Gladiator vs Fillon : une tension à “Copé” au couteau !

 

Avec le recul, il est manifeste que le débat télévisé du 25 octobre dernier entre Copé et Fillon était une véritable mascarade. Ce duel devait être le choc, l’heure de vérité entre les deux prétendants à la présidence de l’UMP et ce fut en réalité une confrontation pour rien. On y a vu en effet les deux candidats faire flores d’amabilités, de circonvolutions et de précautions oratoires afin de ne pas paraître agressifs. Bref, un vrai faux duel de « western spaghetti » avec comme mot d’ordre : le premier qui dégaine est mort.

 

Mais, alors que nous abordons la dernière ligne droite de la bataille, les masques tombent et les deux protagonistes n’ont pas de mots assez durs l’un envers l’autre. « Moi, je ne tiens pas un double discours : un pour les adhérents et un pour les Français » a lancé Fillon pendant que Copé fustige ce qu’il appelle « la droite molle » ou, insulte suprême, « le Hollande de droite ». Il est vrai que le maire de Meaux a durci le ton et a « droitisé » sa ligne politique, afin de combler son retard dans les sondages. Ce n’est pas sans rappeler la dérive de Nicolas Sarkozy vers une droite « dure » lors des dernières élections présidentielles, alors qu’il tentait de rattraper Hollande. D’ailleurs, on peut dire que l’ex Président de la République est un vrai modèle pour Copé, avec son côté combattant inépuisable mouillant sa chemise et cherchant en permanence le « buzz » médiatique, sans oublier la gestuelle et les intonations.

 

Seulement voilà, n’est pas Nicolas Sarkozy qui veut, et il apparaît qu’une grande partie de l’électorat de droite préfère l’original à la copie. Ainsi, le grand gagnant de cette joute fratricide, c’est bien Sarkozy lui même, comme l’indique le dernier sondage IFOP. En effet, 64 % des personnes interrogées souhaitent que ce dernier revienne dans la vie politique pour être candidat en 2017 contre 53 % en août dernier. Bien sûr, le candidat défait en mai bénéficie du fiasco de début de mandat de Hollande, ainsi que des ratés de son premier ministre « mister couac », qui n’est manifestement pas à la hauteur de la fonction. Comme qui dirait, l’avion gouvernemental est en chute libre car il n’est plus « Ayrault-dynamique ».

 

A l’opposé de Copé, le pilote de course amateur qu’est François Fillon refuse fermement de prendre un grand virage à droite. S’il existait une agence de rating pour homme politique, l’ex premier ministre pourrait être noté RRR. En effet il est rodé à l’exercice du pouvoir en temps de crise, il rassure par sa personnalité et enfin il se veut rassembleur dans son discours.

 

L’équation à résoudre pour Copé et Fillon est complexe puisqu’il leur faut à la fois cliver significativement, tout en sachant qu’ils devront rassembler au lendemain du 18 novembre. Fillon n’hésite pas à faire monter la pression déjà très forte en affirmant qu’il n’est pas certain de se présenter aux primaires de 2016 s’il est battu dimanche, ou encore en évoquant un risque d’implosion de l’UMP si Copé était élu à la tête du parti. En d’autres termes, c’est un peu : moi ou le chaos.

 

Il est vrai que, bien au delà de la présidence de l’UMP, l’objectif est de gagner les élections municipales de 2014 et surtout les présidentielles de 2017. Pour ce faire, l’UMP doit proposer un véritable projet de société alternatif et doit se doter d’un leader pour l’incarner. Malheureusement, alors que la France traverse l’une des crises les plus dures de son histoire, la médiocrité de ce duel rythmé par les batailles de formules et les petites phrases assassines nous montre que les deux prétendants ne sont clairement pas à la hauteur des enjeux nationaux.

 

 

La phrase de la semaine :

« J’ai rarement vu autant de haine. La campagne porte en elle les germes de la destruction de l’UMP ». De Roselyne Bachelot.

 

rôme Boué