C’est désormais une pluie de problèmes qui s’abat sur François Hollande, puisque dans un contexte de récession économique et d’explosion du chômage, il doit désormais faire face aux problèmes de sécurité. Ainsi, la cérémonie organisée au Trocadéro pour fêter le sacre de champion de France du PSG a tourné au fiasco : vitrines brisées, voitures saccagées, violents affrontements avec les forces de l’ordre, prise d’assaut d’un car de touristes… Il est manifeste que le premier flic de France, dont le rôle est notamment d’assurer la sécurité des Français, a failli. Alors que le débat fait rage entre la gauche et la droite, la question est : pouvait-on éviter ces débordements ?
Si la réponse est non, il y a un grave problème car la présence de casseurs ne peut pas être une fatalité. Si la réponse est oui, cela prouve l’inefficacité des services concernés à assurer le maintien de l’ordre. Au-delà du traditionnel et caricatural clivage qui voudrait qu’en matière de sécurité, la gauche soit laxiste et la droite répressive, il convient de déterminer les causes de ces violents incidents. Tout d’abord, le choix du lieu fut une grave erreur. En effet, la place du Trocadéro avec ses nombreuses artères et leurs vitrines n’était pas du tout appropriée. De surcroît, les échafaudages du Palais de Chaillot ont multiplié les risques en donnant notamment des armes (gravats, barres de fer) aux casseurs. Faut-il rappeler que le dispositif d’un événement aussi sensible a été choisi et mis en place en vingt-quatre heures…
Ensuite, ces violences auraient dû être mieux anticipées par la préfecture de police de Paris qui dispose d’un service de renseignements, ainsi que par le ministère de l’intérieur qui peut s’appuyer sur la DCRI, prévenue de l’arrivée de cent à cent cinquante casseurs. Il faut également noter que les débordements qui ont suivi la victoire du PSG la veille au soir étaient des indicateurs avancés des risques courus lors du rassemblement du lendemain. De surcroît, il ne fallait pas être d’une intelligence supérieure pour comprendre et anticiper que les « ultras » qui avaient été interdits de stade allaient vraisemblablement profiter de l’occasion qui leur était donnée pour se venger. Enfin, il est manifeste que les forces de l’ordre, pourtant au nombre de 800, ont été débordées par la situation. En réalité, et c’est bien là le problème, ce sont les casseurs qui faisaient la loi au cœur de la capitale. Il est vrai que depuis Malik Oussekine, cet étudiant frappé à mort par des hommes du peloton voltigeur motocycliste en 1986, les autorités publiques font tout pour éviter des dérapages qui peuvent s’avérer dramatiques tant humainement que politiquement.
Néanmoins, il est désolant de constater que personne ne semble assumer ses responsabilités parmi les autorités policières. A commencer par Manuel Valls qui met en cause le club et la Ville de Paris (son collègue du PS Bertrand Delanoë appréciera…) et qui estime que le Préfet de police et les forces de l’ordre ont fait leur travail. Une fois de plus, le constat est là et il est cruel d’autant que, rappelons-le encore, l’évènement était prévu, organisé, encadré. C’est là que le préfet de police a une responsabilité écrasante. Sa position lui confère d’importants pouvoirs et force est de constater que la situation a été mal anticipée et très mal gérée, comme le montrent notamment les multiples dégradations d’infrastructures publiques. Qui plus est, lorsque l’on entend ce même préfet de police indiquer qu’il ne souhaitait pas une présence policière trop importante pour éviter de provoquer, cela fait froid dans le dos. Malheureusement pour Hollande, c’est lui qui a nommé Bernard Boucault à ce poste alors que Manuel Valls était favorable au maintien en poste de son prédécesseur.
Pour compléter ce bien triste tableau, il faut également rappeler la hausse des cambriolages et la dégradation des indicateurs de délinquance, notamment concernant les violences faites aux personnes, à Paris mais aussi dans le reste de l’Hexagone. Force est de constater qu’aujourd’hui, la France est une véritable poudrière sociale qui peut exploser à tout moment et que le pouvoir en place plongé dans l’auto célébration et le déni de réalité n’est, une fois de plus, pas à la hauteur des enjeux. Le procès en amateurisme dont François Hollande fait l’objet depuis plusieurs mois trouve malheureusement sa parfaite démonstration dans les graves incidents survenus place du Trocadéro. Aujourd’hui, en matière économique comme en matière de sécurité, le président de la République et son gouvernement semblent dépassés par les évènements.
La phrase de la semaine :
«C’est dommage qu’il y ait eu une poignée de perturbateurs, les débordements ont été contenus, la fête n’a pas été gâchée.» Bertrand Delanoë.
Jérôme Boué