L’être humain est ainsi constitué que, trop souvent, il ne comprend la gravité de la situation que devant le fait accompli. Autrement dit, en dépit des alertes et des avertissements, il préfère s’enfermer dans le déni de réalité pour ne réagir que lorsqu’il est déjà trop tard. Ainsi, depuis une quinzaine d’années et dans un souci de sauver l’Europe, de nombreux économistes, analystes et politologues en tous genres n’ont cessé de mettre en avant les ratés de la construction européenne et les dangereux manquements de la zone euro. Pour ma part, j’ai, par exemple, constamment dénoncer une politique trop monétariste de la part de la BCE, qui a sacrifié la croissance et l’emploi sur l’autel d’une inflation imaginaire. Cette stratégie destructrice et suicidaire n’a pris fin qu’avec l’arrivée de Mario Draghi à la tête de la BCE en novembre 2011, c’est-à-dire presque treize ans après la création de l’Union Economique et Monétaire (UEM). Quel gâchis et que de temps perdu ! Parallèlement, je n’ai cessé de défendre, avec de nombreux autres, que la zone euro ne pourrait perdurer qu’avec l’instauration d’une véritable zone monétaire optimale, c’est-à-dire avec l’harmonisation des conditions fiscales, réglementaires et la création d’un budget fédéral européen. Dans « Quand la zone euro explosera » (Editions du moment, 2012), j’ai même écrit que sans ces réalisations, l’UEM finirait par disparaître à l’horizon de la décennie 2020. Et malheureusement, comme rien n’a été fait, cette explosion devient de plus en plus probable. Sans attendre ce funeste scénario, le Royaume-Uni a dernièrement envoyé un signal fort, puisque non seulement sa population a décidé de quitter l’Union européenne, mais, au surplus, Theresa May a engagé son pays dans un « hard Brexit ». Dans le sillage de ces annonces tonitruantes, le Président Trump n’a pas hésité à féliciter les Britanniques pour leurs choix, à dénoncer les échecs de l’Union européenne et à vilipender Angela Merkel sur sa politique migratoire. Oui, le monde qui nous a vu naître a définitivement disparu. Les Anglais et les Américains l’ont compris et sont prêts à transformer radicalement leurs structures économiques pour affronter le nouveau monde. Il serait temps que les Eurolandais et les Français le comprennent et en fassent de même. Sinon, des choix extrémistes et dévastateurs pourraient finir par l’emporter, suscitant une nouvelle crise majeure, qui pourrait bien marquer la fin de la zone euro et de l’Union européenne. Et, à ce moment-là, il sera vraiment trop tard…
Brexit dur et hard Trump : la fin d’un monde s’accélère…
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