Ah la reprise… A peine a-t-elle fait son apparition qu’elle a déjà disparu. Telle pourrait être la synthèse de la première version des comptes nationaux de la France au troisième trimestre 2013. En effet, après avoir reculé de 0,4 % du deuxième trimestre 2012 au premier de 2013, puis avoir rebondi de 0,5 % au deuxième, le PIB français a rechuté de 0,1 % au troisième.
Bien entendu, cela aurait pu être pire. Pour autant, le détail des chiffres a de quoi inquiéter. Et pour cause : en retirant la contribution de la formation de stocks, variable ô combien artificielle, le PIB français a en fait chuté de 0,6 % au troisième trimestre. En d’autres termes, en dehors d’un mouvement de restockage technique, l’économie française reste bien ancrée dans une léthargie dangereuse.
Pis, à côté d’une consommation sous perfusion qui n’a progressé que de 0,2 % au troisième trimestre, l’investissement s’est de nouveau effondré de 0,6 %, une contre-performance identique pour l’investissement des entreprises et celui des ménages. Cela fait désormais sept trimestres consécutifs que l’investissement recule dans l’Hexagone.
Le France demeure donc bien engoncée dans le cercle pernicieux « désinvestissement-chômage-croissance zéro ». La nouvelle baisse de l’emploi de 0,1 % au troisième trimestre ne fait d’ailleurs que confirmer ce triste état des lieux. Pour retrouver une variation positive de l’emploi dans le secteur marchand, il faut même remonter au deuxième trimestre 2011. Dans ces conditions, le chômage va malheureusement continuer d’augmenter, alimentant la morosité ambiante, notamment sur le front de la consommation.
Que dire enfin des exportations qui se sont affaissées de 1,5 %. Le problème est que la vigueur de ces dernières était la pierre angulaire des prévisions de reprise du gouvernement…
Plus globalement, avec un acquis de seulement 0,1 % au sortir du troisième trimestre, la croissance annuelle du PIB français devrait bien avoisiner le zéro pointé en 2013. Il faut donc admettre la triste réalité : le taux de chômage va se rapprocher des 12 % en 2014, le déficit public va rester supérieur à 4 % du PIB et la dette publique atteindra les 100 % du PIB.
En conclusion, avec des prix à la consommation qui ont encore reculé de 0,1 % en octobre (soit un glissement annuel de 0,6 %), la France est non seulement menacée par la stagnation, le chômage de masse, mais aussi par la déflation et, in fine, la crise sociale. Bon courage à tous !
Marc Touati