C’est bien connu : lorsque les êtres humains sont perdus, ils regardent vers le ciel et cherchent des solutions pour retrouver leur chemin. De même, en économie et sur les marchés financiers, lorsque rien ne va plus et que les boussoles usuelles ne fonctionnent pas, il est fréquent de se retourner vers les astres. Malheureusement, ce comportement un peu désespéré est souvent de mauvais augure. Ainsi, l’an passé, pour essayer de se réconforter, les Eurolandais ont mis en exergue le fameux « alignement des planètes », censé leur permettre de retrouver la voie de la croissance forte. Il s’agissait effectivement de la conjonction de cinq éléments particulièrement favorables : la baisse des cours des matières premières, et notamment du pétrole, la dépréciation de l’euro, la baisse des taux d’intérêt des obligations d’Etat, l’avènement d’un taux refi de la BCE de 0,05 % et, enfin, la « planche à billets » de la même BCE, qui, depuis mars 2015, injecte 60 milliards d’euros chaque mois dans le circuit financier. Grâce à ces exceptionnels « cadeaux du ciel », la croissance eurolandaise et celle de la France auraient donc dû flamber. Selon nos calculs, ces cinq éléments avaient le pouvoir de doper celles-ci vers les 3 %. Magnifique ! Seulement voilà, bien loin de ce niveau potentiel, la croissance n’a été que de 1,1 % dans l’Hexagone et d’au mieux 1,5 % dans la zone euro. Et ce, pour la simple raison que la croissance structurelle de la France et de la zone euro n’est que d’environ 0,7 %. Pire, à présent que les planètes se désalignent, que les effets positifs de la faiblesse des taux d’intérêt monétaires et obligataires et de la planche à billets s’émoussent, se noyant dans une « trappe à liquidités » déconcertante, les économies de la France, de la zone euro et de l’ensemble de ses membres ne pourront que ralentir en 2016. Pour ne rien arranger, elles pâtiront également du ralentissement de la croissance mondiale, et notamment de celle des pays émergents, à commencer par la Chine, qui n’a plus la force de croître à un rythme supérieur à 6,5 %. Ce qui nous amène de nouveau dans les étoiles, ou plutôt dans l’astrologie, puisque, selon le calendrier chinois, l’année qui va débuter le 8 février 2016 sera celle du singe de feu. Tout un programme !
Le singe de feu c’est dangereux…
- Croissance française : journal de la mi-journée sur RTL.
- La croissance de la zone euro se stabilise autour de 1,5 %.