La France sous la menace terroriste ?

 

Compte tenu de son histoire et de ses prises de position, la France est depuis longtemps un pays à risque en matière de menaces terroristes. Entre l’extrême gauche (Action Directe), le FLNC, l’ETA, le GIA, la Libye, les attentats antisémites, et désormais la menace islamiste avec notamment Al Qaida, la liste est longue. Depuis 1980, on recense environ quatre-vingt attentats, assassinats ou tentatives d’assassinats de nature terroriste : de la rue Copernic à la vague d’attentats qui frappa la capitale entre septembre et décembre 1986, sans oublier le GIA au milieu des années 1990, pour finir par les assassinats de Mohamed Merah en mars 2012.

Aujourd’hui, l’intervention militaire française au Mali a donné lieu à des menaces directes de Mokhtar Belmokhtar qui confirment les craintes de Manuel Valls, qui a indiqué récemment qu’il existait en France de nombreux autres Mohamed Merah. Ce dernier incarne une nouvelle forme de terrorisme conjuguant petite délinquance et fanatisme islamique, beaucoup plus complexe à appréhender pour nos services de renseignement davantage habitués à des groupes structurés et organisés. D’ailleurs, le dramatique « raté » de la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) dans l’affaire Merah a jeté le discrédit sur ce puissant service issu de la fusion des RG (Renseignements Généraux) et de la DST (Direction de la Surveillance du Territoire). Cela dit, il serait injuste de réduire la DCRI à cette erreur retentissante.

A titre d’illustration, il faut savoir que bien avant les attentats du 11 septembre 2001, les services de renseignements français avaient mis en garde les Etats-Unis face au risque important de menace de type « avion-suicide ». Le FBI qui privilégiait essentiellement la technologie au détriment des renseignements humains n’avait pas tenu compte de ces avertissements avec le dénouement que l’on connaît…

Bien que mis en cause pour avoir été « roulés dans la farine » par Mohamed Merah qui était sous surveillance, nos services de lutte contre le terrorisme ont fait leurs preuves dans le passé. Il faut d’ailleurs souligner que de 1995 à 2012, la France a été relativement épargnée en matière d’actes terroristes.

De même, le fiasco de l’opération menée par la DGSE pour libérer Denis Alex en Somalie ne doit pas occulter les réussites passées. On se souvient notamment du détournement du vol AF 8969 par le GIA et de l’intervention des hommes du GIGN. Ce qui aurait pu être une terrible catastrophe se solda par la libération de tous les otages sains et saufs. En d’autres termes, il faut savoir garder le sens de la mesure lorsque l’on évoque la qualité des services dont dispose la France en matière de lutte contre le terrorisme.

N’ayons pas la mémoire courte, il fut un temps pas si éloigné où les Français avaient peur de prendre le métro ou le RER ou encore de se rendre dans les grands magasins. Il était même devenu quasiment impossible d’utiliser les poubelles de Paris qui avaient été scellées. Si aujourd’hui, le risque de frappes terroristes est élevé, comme le montre le renforcement du plan Vigipirate en matière de protection des lieux publics et des infrastructures de transports en France, il ne faut cependant pas tomber dans la psychose.

Une chose est sûre, cette période de menaces importantes est un test fondamental pour Manuel Valls qui est très bien placé sur la liste des successeurs potentiels de Jean-Marc Ayrault.

 

La phrase de la semaine :

« L’Allemagne est la plus grande puissance économique d’Europe, et ces opérations extérieures sont faites, notamment, au nom de l’Europe. C’est bien de nous demander de respecter la règle des déficits ; encore faudrait-il partager les factures ! » François Hollande suite à l’intervention militaire de la France au Mali.

 

rôme Boué