Alstom : quand l’Etat gère, ça rame…

Après la quasi-faillite de 2004, les différents soubresauts économiques et boursiers au cours des dix années qui ont suivi, puis la vente de ses activités « énergie » à General Electric en 2014, le fleuron technologique français Alstom revient sur le devant de la scène au sein d’un psychodrame économico-socialo-politique. A chaque fois, les ingrédients sont quasiment les mêmes. Des erreurs stratégiques, un carnet de commandes français trop faible et bien sûr l’intervention de l’Etat, qui, comme d’habitude, se perd en considération politicienne, met de l’huile sur le feu et finit par affaiblir sa crédibilité et la bonne marche de l’entreprise. On l’a peut-être déjà oublié mais lorsqu’en 2014, General Electric se porte acquéreur à très bon prix de la partie « énergie » d’Alstom, le gouvernement français et son ministre de l’économie de l’époque M. Montebourg sont contre. Fort heureusement, en dépit des acrobaties et des pressions gouvernementales, Alstom a choisi General Electric, ce qui lui a permis de récupérer 3 milliards d’euros de cash et de se concentrer sur sa filière « transport », la seule véritablement rentable. Seulement voilà, 80 % du chiffre d’affaires du nouvel « Alstom » est effectué à l’étranger. Or, dans le secteur ferroviaire, la production est généralement réalisée sur les sites d’exploitation. Dans ce cadre, si les commandes françaises adressées à Alstom se réduisent, l’activité de ses usines françaises en fait de même. C’est notamment le cas pour le site de Belfort, qui ne cesse d’ailleurs de faire l’objet de toutes les inquiétudes depuis plus de dix ans. Laisser croire que l’Etat français vient de découvrir le « pot aux roses » tient donc de la supercherie. Mais à l’image du patriotisme mal placé de Montebourg en 2014, les dirigeants actuels rééditent le même acte de mauvaise foi. « Hors de question que le site de Belfort ferme » a déclaré M. Valls. « Tout sera fait » pour maintenir le site de Belfort « pour de nombreuses années » a renchéri M. Hollande. A croire que des commandes publiques vont tomber du ciel pour permettre de produire des motrices et autres sur le site de Belfort. Mais avec quels moyens ? C’est dans ce type de situation que le dérapage incontrôlée de la dette publique prend toute son ampleur…