Triste hasard ou malheureuse coïncidence : que ce soit en matière de football ou de croissance, la France n’a plus rien gagné depuis 2000. De là à imaginer qu’une victoire à l’Euro 2016 aurait changé la donne de l’économie française, il y a néanmoins un fossé à ne pas traverser. Certes, en 1998-2000, tout paraissait formidable puisqu’en plus de ses exploits footballistiques, l’Hexagone retrouvait enfin le chemin de la croissance forte, après huit ans d’errance dans l’atonie économique. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : alors qu’il n’avait progressé en moyenne que de 1,4 % par an de 1991 à 1997, le PIB français a brusquement bondi de 3,6 % en 1998, puis de 3,3 % en 1999 et enfin de 4,0 % en 2000. A l’évidence, nous ne sommes pas près de retrouver de telles performances. C’est d’ailleurs ce qui a amené certains esprits étriqués à laisser croire que si la France a connu une vigueur économique si impressionnante, c’est grâce à sa victoire au Mondial 1998, puis à celle de l’Euro 2000. Dans ce cadre, certains, notamment du côté de Matignon et de l’Elysée (mais pas seulement), se sont mis à rêver à un nouveau triomphe français à l’Euro 2016, qui aurait pu faire oublier tous les échecs économiques et politiques récents, puis relancer la confiance, donc la croissance et, enfin, faire baisser fortement et durablement le chômage. Malheureusement, les Bleus ont perdu en finale, mais, n’ayons aucun regret, car si cette corrélation foot-économie peut apparaître plaisante, elle est pourtant complètement erronée. Certes, l’Euro 2016 de foot est bien tombé à pic pour occuper les esprits et monopoliser la scène médiatique pendant quelques semaines. Les buts, les cartons jaunes, les « ola » et autres coups francs ont donc pu remplacer les vicissitudes de la « Loi Travail », les blocages sociaux, ou encore la piètre crédibilité des dirigeants français en matière de restauration de la croissance et d’assainissement des comptes publics. Seulement voilà, la fête est déjà finie : et si l’arrivée des Bleus en finale reste une belle réussite, elle n’a évidemment pas effacé les réalités économiques hexagonales qui ont d’ailleurs déjà repris le dessus : croissance molle, chômage toujours élevé, déficits publics plus lourds qu’annoncé par le gouvernement, tensions sociales exacerbées,… Bref, bravo et merci les Bleus et dommage que les dirigeants politiques français restent toujours loin de vos performances…
Foot et croissance : depuis 2000, la France reste bredouille.
- Croissance mondiale : peut mieux faire…
- Des indicateurs avancés inquiétants…