Hollande : le choc de mystification ?

François Hollande est sur la forme un excellent communicant. Calme, posé, il a un grand sens de l’humour et un solide sens de la répartie. Il s’agit indéniablement de qualités extrêmement utiles pour conquérir le pouvoir mais aussi pour l’exercer. D’ailleurs, ce n’est un secret pour personne, le chef de l’Etat affectionne particulièrement les « grands messes » types conférences de presse, durant lesquelles il a le loisir de faire son numéro devant une multitude de journalistes qui l’abreuvent de questions. En revanche, il n’est pas du tout friand – et c’est un euphémisme – des figures imposées comme la traditionnelle intervention présidentielle du 14 juillet. Hollande redoutait d’autant plus la « cuvée 2013 » qu’il n’avait rien à annoncer de nouveau tant sur le plan intérieur qu’à l’international. Le système français est ainsi fait que l’élection du président de la République au suffrage universel génère d’énormes attentes qui reposent sur les épaules d’un seul homme. Le Président doit être l’homme providentiel, le « super héros » qui dispose en apparence d’une multitude de pouvoirs et en qui les Français placent tous leurs espoirs.

Contraint de délaisser son costume d’homme normal pour celui de « superman», François Hollande s’est attaché à faire ce qui le caractérise depuis son élection : rassurer le peuple. Il est donc retombé dans l’incantation, la méthode Coué, l’injection d’optimisme à haute dose. Il s’est même un instant transformé en pilule temesta en osant affirmer : « La reprise est là ». Malheureusement pour lui, c’est la méprise qui est là car la reprise économique ne se décrète pas et les « frémissements » dont il parlait provenaient davantage de son auditoire que de la conjoncture. Les partisans de la méthode Hollande avancent qu’il ne faut pas déprimer davantage les Français mais au contraire encourager la consommation et l’investissement en positivant… En d’autres termes, en distillant de l’optimisme et de la confiance, on générerait des prophéties auto réalisatrices et une certaine dynamique… Certes, s’il est important de ne pas être défaitiste et de ne jamais baisser les bras en période de crise, il est en revanche contre-productif voire dangereux d’avancer des contres vérités, notamment sur le plan économique.

A son crédit, même si cela ne constitue aucunement une excuse, Hollande ne fait que pérenniser des pratiques déjà largement utilisées par ses prédécesseurs. Ainsi, Mitterrand, Chirac et plus récemment Sarkozy ont pris de grandes libertés avec la réalité. Sarkozy avait commencé à faire des effets de manche et de la démagogie dès son arrivée place Beauvau, pour continuer pendant sa campagne présidentielle et surtout pendant son quinquennat. Marketing, effets d’annonce, séduction, l’ex- chef de l’Etat estimait que la perception des choses par les Français était plus importante que leur réalité. On en a vu le résultat pour lui-même ainsi que pour la France…

Malheureusement, le retour du boomerang risque d’être sévère. Il semble en effet que Hollande se soit transformé en « Kaa » le serpent hypnotiseur du livre de la jungle qui répétait inlassablement : « Aie confiance ». Il a juste oublié que les Français avalent trop de couleuvres et ce, depuis trop longtemps…

 

La phrase de la semaine :

«Ce n’est pas l’UMP qui a besoin de Sarko, c’est Sarko qui a besoin de l’UMP pour rembourser. » Jean François Copé.

 

rôme Boué