France : la grande poudrière sociale ?

 

Si le risque d’explosion sociale n’est pas nouveau en France, il se précise de plus en plus. En effet, la mèche de la grande bombe à retardement économique et sociale se consume de plus en plus vite et depuis trop longtemps. C’est bien simple : entre l’appel à la grève des fonctionnaires dans la fonction publique, PSA, Goodyear et Petroplus, le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Parallèlement, le taux de chômage continue de flamber et pourrait même se rapprocher des 12 % en fin d’année… Sans oublier une de ses composantes les plus dramatiques, le chômage des moins de 25 ans qui touche plus d’un jeune sur quatre.

 

Depuis maintenant trente ans, en dépit des promesses et de l’absolue priorité qu’est sensée constituer la lutte contre le chômage, les gouvernements successifs, quel que soit leur bord politique, ont lamentablement échoué. Aujourd’hui, en dépit de la gravité de la situation, le pouvoir actuel se blinde dans un optimisme en acier trempé afin de résister à toutes les attaques dont il est l’objet. C’est en effet la consigne qui est donnée au plus haut niveau de l’État et celui qui n’est pas suffisamment positif dans son discours est au mieux accusé d’être défaitiste, au pire de jouer contre son camp. Il est grand temps de dire la vérité aux Français, la transparence n’est pas un aveu de faiblesse et masquer la réalité ne fait qu’aggraver la situation. C’est ce que l’on appelle l’effet boomerang.

 

Pour ce faire, il faudrait que François Hollande se comporte en véritable homme d’État et pas uniquement sur la scène extérieure. Il faut pour cela savoir dépasser ses propres intérêts souvent guidés par l’obsession d’une réélection pour affronter la réalité et effectuer les réformes structurelles indispensables à notre pays. Les paramètres de l’équation sont les suivants : si le capitaine du navire conserve le cap actuel, la situation économique va encore se détériorer du fait notamment de la faiblesse de la croissance, le chômage va empirer et mécaniquement les mouvements sociaux vont s’intensifier.

 

Alors que l’explosion sociale semble inéluctable, autant qu’elle survienne pour de bonnes raisons. Ainsi, si le gouvernement ne cède pas aux multiples revendications salariales, et plus globalement baisse significativement les dépenses publiques de fonctionnement pour redresser les comptes de la nation, le clash social sera inévitable mais salvateur à terme. En revanche, si une fois de plus, privilégiant les avantages sociaux acquis et les intérêts catégoriels de certains pour préserver coûte que coûte (c’est le cas de le dire) un modèle économique et social qui ne fonctionne plus, la France va dans le mur et ne fera pas l’économie d’une crise sociale profonde et stérile. La guérison du malade « France » sera longue et douloureuse, mais nous n’avons plus le choix au regard de nos comptes publics. Si on ne prend pas le taureau par les cornes, le mal va se généraliser tel un cancer. Cette bombe sociale aura également comme corollaire de mettre le gouvernement en situation sur le plan de la sécurité intérieure. Pour Manuel Valls (s’il est toujours en poste) qui aura la lourde tâche d’être en première ligne pour éteindre l’incendie, ce sera bien l’épreuve du feu.

 

 

La phrase de la semaine :

« La Commission européenne et Angela Merkel devraient pouvoir accepter que Paris ne respecte pas l’objectif des 3 % car il y a eu l’intervention française au Mali, que l’Europe ne finance pas et qui est un combat mené au nom de toute l’Europe ». Un conseiller de François Hollande.

 

rôme Boué