A l’Intérieur, le changement c’est maintenant !

 

“Aucun de ceux qui aujourd’hui exercent des responsabilités et qui sont loyaux n’ont à s’inquiéter mais, en revanche, ceux qui sont liés à ce système auront forcément à laisser la place à d’autres”. Ces propos tenus par François Hollande le 4 mai dernier annonçaient clairement la couleur : un grand « nettoyage de printemps » allait être fait à l’intérieur. Il est vrai que les nominations aux postes les plus sensibles de la république représentent des enjeux majeurs sur l’échiquier politique. En effet chaque camp place ses pièces et ses pions à des postes stratégiques tout en essayant de neutraliser l’adversaire. Ces parties d’échec ont d’ailleurs parfois lieu au sein d’une même famille politique …

 

On se souvient ainsi en 2004 de la lutte entre Jacques Chirac alors président de la République et son ministre de l’intérieur Nicolas Sarkozy qui souhaitaient placer un de leurs proches au poste ultra sensible de préfet de police de Paris. A savoir Pierre Mutz pour Chirac et Claude Guéant pour Sarkozy. Chirac aura le dernier mot et Guéant marqué au fer rouge s’engagera politiquement avec Sarkozy.

Dans le même registre on se souvient également de la bataille entres les mêmes Chirac et Sarkozy pour le remplacement de Yves Bertrand à la tête des renseignements généraux en 2004. Ce dernier eu d’ailleurs une longévité exceptionnelle (1992- 2004) alors que le poste est un véritable siège éjectable au gré des alternances politiques. Chirac souhaitait pour ce poste le préfet Hugues Parant (préfet délégué à la sécurité de la région PACA et fils de Philippe Parant patron de la DST de 1993 à 1997 proche de Charles Pasqua) alors que Sarkozy appuyait Bernard Squarcini le numéro deux de la maison. Devant l’impossibilité pour les deux hommes de trouver un accord, un homme neutre (Pascal Mailhos préfet délégué à la sécurité de la région ouest) qui n’y connaissait rien au renseignement, fut nommé à la tête de cette véritable police politique…C’est dire l’ambiance qui régnait au plus haut niveau de l’Etat.

 

A fortiori lorsqu’il y a une alternance politique c’est un peu la règle du jeu: il y a des exécutions et des têtes tombent. Certains appellent cela la « chasse aux sorcières ». Aujourd’hui les trois sorcières s’appellent Michel Gaudin (Préfet de Police de Paris), Frederic Péchenard (DGPN) et Bernard Squarcini (patron de la DCRI). Le limogeage de Michel Gaudin est le plus controversé des trois. En effet ce dernier devait prendre sa retraite à l’été 2013 et il est considéré comme un grand serviteur de l’Etat. On peut dire qu’il paie au prix fort sa proximité avec l’ancien président de la République. Même motif même punition pour Frédéric Péchenard ami d’enfance et très proche de Nicolas Sarkozy. Enfin l’éviction de Bernard Squarcini ne faisait aucun doute. Tout d’abord la DCRI (fusion des RG et de la DST) est un poste bien trop sensible pour être laissé à un homme, aussi compétent soit il, qui est dans le tout premier cercle de Nicolas Sarkozy. Ensuite ce dernier est mis en examen dans l’affaire des fadettes des journalistes du journal « le Monde ». Pour François Hollande ces trois hauts-fonctionnaires appartiennent à ce que Mitterrand appelait l’Etat RPR et à ce qu’il appelle l’Etat UMP…

 

Reste à savoir si leurs successeurs Bernard Boucault (préfet de police de Paris), Claude Baland (DGPN) et Patrick Calvar (DCRI) ont les compétences, l’expérience et l’envergure pour assumer les hautes fonctions qui leur ont été confiées. Bien entendu des voix s’élèvent à droite, à commencer par celle de Claude Guéant qui dénonce déjà l’incompétence de Bernard Boucault. C’est aussi cela la règle du jeu…

François Hollande a annoncé un peu vite qu’il s’arrêterait là, mais tiendra t il cette promesse là ? Enfin on assure que les partants « ont été remplacés non pas par des proches, des intimes, des obligés, mais par de hauts fonctionnaires de qualité ». Nul doute que si ces nouveaux promus ne sont pas des obligés, ils devraient le devenir très vite…

 

La phrase de la semaine :

« Ce matin, la présidence normale est définitivement morte. Désormais c’est Dallas à l’Elysée ! ».De Geoffroy Didier conseiller régional UMP à propos du tweet de Valerie Trierweiler soutenant Olivier Falorni, candidat dissident PS opposé à Ségolène Royal.

rôme Boué