Nicolas Sarkozy en mode veille ?

 

Nous sommes en fin de journée ce dimanche 6 mai 2012 et Nicolas Sarkozy sait déjà qu’il a perdu les élections présidentielles. L’heure est donc à la rédaction de son « discours de départ ». Il faut choisir les mots justes sans tomber dans la précipitation ni laisser l’émotion l’emporter sur la raison. C’est malheureusement ce qui était arrivé à Lionel Jospin en 1995 lorsque après son élimination au premier tour il annonça son retrait définitif de la vie politique alors que le PS sombrait tel le Titanic.

L’exercice se complique un peu plus pour Nicolas Sarkozy lorsqu’au fur et à mesure que la soirée avance, l’écart qui le sépare de François Hollande régresse. Ces principaux conseillers, Patrick Buisson en tête l’implorent d’édulcorer son discours afin de ne pas se fermer de porte. Il ne faut pas insulter l’avenir et rester dans l’ambiguïté. Le président a bien retenu la leçon puisque son « je vous servirai autrement » veut tout dire et rien dire à la fois. S’agit-il d’un vrai faux départ ?

En réalité c’est un peu l’histoire de « docteur Jekill and Mister Hyde », il y a un côté pile et un côté face.

Côté pile tout d’abord Nicolas Sarkozy apparaît comme serin, apaisé, soulagé. Après cinq années harassantes c’est le temps des loisirs et d’un repos bien mérité : vacances, lecture, sieste et sport sont à l’ordre du jour. Côté travail on note une apparition au conseil constitutionnel ainsi qu’une rencontre avec l’opposante Birmane Aung San Suu Kyi. Nicolas Sarkozy n’a en apparence aucune activité politique, c’est un peu le calme après la tempête.  « Speeedy sarko » aurait donc changé de braquet.

Côté face selon ses proches, il reste actif mais en sous marin bien sûr. Il n’a pas manqué une miette des élections législatives et n’aurait pas ménagé son temps pour contacter les candidats. L’ex président se serait également discrètement impliqué pour soutenir la candidature de Xavier Bertrand à la présidence UMP de l’Assemblée Nationale. Cela fait beaucoup pour un retraité de la politique.

Nous sommes en effet très loin de Valery Giscard d’Estaing qui traumatisé par sa défaite en 1981, n’avait même plus la force d’ouvrir un journal à la page politique pendant plusieurs années. Il faut cependant souligner que la comparaison a ses limites puisque  Nicolas Sarkozy savait qu’il avait très peu de chances de gagner alors que VGE était sûr de l’emporter. Bien que l’ancien locataire de l’Elysée eut affirmé pendant la campagne « si je suis battu, vous n’entendrez plus parler de moi » il ne faut pas oublier que la politique est une véritable drogue dure qu’il est impossible de stopper du jour au lendemain. On se souvient de Chirac qui, lorsqu’il démissionna de la tête du gouvernement en 1976, affirmait qu’il quitterait définitivement la politique pour faire autre chose. On connaît la suite…Mais aussi de VGE (encore) qui certifiait qu’en cas de défaite il « n’encombrerait pas inutilement la vie politique française ».

Il est cependant très difficile de présager à quoi ressemblera le futur de Nicolas Sarkozy, vu qu’il ne le sait pas certainement lui même. En revanche il est certain que son équation personnelle jouera un rôle déterminant. A savoir son caractère, son hyperactivité ou encore son rapport à l’argent.

Le mot de la fin pourrait revenir au très controversé Patrick Buisson lorsqu’il affirma à propos de l’ancien Président : « un tigre ne devient jamais végétarien ». A méditer…

 

 

La phrase de la semaine :

« Nicolas Sarkozy est un homme d’intégrité et de transparence, contre qui depuis cinq ans on arrête pas de s’acharner » de Christian Estrosi sur Europe 1.

 

rôme Boué