Le retour de la machine à perdre à droite ?

Ce nouveau psychodrame à l’UMP à l’occasion des primaires pour la mairie de Paris nous rappelle que la droite se déchire depuis maintenant près de quarante ans. Rappelons-nous du choc entre Valéry Giscard d’Estaing et son Premier ministre Jacques Chirac qui démissionna en 1976. Humilié en permanence par le monarque VGE, « n’ayant plus les moyens d’exercer pleinement ses fonctions », Chirac claqua la porte avec fracas. Le RPR allait naître. Cette rivalité entre les deux hommes allait devenir dévastatrice puisque Chirac appela en sous-main à voter Mitterrand à l’élection présidentielle de 1981, privilégiant alors son intérêt personnel au détriment de la victoire de son camp. Par la suite, deux courants au sein de l’opposition donnèrent naissance à deux candidatures à la présidentielle de 1988 (Barre et Chirac), avec les résultats que l’on connaît.  

Vint également le temps des rénovateurs, ces douze jeunes députés de l’opposition (six RPR et six UDF) qui remettaient en question la capacité à gagner de leurs leaders (Barre, Chirac, Giscard). Chirac réussit toutefois à passer l’épreuve mais le répit ne fut que de courte durée. En effet, la « trahison » de Balladur qui décida de se présenter à l’élection présidentielle de 1995, rompant ainsi le pacte qu’il avait fait avec le Maire de Paris, fut une secousse sismique de force 10 à droite. Le choc fut terrible et Sarkozy, alors Ministre du Budget, ne ménagea pas sa peine afin de rallier un maximum de personnalités et de proches de Chirac au son du : « Tu es avec nous ou contre nous ». La guerre fut totale, d’ailleurs, Chirac ne pardonna jamais sa trahison à Sarkozy. Après lui avoir fait subir une très longue traversée du désert, il l’utilisa comme un mal nécessaire pendant son second mandat mais ne le nomma jamais à Matignon. Villepin était son favori et la guerre entre les trois hommes issus de la même famille politique sera d’une rare violence au plus haut niveau de l’Etat.

 

Aujourd’hui, les tensions et les querelles de chapelles au sein de la droite sont toujours aussi vives, à l’image de l’affligeante confrontation entre Fillon et Copé lors de l’élection pour la présidence de l’UMP en novembre 2012. Ne nous y trompons pas, l’accord qui vient d’être conclu entre les deux hommes ne règlera rien, et la guerre pour le pouvoir suprême sera sans merci. Pour rendre la situation encore plus complexe, l’hypothèse d’un possible retour de Nicolas Sarkozy devient de plus en plus probable. Si Copé a été très clair sur le fait qu’il s’effacerait en cas de retour de l’ancien président, Fillon a été tout aussi clair en affirmant qu’il se présenterait quoi qu’il advienne. Une guerre froide s’est donc instaurée entre l’ex-Président de la République et son ancien Premier ministre, et si le duel doit avoir lieu, il sera impitoyable. La montée en puissance du Front National et les querelles internes à droite joueront donc en faveur d’un François Hollande exsangue qui pourrait bien finir son mandat en miettes.

 

Face aux nombreux courants, aux multiples divisions à droite et à la panne de leadership, la solution pourrait être la mise en place de primaires aboutissant sur une candidature unique à la présidentielle de 2017. Est-ce la solution optimale ? Rien n’est moins sûr car premièrement, il faudrait que tous les prétendants et éventuellement Sarkozy acceptent, et deuxièmement il ne faut jamais oublier que les primaires socialistes de 2007 avait accouché de Ségolène Royal…             

 

 

La phrase de la semaine :

« Avec Copé qui ne veut rien lâcher, Fillon qui ne renonce à rien, et Sarko à la manœuvre, l’UMP n’est pas près de s’en sortir. Elle a un problème de ligne politique et elle n’a pas de projet ni de leader.» François Hollande.  

 

rôme Boué