Après avoir été élu Président de la République française, Emmanuel Macron est donc sur le point de réaliser un raz-de-marée à l’Assemblée Nationale. Bravo ! Mais une question demeure : va-t-il engager la France dans une véritable « thérapie de choc bienveillante », dont elle a absolument besoin, ou alors va-t-il réaliser des réformettes et devenir ce que certains craignent encore, à savoir un « Hollande bis » ? En cas de besoin, nous lui rappelons ci-après qu’en dépit des apparences récentes, l’économie française reste au bord du gouffre et ne pourra pas supporter une nouvelle déception. Voilà donc les cinq catégories de mesures à prendre d’urgence pour (enfin !) sauver notre « douce France ».
- Baisser la pression fiscale pour tous, les entreprises et les ménages, de façon claire, notamment en réduisant le taux de l’impôt sur les sociétés (vers les 20 %) et la CSG, qui, souvenons-nous, était un impôt temporaire créé en 1991… En abaissant cette taxe généralisée (c’est-à-dire que tout le monde paie) de 3 points, cela produirait un coup de pouce de pouvoir d’achat de 30 milliards d’euros pour tous les Français. Par la même occasion, cela créerait un boom de confiance, qui pourrait faire accepter plus facilement la baisse de la dépense publique, qui constitue notre deuxième mesure phare. Malheureusement, M. Macron se dirige vraisemblablement vers une augmentation du taux de CSG, qui, en dépit d’une baisse des charges qui pèsent sur les salaires, ne manquera pas d’affaiblir le pouvoir d’achat global, mais aussi la confiance, tout en augmentant les déficits publics. Le premier ministre a d’ailleurs déjà avoué que les objectifs de réduction de ces derniers ne seront pas tenus. Aie, ça commence mal… D’autant qu’il faudra absolument engager notre deuxième vague de mesure en l’occurrence :
- Optimiser la dépense publique, notamment en réduisant les dépenses de fonctionnement. Car attention, baisser les dépenses d’investissement et/ou de santé serait contre-productif. Il faut au contraire s’attaquer aux dépenses de fonctionnement (le fameux mille-feuilles administratif) qui ont augmenté de 100 milliards d’euros au cours des douze dernières années. Si un tel dérapage ne s’était pas produit, le poids des dépenses publiques serait ainsi de 50 % du PIB. Autrement dit, réduire la dépense publique ne signifie pas rogner sur les missions de service public mais améliorer et optimiser ce dernier. La dépense publique deviendra alors plus féconde en création de richesses, ce qui permettra de faire baisser automatiquement le ratio dépenses publiques / PIB, via une réduction opportune du numérateur et une augmentation du dénominateur…
- A côté de la réduction des impôts pour tous et de l’optimisation des dépenses publiques, il sera également indispensable de réduire le coût du travail, non pas évidemment en abaissant les salaires, mais en réduisant d’au moins 15 % les charges qui pèsent sur ces derniers. Cela permettra alors d’augmenter les salaires nets et donc d’améliorer le pouvoir d’achat des ménages. De quoi là aussi relancer la confiance des Français dans la politique économique nationale. Pour y parvenir, il serait possible de transférer une partie des charges qui pèsent sur les salaires vers la TVA, mais, attention, sans augmenter le taux de cette dernière. Car sinon cela viendrait grever le pouvoir d’achat et amoindrir la confiance.
- Pour parfaire ces trois évolutions indispensables, la France devra également moderniser son marché du travail. Cela passera notamment par les mesures que nous avons explicitées dans notre « humeur » de la semaine dernière.
- Enfin, dans cette France modernisée, il faudra également favoriser le financement des entreprises et de l’innovation, notamment en assouplissant les règles prudentielles qui pèsent sur les banques et en facilitant la création de fonds d’investissement.
Ces mesures ne sont pas ultra-libérales, ni destructrices, mais simplement de bon sens économique, pour peu qu’elles soient expliquées et mises en place avec pédagogie, déontologie et transparence.
Dans ce cadre, si elles sont mises en place, la croissance structurelle de l’économie hexagonale pourra retrouver la barre des 2,5 % à l’horizon 2018. Dès lors, le solde des comptes publics se rapprochera de l’équilibre, se dirigeant même vers un léger excédent pour 2020. Le premier excédent depuis 1974 ! Parallèlement, le ratio dette publique/PIB reculera significativement sous les 80 %. Les taux d’intérêt des obligations d’État demeureront faibles, soutenant par là même la croissance et l’investissement.
Mieux, compte tenu de la baisse de la pression fiscale, les exilés fiscaux d’hier reviendront sur leur terre d’origine et la France deviendra l’une des premières terres d’accueil des investissements étrangers. À tel point qu’elle se permettra de refuser des fonds jugés insuffisamment éthiques. De par ce retour en grâce de la croissance et de l’investissement, les créations d’emploi progresseront fortement et le chômage chutera, glissant progressivement vers son niveau de plein-emploi, en l’occurrence 6,5 %. Une augmentation massive des revenus et du pouvoir d’achat s’ensuivra, permettant à la consommation de retrouver son rôle de moteur puissant et inébranlable de l’économie nationale.
La cote de popularité des dirigeants du pays augmentera encore et les partis extrémistes s’effondreront définitivement. Sur la scène internationale, l’image de la France sera redorée. Elle apparaîtra effectivement comme un pays courageux, capable d’engager des réformes structurelles difficiles, tout en reprenant rapidement la voie de la croissance forte et du chômage faible. Elle retrouvera alors son rôle de locomotive économique et politique au sein de l’Europe, reléguant les Allemands et les Anglais au rang de spectateurs admiratifs…
Si, pour le moment, il ne s’agit là que d’un rêve, espérons que les nouveaux dirigeants du pays auront le courage d’engager la France sur la voie de la rédemption. Mais attention, notre thérapie de choc bienveillante doit être appliquée rapidement. En 2018, il sera effectivement trop tard. Et le pire deviendra inévitable.
Marc Touati