La bourse a tourné la page de la crise !

Les dividendes versés aux actionnaires sont en forte hausse. La Bourse a-t-elle effacé la crise ?

Effectivement, je crois que la Bourse est en train de tourner une page. Mais attention! si les dividendes versés aux actionnaires ont augmenté de 43 %, il faut bien voir que cette hausse se passe sur quatre ans. Le mouvement remonte donc à 2009, année où la crise a été la plus dure. Il s’est donc opéré un rattrapage par rapport à un point bas durant lequel les dividendes étaient pour beaucoup tomber à zéro.

Comment expliquer ce retour en grâce ?

La Bourse a effacé la crise tout simplement parce que la croissance mondiale repart. Nous nous situons aujourd’hui sur un rythme de 3,5 % par an en moyenne. L’économie mondiale a largement rebondi. Mécaniquement les actions en Bourse retranscrivent ce mouvement de hausse et les dividendes aussi.

Pourtant la croissance n’est toujours pas revenue en France…

C’est bien tout le paradoxe français. La croissance n’est pas au rendez-vous et les grandes entreprises françaises distribuent des dividendes. L’explication tient au fait que 80 % des profits réalisés par les sociétés cotées du CAC40 sont réalisés hors de France. Les quarante entreprises françaises reflètent simplement la reprise économique mondiale.

Est-ce que ce phénomène sera bien compris du grand public ?

Je crains que non vu le faible niveau de culture économique en France. Certains seront vite tentés de pratiquer des raccourcis hasardeux sur la «bonne» santé des entreprises alors que les Français ne voient toujours pas la reprise. Il faut expliquer aux Français que le dividende est la rémunération d’un risque. Quand on achète une action, on prend le risque de tout perdre. Pas comme quand on verse de l’argent sur un livret A !

Quand est-ce que la Bourse de Paris profitera de la reprise française ?

C’est tout le problème : on voit que le monde entier redémarre mais pas la France. Nous sommes les d’une des dernières roues du carrosse. La seule solution est de mener des réformes de structure car nous sommes les seuls à ne pas avoir réformé. Cette absence d’action politique se traduit d’ailleurs dans le niveau de l’indice boursier parisien. Il est 50 % inférieur à l’indice allemand. La Bourse de Paris accuse le retard des réformes françaises.

Le pacte de responsabilité et la réduction des dépenses de 50 milliards sont pourtant bien des réformes ?

Nous n’en sommes qu’à des incantations. Cela fait trente ans qu’on promet aux entrepreneurs le grand soir de la réforme économique et rien ne se passe. Le pacte de responsabilité et la coupe de 50 milliards dans les dépenses sont du marketing politique qui lasse les marchés financiers. Ces derniers attendent des actes.

Les entreprises vont pourtant bien réinvestir leurs profits…

Bien sûr ! Une partie sera reversée aux actionnaires mais la moitié servira à financer les investissements. Mais ces profits seront pour beaucoup réinvestis à l’étranger. L’économie tricolore n’en profitera qu’à la marge.

Est-ce le moment pour les particuliers de revenir en Bourse ?

En général quand on dit qu’il faut revenir en Bourse, il est déjà trop tard. En 2014, les indices boursiers progresseront de 5 à 10 % mais réaliser des allers-retours sur certaines valeurs peut s’avérer risqué. Je privilégierais les secteurs des hautes technologies en sélectionnant au cas par cas les entreprises les plus innovantes et les plus internationalisées.