BCE et Emploi américain : espoirs ou déceptions ?

 

Cette semaine économico-statistique connaîtra deux moments clés. La réunion de la BCE (le jeudi 6) et la publication des chiffres de l’emploi américain pour août (le vendredi 7). Dans les deux cas, la déception devrait être au rendez-vous. La diffusion des enquêtes des directeurs d’achat des deux côtés de l’Atlantique devra également être suivie de près (du 3 au 5).

 

Lundi 3 septembre, de 9h à 11h (heure de Paris) : les directeurs d’achat continuent de broyer du noir dans l’industrie eurolandaise.

Même s’il ne s’agit que de leur deuxième version (après une première estimation il y a un peu plus d’une semaine), les enquêtes des directeurs d’achat dans l’industrie manufacturière devraient confirmer que cette dernière est bien entrée dans une récession durable. Et ce, que ce soit à l’échelle de la zone euro ou à celle de la France. Même l’industrie allemande ne devrait pas tarder à rejoindre le peloton.

Les indices PMI de ces enquêtes devraient ainsi se maintenir à des niveaux proches de 45, bien en deçà de la barre des 50, censée représenter la frontière entre l’augmentation et le repli de l’activité.

 

Mardi 4 septembre, 16h : Risque de récession dans l’industrie américaine.

L’industrie américaine est également en train d’entrer dans le rang de la récession. En effet, après avoir déjà atteint un niveau de 49,8 en juillet, l’indice ISM des directeurs d’achat dans le secteur manufacturier devrait se stabiliser à ce même niveau en août. Ce n’est donc pas encore une catastrophe, mais ce nouveau mois sous la barre des 50 confirme bien que l’industrie américaine souffre de plus en plus. Encore un mauvais point pour la réélection de Barack Obama.

 

Mercredi 5 septembre, de 9h à 11h : la récession va durer longtemps dans la zone euro.

La deuxième version des enquêtes eurolandaises des directeurs d’achat dans les services ainsi que celle de l’indicateur composite « industrie + service » devraient une nouvelle fois valider le scénario d’une récession durable dans la zone euro.

Avec un niveau de 46,5 en août, l’indice composite indique clairement qu’après avoir baissé de 0,3 % au T4 2011, puis stagné au T1 2012 et reculé de 0,2 % au T2, le PIB eurolandais devrait reculer d’au moins 0,3 % au T3. Il ne sera donc plus possible de se cacher derrière la non-succession de deux trimestres consécutifs de baisse du PIB pour nier l’évidence : la zone euro est en récession depuis et pour longtemps…

 

Mercredi 5 septembre, 16h : Les services résistent mais faiblissent aussi aux Etats-Unis.

Si l’économie américaine est pour l’instant loin de la récession eurolandaise, elle s’en rapproche dangereusement. Ainsi, à côté de la quasi-récession industrielle, les services devraient commencer à faiblir également. C’est du moins ce qu’indiquerait la baisse de l’indice ISM des directeurs d’achat dans le secteur non-manufacturier. Celui-ci devrait atteindre la barre des 52 (contre 52,6 le mois précédent), toujours au-dessus des 50, mais les nuages s’accumulent…

 

Jeudi 6 septembre, 13h : Nouveau statu quo de la Banque d’Angleterre.

Rien de nouveau sous le soleil de la Banque d’Angleterre : un nouveau statu quo du taux de base de la BoE devrait avoir lieu. C’est d’ailleurs tout ce que cette dernière peut faire pour essayer de limiter les effets dévastateurs de la nouvelle récession britannique.

 

Jeudi 6 septembre, 13h45 : La BCE parle mais n’agit pas.

Mario Draghi a beau se démener pour alimenter l’espoir, il ne peut plus faire grand-chose. Certes, une nouvelle baisse du taux refi à 0,5 % serait la bienvenue. Cependant, sa culture monétariste et la surveillance extrême de ses collègues allemands l’empêcheront de la faire. C’est malheureusement le drame de la zone euro et de la BCE : comme aucune gouvernance crédible et efficace n’a réussi à émerger, les dirigeants eurolandais sont condamnés à réaliser de belles déclarations qui ne sont pas suivis d’effets concrets.

 

Vendredi 7 septembre, 14h30 : le taux de chômage américain se stabilise à 8,3 %.

Après la bonne surprise de juillet, notamment liée à des facteurs temporaires, les créations d’emplois devraient retrouver un rythme plus logique en août, c’est-à-dire en phase avec le ralentissement de l’activité économique.

Elles devraient ainsi avoisiner les 65 000, soit presque 100 000 de moins que le mois précédent. Compte tenu des ajustements de population active, le taux de chômage devrait se stabiliser à 8,3 %.

Comme nous l’avons déjà explicité dans nos publications, si l’on ne s’en tient qu’à ce dernier chiffre, Obama a déjà perdu les élections. Aucun Président américain n’a effectivement été réélu avec un tel taux de chômage. Les occupants actuels de la Maison Blanche ne peuvent donc plus compter que sur une grave erreur de Mitt Romney ou sur un miracle…

Marc Touati