Rien n’est réglé à l’UMP et la cacophonie est toujours de mise… Concernant Jean François Copé tout d’abord, on commence à se demander s’il souhaite vraiment sortir de cette crise ou si tous les prétextes sont bons pour rester à son poste. Ainsi, sur la question essentielle d’un nouveau vote des adhérents UMP, ses positions sont à géométrie variable. Il a dans un premier temps refusé catégoriquement, puis émis comme condition la dissolution du R-UMP, pour aujourd’hui proposer un référendum en janvier afin de réformer les statuts de l’UMP et remettre son mandat en jeu après les municipales de 2014. Bravo pour la magnifique usine à gaz, mais il faut être sérieux, la maison UMP brûle, ce qui implique qu’il faille revoter le plus rapidement possible.
Fillon n’apporte pas davantage de solution viable lorsqu’il propose la mise en place d’un « comité des sages » pour définir les modalités d’un nouveau vote. Mais qui est sage et qui ne l’est pas ? Au regard du climat d’extrême confiance qui règne entre les deux rivaux, nous leurs souhaitons bonne chance pour se mettre d’accord sur les noms qui composeront ce comité.
Face à ce rocambolesque capharnaüm, Nicolas Sarkozy qui commence à voir rouge, a menacé d’intervenir publiquement si une solution n’était pas trouvée avant le mardi 4 décembre. L’ancien chef de l’Etat souhaite que l’on revote avant juin 2013 et il souhaite également la dissolution du R-UMP. Soit exactement l’inverse des positions respectives de Jean François Copé et de François Fillon. D’ailleurs, le candidat malheureux à la dernière élection présidentielle a rapidement compris qu’il s’engageait dans une impasse dans laquelle il risquait de « perdre des plumes ». Nous avons donc eu droit à une belle séance de rétropédalage puisque Nicolas Sarkozy a finalement renvoyé les deux protagonistes dos à dos. Retour à la case départ, la balle au centre.
En fait, l’ex Président de la République est dans une situation extrêmement inconfortable, puisque cet hyperactif est obligé de se brider pour faire preuve de retenue. En d’autres termes, il est ulcéré de ce qu’il observe mais doit se faire violence pour rester en retrait. Un véritable supplice de Tantale pour celui qui n’avait pas anticipé que le pouvoir en place perdrait pied si rapidement, ni que son propre camp s’entre- déchirerait avec une telle violence. Lui qui fabriquait l’actualité en tant qu’acteur, metteur en scène et commentateur redevient aujourd’hui un spectateur quasi impuissant.
Cette « panade » à droite qui monopolise une partie de l’actualité depuis près de trois semaines, redonne à François Hollande un peu d’oxygène. En effet, alors que le taux de chômage est proche des 11% (selon Eurostat), que la croissance est en panne, qu’une deuxième agence de notation (Moody’s) a récemment dégradé la note de la dette publique française en la plaçant sous surveillance négative, et que le gouvernement Ayrault s’enlise dans le dossier Florange, le Président de la République est relativement épargné.
Enfin, c’est également Noël avant l’heure pour le Front National qui revendique trois fois plus d’adhésions par jour depuis la crise à l’UMP. Le premier grand test aura lieu dimanche 9 décembre avec trois élections législatives partielles qui permettront d’avoir une première mesure tangible de l’étendue des dégâts provoqués par la guerre des chefs à l’UMP.
La phrase de la semaine :
De Jean François Copé qui dénonce « l’aventure mortifère d’un groupe dissident » . A propos du R-UMP.
Jérôme Boué