, l’indice Markit PMI a chuté de 2,5 points en juin, atteignant un niveau de 47, un plus bas depuis novembre 2017.
Couronnant le tout, l’indice Markit composite est aussi tombé à 47, mais il s’agit cette fois-ci d’un plus bas depuis janvier 2017, à une époque où le glissement annuel du PIB brésilien était de – 0,5 %.
On voit donc mal comment le Brésil pourra éviter le recul de l’activité. D’autant qu’en mai, la production industrielle brésilienne s’est effondrée de 10,9 %. Entre avril et mai, son glissement annuel est ainsi tombé de + 9 % à – 6,6 %, un plus bas depuis octobre 2016.
De l’autre côté du prisme des surprises, il y en a néanmoins une très bonne, en l’occurrence le net rebond des indices Nikkei des directeurs d’achat indiens tant dans l’industrie que dans les services.
Ainsi, après avoir fait craindre le pire en mai en chutant à 49,6, l’indice Nikkei PMI dans les services en Inde a enregistré une remontée impressionnante en juin, atteignant un niveau de 52,6, soit un plus haut depuis juin 2017.
Parallèlement, après avoir atteint 51 en mars dernier, puis s’être stabilisé autour de ce niveau en avril-mai, l’indice Nikkei dans l’industrie indienne a gagné 1,9 point en juin, se hissant à 53,1, un plus haut depuis décembre 2017.
Si l’expérience des années 2016-2017 nous a montré que l’économie indienne demeurait très volatile, et par là même toujours menacée par de violents à-coups, ces bons indicateurs nous indiquent néanmoins que la croissance indienne devrait bien se stabiliser légèrement au-dessus des 6 % sur l’ensemble de cette année.
Après avoir fait craindre le pire, l’économie indienne retrouve enfin de belles couleurs.
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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI
Du côté de la zone euro, les différences observées au niveau mondial transparaissent également : d’abord entre l’industrie et les services, mais aussi entre ses différents membres.
Zone euro : l’industrie décroche, les services s’accrochent.
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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI
Ainsi, déjà annoncé en net repli en première estimation, l’indice Markit des directeurs d’achat dans l’industrie de juin a encore été révisé à la baisse. Avec un niveau de 54,9, il accuse une chute de 5,7 points en six mois et se situe à un plus bas depuis décembre 2016.
A l’inverse, son homologue dans les services a été revu à la hausse, atteignant un niveau de 55,2, soit une augmentation de 1,3 point en un mois et un plus haut depuis février dernier. C’est d’ailleurs la première fois depuis février 2017 que l’indice « services » est supérieur à celui de l’industrie.
Cette amélioration, certainement temporaire, n’est cependant pas suffisante pour stopper le ralentissement de la croissance eurolandaise, qui retombera bien vers 1,5 % d’ici l’automne prochain.
Pays par pays, les enquêtes Markit dans l’industrie sont assez étonnantes. En effet, en juin, les indices ont reculé partout, sauf en Irlande et… en Italie.
Activité dans l’industrie : la France lanterne rouge de la zone euro.
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Sources : Markit, ACDEFI
Bien différemment, la baisse de l’indice français a été aggravée en seconde estimation. Si bien que l’industrie hexagonale est devenue la lanterne rouge de la zone euro, assez loin derrière l’Italie.
Fort heureusement, l’indice dans les services français s’est redressé en juin, compensant en partie la contre-performance de l’activité industrielle.
L’activité dans les services fait mieux que résister dans l’ensemble de la zone euro.
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Sources : Markit, ACDEFI
Pour autant, il ne faut pas rêver, la corrélation entre ces indicateurs avancés de l’activité et le glissement annuel du PIB montre que ce dernier reculera bien vers 1 % d’ici l’automne prochain.
En dépit de la résistance de l’activité dans les services, la croissance française retombera bien vers 1 % d’ici l’automne prochain.
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Sources : INSEE, Markit, ACDEFI
Pour ne rien arranger, le déficit extérieur français s’est encore creusé en mai, atteignant un niveau de 6,01 milliards d’euros sur un mois, un plus haut depuis février 2017.
Le déficit extérieur français se creuse de nouveau.
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Sources : Minefi, ACDEFI
Sur douze mois, le déficit commercial de la France atteint 61,212 milliards d’euros, 1,7 milliard de plus qu’en avril et un plus haut depuis janvier 2018.
Entre une consommation en berne (- 1 % en avril-mai), une production industrielle moribonde et un commerce extérieur déficitaire, la variation du PIB français au deuxième trimestre risque d’être proche de zéro…
Marc Touati