Hollande : le choc démoralisant.

L’onde de choc de l’affaire Cahuzac n’en finit pas de se propager et de faire des dégâts à gauche comme à droite. En effet, ce « tsunami politique » inonde le pays sur l’air du « tous pourris » créant un climat délétère. Le raisonnement est assez simple : le cas de l’ancien ministre du budget ne serait que la partie émergée de l’iceberg et tous les fantasmes sont désormais permis concernant la partie immergée. Le climat de suspicion est si fort qu’un vent de panique souffle sur l’ensemble de la classe politique. Résultat des courses, grand nombre de nos élus sont tombés dans la surenchère de transparence et tentent de montrer qu’ils sont « blanc comme neige ».

 

Cet exercice de transparence à marche forcée a atteint le comble du ridicule lors de l’intervention télévisée de François Fillon durant laquelle il exposa le détail de son patrimoine en tentant de « faire pleurer dans les chaumières ». En effet, on apprend que ce dernier est propriétaire d’une demeure achetée 400.000 euros qui en vaudrait aujourd’hui 650.000 et de deux voitures de plus de dix ans. L’ex-Premier ministre annonce également qu’il dispose de moins de 100.000 euros sur ses comptes d’épargne, ce qui, compte tenu de ses émoluments à Matignon puis à l’Assemblée nationale, apparaît comme dérisoire… La réalité dépasse la fiction et une telle scène incluant les dialogues aurait largement eu sa place aux Guignols de l’info. Tout cela est contre-productif et Cahuzac, malgré son nom qui rappelle celui d’une eau pétillante, a vraiment mis le feu.

 

Facteur aggravant, ce choc est survenu alors que Hollande et son gouvernement ne disposaient d’aucun « air-bag ». En effet jusqu’à présent, non seulement le premier personnage de l’Etat a été incapable de résoudre les problèmes du pays, mais la situation ne fait qu’empirer de mois en mois. Pratiquer la méthode Coué en exhortant les Français à lui faire confiance, tel le serpent du livre de la jungle, cela ne fonctionne pas. Qui plus est, deux éléments nouveaux viennent plomber davantage le Président de la République : tout d’abord, l’addition pourrait être plus élevée dans l’affaire Cahuzac puisque l’on parle aujourd’hui de 15 millions d’euros sur ce fameux compte. D’autre part, l’ancien trésorier de campagne de François Hollande fait aussi parler de lui avec ses investissements offshore. Bref, cela fait désordre.

 

Parallèlement à cela, face à la violence de la crise économique, François Hollande sort sa petite boite à outils comme tout « homme normal » qu’il est, avec des mesurettes qui ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux. Ce n’est pas le crédit d’impôt, le traitement social du chômage et le déblocage de la participation qui vont permettre de redresser l’économie française en panne de croissance. La France n’a pas besoin de petits tournevis ou de petites clés à molettes mais d’une scie circulaire pour couper dans les dépenses de fonctionnement et réduire la pression fiscale. De même, le projet de loi sur la moralisation de la vie publique ne résoudra rien. En réalité, François Hollande s’inspire de son modèle François Mitterrand. Ainsi, il tente de donner du temps au temps en espérant que de possibles événements pourront venir à son secours…       

 

Contrairement à ce que l’on peut lire ou entendre, la solution ne réside pas uniquement dans un remaniement ministériel. En effet, au delà des hommes, nous avons un réel problème de politique, notamment dans le domaine économique. Ainsi, Hollande doit cesser son matraquage fiscal et effectuer un virage à 180° pour restaurer la croissance, réduire le chômage et assainir les finances publiques. Pour ce faire, il devra revenir sur grand nombre de promesses de campagne, mais exceptionnellement, nous lui pardonnerons d’avoir menti.

 

La phrase de la semaine:

«Contrairement à M. Ayrault, je ne suis pas un ancien repris de justice, je n’ai pas été condamné à six ans de prison ou comme M. Harlem Désir à dix huit mois ! » Christian Jacob, patron des députés UMP.

 

rôme Boué