« Couvrez ce sein, que je ne saurais voir. Par de pareils objets les âmes sont blessées, Et cela fait venir de coupables pensées. » Cette tirade du Tartuffe de Molière a beau dater de 1664, elle ne cesse d’être d’actualité, en particulier dans un monde dominé par le marketing et les faux semblants. Dernier exemple en date : la « tartuffade » des politiques, notamment français, qui font mine de découvrir que le Panama est un paradis fiscal. Soyons donc sérieux et arrêtons de nous voiler la face : il existe aujourd’hui une cinquantaine de paradis fiscaux à travers le monde. Certains paradis fiscaux sont d’ailleurs des pays développés, notamment Singapour et la Suisse, et d’autres font même partie de la zone euro, en l’occurrence le Luxembourg et l’Irlande. Et oui, on l’oublie trop souvent, mais selon la définition officielle de l’OCDE, un paradis fiscal est un « pays ou territoire à fiscalité réduite ou nulle, c’est-à-dire où le taux d’imposition est jugé très bas en comparaison avec les niveaux d’imposition existant dans les pays de l’OCDE ». Selon cette considération, on pourrait donc même y inclure le Royaume-Uni, voire le Portugal. Si l’on pousse le raisonnement à l’extrême, dans la mesure où la France est l’un des pays au monde où le taux de prélèvements obligatoires est le plus élevé, cela signifie donc que, pour un Français, la quasi-totalité des pays de la planète sont des paradis fiscaux. Nous touchons là au nœud du problème car si les paradis fiscaux sont si nombreux c’est avant tout parce qu’il existe des enfers fiscaux ! En d’autres termes, si nous réduisons massivement la pression fiscale en France, les paradis fiscaux n’auront plus lieu d’être car le jeu n’en vaudra pas la chandelle. Il faut donc arrêter de faire croire que tous nos maux sont dus aux paradis fiscaux, arrêter également de liguer les Français les uns contre les autres et d’attiser la lutte des classes. Le seul moyen de sortir la France du marasme est, au contraire, de réduire la pression fiscale qui pèse sur les ménages et les entreprises. Si les dirigeants français s’obstinent à faire le contraire et à stigmatiser les Français qui ont réussi et qui paient donc beaucoup d’impôts, alors il faut se préparer à un véritable exode fiscal qui coûtera très cher à notre beau pays et ce pendant de très nombreuses années.
Cachez ce paradis fiscal que je ne saurais voir…
- L’activité reste moribonde.
- Le « soft landing » mondial se confirme.