La croissance mondiale reste appréciable mais fragile.

Une fois encore, les indicateurs des directeurs d’achat à travers la planète ont soufflé le chaud et le froid sur l’avenir de la croissance mondiale. Cette dernière devrait donc continuer d’être appréciable, tout en restant fragile.

Ainsi, en juin, seuls sept pays subissent une récession industrielle, contre neuf le mois précédent et une quinzaine lors de l’été 2016. En revanche, de plus en plus de pays avoisinent la stagnation industrielle, en l’occurrence huit, contre trois en mai.

Au total, l’indice « Monde » des directeurs d’achat a stagné en juin, à un niveau de 52,6, confirmant notre prévision d’une croissance mondiale d’environ 3,3 % cette année.

 

Industrie mondiale : moins de pays en récession, mais davantage proches de la stagnation.

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Sources : Markit, ACDEFI

Dans le détail, les deux locomotives mondiales, que sont la Chine et l’Inde, affichent également des perspectives contrastées.

Certes, dans « l’Empire du milieu », l’indice Caixin dans l’industrie est repassé au-dessus de la barre des 50, à précisément 50,4, contre 49,6 en mai. Il s’agit cependant d’un niveau insuffisant pour permettre de retrouver un franc sourire en matière d’activité industrielle.

De plus, l’indice Caixin dans les services est reparti à la baisse, passant de 52,8 à 51,6. Il n’y a évidemment pas péril en la demeure, mais ce repli de 1,2 point constitue tout de même la plus forte baisse mensuelle depuis février 2016.

De quoi confirmer que la croissance chinoise restera certainement proche des 7 %, mais seulement avec le soutien de plus en plus actif de la Banque centrale chinoise et de la politique budgétaire.

 

 

La croissance chinoise continue de bien résister, mais demeure fragile.

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Sources : NBSC, Caixin, ACDEFI

Même son de cloche du côté de l’économie indienne, qui sort progressivement du « trou d’air » de la fin 2016 et du début 2017, sans retrouver le dynamisme flamboyant.

 

Perspectives contrastées pour l’économie indienne.

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Sources : Mospi, Nikkei, ACDEFI

Ainsi, en juin, alors que l’indice Nikkei des directeurs d’achat dans les services a gagné 0,9 point, à 53,1, son homologue dans l’industrie en a perdu 0,7, se rapprochant de la zone de stagnation à 50,9. Dans ce cadre, il paraît clair que la croissance indienne de 2017 sera plus proche des 6,5 % que des 7 %. Rien de dramatique là aussi, mais tout de même une petite décélération qui retirera 0,03 point à la croissance mondiale.

Pour autant, la vraie déception du mois de juin réside dans la rechute des indices PMI au Brésil. En effet, après quelques mois d’espoir, ces derniers ont nettement baissé en juin : – 1,5 point dans l’industrie à 50,5 et – 1,8 point dans les services à 47,4.

 

Le Brésil n’est toujours pas sorti d’affaires…

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Sources : IBGE, Markit, ACDEFI

En d’autres termes, comme le montre le graphique ci-dessus, la croissance brésilienne restera proche de 0 % au moins jusqu’à l’automne prochain.

 

Les directeurs d’achat américains de nouveau euphoriques.

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Sources : BEA, ISM, ACDEFI

En fait, comme cela s’observe depuis quelques mois, ce sont les pays développés qui ont continué de tirer leur épingle du jeu.

Ainsi, aux Etats-Unis, après quelques mois de doute, les directeurs d’achat ont retrouvé le chemin de l’euphorie. En juin, les indices ISM ont gagné 2,9 points dans l’industrie à 57,8 et 0,5 point dans le secteur non-manufacturier à 57,4. Des niveaux qui pourraient annoncer une croissance américaine proche de 3 % d’ici la fin de l’année 2017.

Cependant, l’expérience récente a montré qu’un décalage assez net pouvait s’observer entre le dynamisme de ces indicateurs avancés et la réalité de la croissance. La prudence doit donc rester de mise et c’est pourquoi nous maintenons, pour le moment, notre prévision d’une progression annuelle moyenne du PIB américain de 2,1 % pour 2017.

Même circonspection du côté de la zone euro. D’autant que les indices des directeurs d’achat sont moins euphoriques qu’outre-Atlantique.

Ainsi, en dépit d’une révision haussière par rapport à la première estimation, l’indice Markit PMI dans les services a reculé de 0,9 point en juin, à 55,4. Ajouté aux 57,4 atteints par l’indice dans l’industrie, cela devrait permettre à la croissance eurolandaise de se stabiliser autour des 2 %, mais pas beaucoup plus.

 

La croissance eurolandaise pourrait se stabiliser autour des 2 %.

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Sources : Eurostat, Markit, ACDEFI

Et ce, d’autant que le taux de chômage dans la zone euro a désormais de plus en plus de mal à reculer. En mai, il s’est ainsi stabilisé à 9,3 %. C’est évidemment bien mieux que les 12 % qui prévalaient en 2013, mais encore très insuffisant pour permettre l’avènement d’un cercle vertueux de croissance.

Autrement dit, avec un tel taux de chômage, la consommation des ménages ne pourra pas retrouver un fort dynamisme, limitant de facto la croissance économique globale.

 

En mai, le taux de chômage eurolandais stagne à 9,3 %.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Et malheureusement, comme cela s’est souvent observé ces dernières années, la France s’est tristement distinguée, dans la mesure où elle est le seul pays de l’UEM (avec l’Italie) qui subit une hausse de son taux de chômage en mai.

Celui-ci est ainsi passé de 9,5 % à 9,6 %, soit 0,3 point de plus que la moyenne de la zone euro et 5,7 points de plus qu’en Allemagne.

 

France : le taux de chômage repart déjà à la hausse.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Mais si nous sommes « habitués » à de tels écarts avec la zone euro, l’Allemagne, ou encore le Royaume-Uni, le mois de mai a consacré une nouveauté dont nous nous serions bien passés.

Ainsi, pour la première fois depuis juillet 2006, le taux de chômage de la France est supérieur à celui du Portugal, qui est tombé à 9,4 % en mai. « Heureusement » que l’Italie est là pour nous permettre de « sauver la face »…

 

Pour la première fois depuis juillet 2006, le taux de chômage français dépasse celui du Portugal.

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Sources : Eurostat, ACDEFI

Surtout, il faut se souvenir qu’en janvier 2013, le taux de chômage portugais dépassait de 7,2 points celui de la France. Autrement dit, lorsqu’un pays a le courage de réformer son marché du travail et son économie au sens large, ça marche ! A l’inverse, lorsqu’un pays choisi l’immobilisme, ça fait mal!

Espérons que les nouveaux dirigeants français le comprendront. Malheureusement, à l’écoute des dernières déclarations de MM. Macron et Philippe, on peut clairement en douter…