En plein duel face à François Fillon pour la présidence de l’UMP, Jean François Copé radicalise son discours s’attirant les foudres de la majorité gouvernementale. En cause ses récentes déclarations polémiques sur le racisme anti-blancs ou encore sur les pains au chocolat arrachés à des enfants en période de ramadan. Quelle mouche a bien pu piquer le secrétaire national de l’UMP ? Et quelle est sa stratégie ?
Celui que certains surnomment « Le Pen au chocolat » cherche manifestement à cliver et à occuper le terrain médiatique en « droitisant » ses propos. Ce n’est pas sans rappeler le mode opératoire de l’homme qui reste son maître à penser, à savoir Nicolas Sarkozy. Le rival de Fillon tente d’appliquer à la politique une règle qui prévaut notamment en économie et en finance : si on veut des rendements élevés, il faut prendre des risques. C’est clairement ce qui ressort de ses propos lorsqu’il affirme « la vertu première de l’engagement politique, c’est le courage. C’est de prendre des risques, y compris celui de l’impopularité. » Seulement voilà, bien loin de convictions profondes, il s’agit là de manœuvres purement électoralistes à près d’un mois de l’échéance (18 novembre). Cette droite décomplexée qu’il entend incarner n’est ni plus ni moins qu’un « Copé collé » de celle de Nicolas Sarkozy.
Alors qu’il est toujours nettement en retard dans les sondages face à François Fillon, il lui faut se remettre en selle et trouver des formules chocs et des symboles. On est dans la même veine que la mesure visant à taxer à 75 % les revenus des contribuables au delà du million d’euro de revenus trouvée par l’équipe de Hollande et qui ne touche en réalité que deux à trois mille personnes.
Alors que les différences idéologiques sont inexistantes entres les deux hommes, Copé cherche à se démarquer. C’est pourquoi il souhaite notamment prendre en compte les diverses sensibilités à droite où les petits mouvements se multiplient (la droite sociale, les humanistes, la droite populaire, la droite forte, etc…), à l’inverse de Fillon qui veut rassembler. Mais attention, dans la perspective de l’élection présidentielle de 2017, le secrétaire général de l’UMP devrait prendre garde au « syndrome Jospin » qui laissa délibérément se développer les petites formations en 2002 ne voulant pas entendre parler de vote utile, ce qui lui fut fatal. Il ne faudrait donc pas que Copé devienne le mécanicien en chef de la machine à perdre.
Ce dernier cherche également à cliver en caricaturant la personnalité de François Fillon. En effet, en sa qualité de maire de Meaux, il estime être un authentique homme de terrain proche du peuple. A l’inverse, Fillon est décrit comme un grand bourgeois élitiste, un homme de palais loin des préoccupations des Français. En d’autres termes, Copé nous refait le coup du duel Chirac-Balladur avec un petit côté « amicalement votre ». En retard dans les sondages, il s’accommode bien volontiers de ce parallélisme.
La vraie question est en fait de savoir qui des deux hommes sera le mieux à même de mener ses troupes pour combattre la gauche et l’emporter aux élections locales de 2014 ? A l’heure actuelle, selon les sympathisants UMP (et non pas les adhérents), c’est Fillon. Il faut cependant savoir qu’en 2015 un nouveau congrès est prévu et le vainqueur de l’élection de 2012 devra remettre son titre en jeu. Le président de l’UMP sera alors jugé à l’aune des résultats des élections intermédiaires. N’oublions pas que Nicolas Sarkozy sera probablement toujours en embuscade et pourrait bien mettre tout le monde d’accord…
La phrase de la semaine :
«Aujourd’hui, je suis quand même l’homme le plus demandé du monde.» De Nicolas Sarkozy devant un ancien ministre.
Jérôme Boué