Flambée du chômage, crise financière et sociale à Chypre, scandale Cahuzac, bruits de bottes en Corée. Au cours des dernières semaines et en particulier des derniers jours, l’actualité économico-politico-financière française et internationale a été dominée par quatre catastrophes. Hasard ou coïncidence, elles commencent toutes par la lettre « C ». Une vraie malédiction en quelque sorte.
En fait, au-delà de leur initiale, ces quatre drames ont deux autres points communs : le mensonge et la manipulation. Dans le cas Cahuzac, il n’est évidemment pas nécessaire de faire un dessin. Tout a été dit et redit. Nous n’ajouterons donc pas à la polémique, mais soulignerons simplement qu’il ne sert à rien et qu’il est surtout très dangereux de s’obstiner dans le mensonge. Attention aussi à ne pas tomber dans le piège du populisme et du chaos politique. Une fois encore, le manque de culture économique qui prévaut dans l’Hexagone peut faire pas mal de ravages. Il faut par exemple faire comprendre aux Français qu’il n’est pas interdit d’avoir un compte à l’étranger, à condition, bien sûr, que l’argent qui y est déposé soit « blanc » et déclaré.
Plus globalement, il serait aussi peut-être bon de se demander pourquoi de plus en plus de Français, honnêtes, y compris de gauche (et pourquoi pas d’extrême gauche ?), souhaitent ouvrir des comptes à l’étranger. Est-ce par crainte de devoir subir une cure à la chypriote ? Ou encore parce qu’ils n’ont plus confiance dans l’avenir de l’économie française ? Voire parce qu’ils souhaitent payer moins d’impôts, notamment dans le cadre d’une transmission à leurs enfants ? Ou les trois à la fois ? Comme le disait déjà Keynes dans les années 30 : « Eviter de payer des impôts est la seule recherche intellectuelle gratifiante ».
Toujours est-il que si l’on pense que c’est en augmentant la pression fiscale, et en particulier sur l’épargne, que l’on va réduire ces mouvements, on se met bien entendu le doigt dans l’œil. Autrement dit, la politique fiscale du gouvernement ne fera que réduire encore davantage l’activité économique et l’emploi dans l’Hexagone, ce qui limitera automatiquement l’assiette fiscale et diminuera les rentrées d’impôts tout en augmentant les déficits publics, donc la dette…
C’est d’ailleurs exactement ce qui s’est passé et qui se passera encore dans l’ensemble des pays européens en crise, à commencer par la Grèce et bien sûr à Chypre. Là-bas aussi le mensonge et la manipulation font rage. Avec pour seule issue possible la récession et le chômage. Dans ce cadre, après avoir récupéré les aides du FMI et de l’Union Européenne, les Chypriotes ne tarderont pas à claquer la porte de la zone euro et à se mettre sous la protection du Chevalier blanc russe.
En attendant, le chômage ne fait pas que des dégâts à Chypre. Il ne cesse également de flamber dans la quasi-totalité des pays européens, à l’exception notable de l’Allemagne, qui affiche un taux de chômage de seulement 5,4 %, tout juste moitié moins que les 10,8 % qui prévalent en France. Que dire alors du nouveau record de 12 % pour la zone euro, sans parler des 17,5 % portugais, des 26,3 % espagnols et des 26,4 % grecs ?!
Et encore, ces chiffres édulcorent en partie la réalité. C’est effectivement un secret de polichinelle : si les chiffres du nombre de chômeurs de catégorie A dans l’Hexagone se rapproche des 3,2 millions de personnes, on recense près de 5 millions de sans-emploi (4.997.600 précisément) en intégrant l’Outre-Mer et les personnes exerçant une activité réduite (catégories B et C). Surtout, cela ne recouvre pas les personnes qui bénéficient de plans de reclassement, qui sont créateurs d’entreprise mais n’ont pas de revenu ou suivent des stages à répétition. Mais, là aussi, l’obstination dans le mensonge persiste. En effet, pourquoi s’entête-t-on à laisser croire que le chômage va baisser d’ici l’automne prochain alors que la récession s’aggrave et que les seules mesures prises pour réduire le chômage sont la création d’emplois aidés, qui ne pourront masquer bien longtemps la triste réalité du marché du travail ?
Autrement dit, d’ici un an, le taux de chômage français sera proche des 12 % et dépassera largement les 30 % pour les moins de 25 ans. Que diront alors les dirigeants politiques lorsqu’on leur montrera les images des promesses de baisse du chômage répétées à l’envi depuis des mois ? Comme avec Monsieur Cahuzac, qui n’a cessé de mentir devant les caméras, le choc des images risque alors d’être cinglant.
Face à ces catastrophes financières, économiques, sociales et politiques, il est donc urgent d’agir, notamment en restaurant la croissance et par là même la crédibilité des dirigeants du pays. Sinon, le chaos va vraiment finir par s’installer dans notre douce France.
A moins que la malédiction des C ne continue, en s’appliquant à la Corée. Et pour cause : soucieux de renforcer son image de dictateur intraitable, Kim Jong-un commence à menacer son voisin du Sud, ainsi que certaines bases américaines du Pacifique, allant même jusqu’à brandir l’arme nucléaire. S’il met ses projets à exécution, il est alors clair que l’affaire Cahuzac ne sera plus qu’un vieux souvenir et que la crise politique française sera vite oubliée. Kim Jong-un, meilleur soutien de François Hollande ? Non, n’allons pas jusque-là…
Il ne nous reste donc plus qu’à espérer que dans ces quatre catastrophes (Chômage, Chypre, Cahuzac et Corée), la raison finira par l’emporter. La crise est déjà financière, économique, sociale, politique et sociétale, il ne faudrait tout de même pas qu’elle devienne nucléaire.
Marc Touati