Après la forte chute des indices des directeurs d’achat, de ceux du climat des affaires de l’INSEE et de l’IFO, ou encore des indicateurs ZEW et Sentix, c’est au tour de ceux de la Commission européenne de jeter un froid sur la conjoncture des pays de la zone euro.
En effet, après avoir déjà reculé de 1,9 point en janvier-février, l’indice de sentiment économique pour l’ensemble de l’UEM en a encore perdu 1,5 en mars. Il s’agit de sa plus forte baisse mensuelle depuis janvier 2016.
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Zone euro : l’indice de sentiment économique accélère sa descente.
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Sources : Eurostat, Commission européenne, ACDEFI
Avec un niveau de 112,6, il atteint ainsi un plus bas depuis août 2017. Certes, cet indicateur avancé de la croissance eurolandaise reste encore favorable, mais, comme le montre le graphique ci-dessus, il indique également que cette dernière devrait rapidement revenir vers les 2 %.
D’ailleurs, ce recul de l’indice de sentiment économique s’explique principalement par la nette baisse de l’indice du climat des affaires, qui est passé de 1,48 en février à 1,34 en mars, là aussi un plus bas depuis août 2017.
Fort heureusement, après avoir fortement reculé en février, l’indice de confiance des ménages s’est stabilisé en mars à + 0,1, ce qui a permis de limiter la baisse de l’indice de sentiment économique.
En France aussi, l’indice INSEE de confiance des ménages s’est stabilisé en mars. Cependant, après la baisse historique des mois précédents, le niveau de confiance des Français demeure inquiétant. D’autant que l’indice INSEE du climat des affaires a continué de baisser en mars.
De quoi confirmer que la croissance française va bien reculer vers 1,5 % d’ici l’été prochain.
France : les entreprises et les ménages demeurent particulièrement inquiets.
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Sources : INSEE, ACDEFI
Même aux Etats-Unis, l’indice du Conference Board de confiance des consommateurs a reculé en mars. Cependant, il demeure encore sur des sommets depuis décembre 2000. Il faut dire que la baisse des impôts et un taux de chômage de plein-emploi a de quoi rassurer les particuliers américains.
Malgré une petite baisse en mars, la confiance des ménages américains reste sur des sommets.
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Sources : BEA, Conference Board, ACDEFI
En fait, là où la confiance recule le plus c’est surtout sur les marchés boursiers.
En effet, en dépit du rebond technique pré-week-end pascal, les principaux indices boursiers apparaissent de plus en plus déprimés depuis le mini-krach de début février. Ainsi, depuis leur sommet du 26 janvier dernier, l’indice Dow Jones a chuté de 11,2 % et le Cac 40 de 6,5 %.
Depuis le mini-krach de début février, les marchés boursiers dépriment.
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Source : ACDEFI
Et de la même façon que l’euphorie de 2017 et début 2018 avait été portée par l’envolée des valeurs du numérique, c’est également la dégringolade de ces dernières qui a logiquement entraîné l’ensemble des marchés boursiers dans la défiance.
La palme de la plus « belle » chute revient à l’action Facebook, qui a dévissé de 21,2 % entre le 1er février 2018 et le 27 mars.
Facebook : – 21,2 % en moins de deux mois.
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Source : ACDEFI
Bien entendu, comparativement aux niveaux qui prévalaient début 2017 et a fortiori en 2013, les détenteurs d’action Facebook ont toujours de quoi garder le sourire. Néanmoins, le scandale « Cambridge Analytica » a vraisemblablement commencé à sensibiliser (enfin !) les investisseurs sur le business model et la nécessité de mieux réglementer l’univers de Facebook et plus globalement de l’ensemble des valeurs du numérique.
N’oublions effectivement pas que les Price Earning Ratio des Gafam sont élevés, notamment pour Facebook (25) et Google (31). Qu’adviendra-t-il de leurs bénéfices demain en cas de réglementation plus stricte, notamment d’un point de vue fiscale et sécuritaire ?
Le vertige est encore plus effrayant lorsqu’on observe le PER d’Amazon, qui a atteint dernièrement 312 ! Il faudra bien se réveiller un jour et reprendre le chemin de la rationalité économique.
Amazon : + 457 % en trois ans et un PER de 312 ! Il faut vite redescendre sur terre…
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Source : ACDEFI
Faut-il effectivement rappeler qu’entre le 15 janvier 2015 et le plus haut du 12 mars 2018, l’action Amazon a flambé de 457 % ! Sa capitalisation boursière a alors atteint 768 milliards de dollars, pour un résultat d’au mieux 3 milliards de dollars et un ratio dette/capitaux propres de 111 %.
A l’évidence, si comme le réclame Donald Trump et beaucoup d’autres à travers le monde, la taxation d’Amazon doit être fortement revue à la hausse au cours des prochaines années, il est clair que l’action Amazon est très très chère…
Pour conclure provisoirement cet épisode douloureux pour les fers de lance des Gafam et des licornes en tous genres que sont Facebook et Amazon, il faut bien comprendre que désormais la fête est finie et que le bon sens va enfin reprendre ses droits.
Marc Touati