Peillon met Ayrault en pétard.

 

Cette fois, le coup bas ne vient pas de l’opposition mais du numéro trois du gouvernement lui même Vincent Peillon. En souhaitant l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis, ce dernier affaiblit en effet un peu plus Jean-Marc Ayrault. Le premier ministre qui vient pour la première fois de passer sous la barre des 50 % de satisfaits (enquête LH2 pour le nouvel observateur) n’avait en effet vraiment pas besoin de cela…

En affirmant qu’il s’agissait « d’une réflexion personnelle », Peillon, qui tente de se raccrocher aux branches (de cannabis), ne fait en réalité qu’aggraver son cas. Lorsque l’on est ministre de la République, on applique le principe de solidarité gouvernementale et on ne discute pas des questions qui ont déjà été tranchées par le Président de la République. Du moins pas en public ou devant les médias, c’est une faute grave. Une équipe gouvernementale, ce n’est pas l’armée mexicaine, il faut laisser au vestiaire ses états d’âme. Mais le mal est fait et l’opposition n’en demandait pas tant.

 

Ce nouveau couac gouvernemental relance le débat sur l’autorité de Jean-Marc Ayrault, sérieusement mise à mal à gauche comme à droite. Même le quatrième personnage de l’Etat, Claude Bartolone, président de l’Assemblée Nationale, est de la partie puisqu’il a notamment qualifié « d’absurde » l’objectif de réduction des déficits à 3 % du PIB en 2013. La question de la légitimité du premier ministre se pose et nombreux sont ceux qui peuvent prétendre prendre sa place, Manuel Valls en tête.

 

Cette situation rappelle le cas de Jean-Pierre Raffarin, ce parfait inconnu qui avait raflé Matignon au nez et à la barbe de Nicolas Sarkozy. Raffarin, l’homme normal, était totalement éclipsé par le ministre de l’intérieur de l’époque, Nicolas Sarkozy, comme c’est le cas aujourd’hui entre Ayrault et Valls. Ainsi, il est manifeste que l’autorité, la prestance et le charisme du premier flic de France sont très nettement supérieurs à ceux du chef du gouvernement. Ce qui n’est pas difficile diront les mauvaises langues…

 

De surcroît, le dérapage de Peillon intervient sur un sujet économiquement sensible. En effet, le chiffre d’affaire du cannabis représente entre 700 millions et un milliard d’euros et la France est la championne d’Europe de la consommation chez les jeunes. Si le cannabis était taxé comme le tabac, ce serait un milliard d’euros qui tomberaient dans les caisses de l’Etat. Sans parler bien sûr du débat sur la santé publique.

 

Cette nouvelle cacophonie gouvernementale confirme l’amateurisme d’un gouvernement totalement inexpérimenté et qui n’a pas de cap clair. C’est donc logiquement que le commandant en second du navire (Jean-Marc Ayrault) est contesté. Mais alors que la tempête fait rage et que les récifs sont nombreux (dette, déficits, chômage, récession), il n’y a pas de place ni de temps pour les querelles internes.

 

Malheureusement, à défaut de choc de compétitivité, nous aurons droit à un « choc d’optimisme » de la part de Jean-Marc Ayrault, sans oublier François Hollande, qui laisse entendre que la crise de la zone euro est bientôt terminée. En d’autres termes, il semble bien que la méthode Coué soit définitivement le mode opératoire du tandem exécutif.

 

 

La phrase de la semaine :

« Les socialistes vont ouvrir des salles de shoot, et les Verts vont leur filer la marchandise. » De Claude Bartolone président de l’Assemblée nationale après la mise en examen d’une élue écologiste pour « blanchiment de fonds liés au trafic de drogue. »

 

rôme Boué