Déflation productive en France et aux Etats-Unis.

 

Cette semaine économico-statistique sera relativement calme. En effet, elle ne sera marquée que par la balance commerciale américaine (mercredi 11), les prix à la production également aux Etats-Unis (vendredi 13) et la production industrielle française (mardi 10). Les statistiques d’inflation et d’activité chinoise seront également à surveiller, notamment la croissance du deuxième trimestre (le vendredi 13).

 

Mardi 10 juillet, 8h45 (heure de Paris) : la production industrielle française s’effondre.

Après avoir augmenté de 1,5 % en avril, en correction de la baisse des mois précédents, la production industrielle hexagonale devrait reprendre le chemin de la baisse en mai. Si son repli mensuel devrait limiter les dégâts, avec un niveau de – 0,5 %, son glissement annuel passerait de + 0,9 % en avril à – 1,3 % en mai.

Et encore, il faudra saluer la baisse des cours du pétrole et des matières premières au sens large, sans laquelle la chute de la production industrielle aurait pu être encore plus forte. La récession et la déflation nous pendent de plus en plus au nez…

 

Mercredi 11 juillet, 14h30 : repli logique du déficit commercial américain.

La baisse des cours des matières premières et du baril de pétrole en particulier jouera mécaniquement à la baisse sur le déficit extérieur américain. Celui-ci passerait ainsi de 50,1 milliards de dollars en avril à 48,5 milliards en mai.

Un élément pernicieux devrait également favoriser ce résultat, en l’occurrence le ralentissement de la consommation et de l’investissement qui ne manquera pas de réduire les importations.

 

Jeudi 12 juillet, 8h45 : l’inflation recule encore dans l’Hexagone.

Dans le sillage du repli des prix énergétiques, les prix à la consommation devraient stagner en juin, après avoir déjà baissé de 0,1 % en mai. Leur glissement annuel poursuivrait ainsi son repli, à 1,9 % en juin, contre 2 % le mois précédent et encore 2,5 % en novembre-décembre 2011. De quoi rappeler que l’inflation n’est plus un problème (elle ne l’a d’ailleurs plus été depuis 20 ans), mais que c’est en revanche la déflation qui menace.

 

Vendredi 13 juillet, 4h00 : la Chine ralentit mais contrôle…

Après avoir atteint 12 % début 2010, puis s’être stabilisé autour des 10 % jusqu’à la mi-2011, le glissement annuel du PIB chinois s’est engagé dans une phase de ralentissement un peu plus marqué. Au premier trimestre 2012, il n’était plus que de 8,1 %. Au second trimestre, ce mouvement devrait se poursuivre, puisque le glissement annuel du PIB devrait se situer autour des 7,9 %. Certains crieront certainement à la catastrophe, mais n’oublions pas que cette décélération a été voulue et pilotée par le gouvernement chinois. Voulant éviter la surchauffe, ce dernier a effectivement engagé une nette appréciation du yuan, qui, après avoir stagné autour des 6,90 pour un dollar de 2008 à 2010, s’est apprécié jusqu’à 6,30 début 2012. Aussi, à présent que Pékin a obtenu ce qu’il souhaité (c’est-à-dire un ralentissement contrôlé), il a commencé à faire machine arrière, le yuan se dépréciant légèrement. Cela permettra donc de soutenir l’activité au cours des prochains trimestres.

De toute façon, il faut également se souvenir que le niveau de la parité des pouvoirs d’achat fait état d’un yuan d’équilibre à 3,50 pour un dollar. La devise chinoise demeure donc toujours largement sous-évaluée. Pouvant également compter sur un « matelas » de 3 300 milliards de dollars de réserves de changes, la Chine restera donc sans difficulté la locomotive de la croissance mondiale.

 

Vendredi 13 juillet, 14h30 : déflation des prix à la production aux Etats-Unis.

Conséquence logique de la baisse des cours des matières premières et de l’appréciation du dollar (qui réduit mécaniquement le prix des produits importés), les prix à la production devraient encore reculer de 0,5 % en juin outre-Atlantique. Leur glissement annuel redeviendrait ainsi négatif, à – 0,3 %, une première depuis octobre 2009. La déflation sera donc bien inscrite dans les faits.

Quant au PPIX, c’est-à-dire hors énergie et produits alimentaires, il ne devrait progresser que de 0,1 % sur un mois et de 2,5 % sur un an.

A l’instar de ce qui s’observe en Europe, l’inflation n’est donc pas le principal souci de l’Oncle Sam. Ce dernier est désormais menacé, lui aussi, par la récession et la déflation. Jusqu’à présent inimaginable, un Quantitative Easing 3 devient donc de plus en plus envisageable.

 

Marc Touati