Avec la reprise française, c’est un peu comme avec le conte de « Pierre et le loup ». A force d’être annoncée en vain, lorsqu’elle arrive (peut-être enfin), personne n’y croit… Depuis 2010, les dirigeants politiques français ont effectivement tout essayé : « la crise est finie », « la reprise est là », « le chômage va fortement baisser » et plus dernièrement « ça va mieux ». Autant d’annonces qui participaient principalement à une méthode Coué renforcée par de nombreux effets marketing, mais qui n’ont finalement pas été suivis d’effets concrets. Du moins jusqu’à la semaine dernière. Car, attention, cette fois « c’est sûr », l’économie française semble vraiment sortir du tunnel si l’on en croit d’un côté les chiffres de la DARES, qui annoncent une forte baisse du nombre de chômeurs en mars et, de l’autre côté, l’INSEE qui a publié des comptes nationaux du premier trimestre 2016, disons-le, exceptionnels ! Mais, au risque de faire de la peine à notre Président de « la reprise est là », cette baisse du chômage est artificielle, pour ne pas dire fallacieuse. Elle ne correspond simplement qu’au début des postes de « formations » des chômeurs, qui consistent à faire passer ces derniers de la catégorie A à la catégorie D ou E. Notons d’ailleurs que, dans ces deux catégories, on compte 1 600 chômeurs de plus sur le même mois de mars. Ne cherchez plus l’erreur, vous l’avez trouvée… Plus globalement, même si nous ne voulons pas remettre en question les calculs de l’INSEE, il faut admettre que la croissance forte des derniers trimestres tranche avec les données de toutes les enquêtes, notamment celles des directeurs d’achat interrogés par Markit, mais aussi celles de l’INSEE auprès des chefs d’entreprise et des ménages. Autrement dit, selon les chiffres officiels, la reprise est là, mais les Français sont las… En fait, compte tenu des dérapages sociaux passés et à venir dans l’Hexagone, du ralentissement de la croissance mondiale, mais aussi des risques internationaux, tels que le retour de la crise grecque, l’occurrence d’un Brexit, la remontée intempestive de l’euro/dollar, ou encore le renchérissement progressif du pétrole et des matières premières, il est clair que la probabilité d’une rechute de la croissance française augmente rapidement et massivement…
La reprise est là, mais les Français sont las…
- Une conjoncture toujours très fragile, en particulier en France.
- La fragilité perdure.