Fin de carrière : quelle galère !

 

Mettre fin à sa carrière politique surtout lorsqu’on a exercé les plus hautes fonctions peut être un véritable traumatisme.

Un des exemples les plus marquants fut celui de Valery Giscard d’Estaing. Avec un parcours fulgurant, X- ENA (inspecteur des finances), le jeune et brillant ministre des finances de Pompidou a été le plus jeune Président de la République que la France ait connue (48 ans). Son intelligence hors du commun ainsi que ses multiples réussites lui conférèrent un fort sentiment de supériorité voire d’invincibilité. Ainsi lors de la campagne présidentielle de 1981, VGE s’estimait tellement au dessus de François Mitterrand qu’il ne pouvait envisager la défaite. Son ton hautain et professoral envers le leader du parti socialiste pendant le débat d’entre deux tours en fut la parfaite illustration. Certains y verront d’ailleurs des similitudes avec le débat Hollande Sarkozy. Non seulement VGE va être dominé pendant ce débat mais il perdra la présidentielle ouvrant les portes du pouvoir à l’union de la gauche et au programme commun… De plus, Jacques Chirac son ancien premier ministre qui démissionna avec fracas en 1976, appela en sous main à voter contre lui. Enfin, VGE commettra l’erreur de vouloir quitter le palais de l’Elysée à pied. Il finira humilié sous les huées et subira même les crachats de certains. Le président défait fut selon ses propres paroles marqué au fer rouge. Ainsi pendant des années il ne put ouvrir un journal à la page politique tant le traumatisme était fort. En réalité VGE ne s’est jamais vraiment remis de cette défaite dont il garde encore plus de 30 ans après de profondes séquelles.

 

Un autre cas de figure particulièrement marquant fut celui de Lionel Jospin. L’homme qui ne parvint jamais à réaliser le rêve de sa vie : devenir Président de la République. Battu sèchement en 1995 où il ne fit que 47,3 % des voix, il subit un véritable choc émotionnel en 2002. En effet quelques heures avant l’annonce officiel des résultats du premier tour, ce dernier y croyait toujours à l’instar de ses supporters qui l’accueillaient au son de « Jospin président ». Il l’ignorait encore mais son équipe savait que, devancé par Jean Marie le Pen, il ne serait pas au deuxième tour. Le choc fut terrible et le premier ministre de Chirac mit fin à sa carrière politique dans l’heure qui suivit.

 

Pour Jacques Chirac, l’histoire est différente. L’homme est un miraculé car il n’aurait jamais du être élu Président de la République. Considéré comme un « loser » par une large partie de son camp après ses multiples défaites, il apparaissait comme le mécanicien en chef de la machine à perdre. Il fut remis en selle par Jaques Pilhan en 1993 pour l’emporter en 1995. Après le fiasco de la dissolution de 1997, il bénéficia de la présence de Jean Marie le Pen au deuxième tour en 2002 pour faire un score de république bananière…. Le dernier coup dur à la fin de sa présidence fut l’accession au pouvoir de son ennemi intime : Nicolas Sarkozy.

 

D’ailleurs, qu’en sera t-il pour ce dernier ? Nul doute qu’après des vacances bien méritées, le retour à la réalité sera probablement douloureux. En effet notre ex hyper président qui était sur tous les fronts doit désormais lâcher les commandes. Il va redevenir un citoyen, pas vraiment comme un autre mais devrait lui aussi avoir un choc traumatique post défaite. Pourra t-il décrocher de cette drogue dure qu’est l’exercice du pouvoir ? Il est vrai qu’en politique on peut toujours renaître de ses cendres. Ainsi qui aurait cru en 1995 que Sarkozy serait élu un jour président ? Et qui aurait cru en 2007 que Hollande lui succéderait ?

 

 

La phrase de la semaine :

« On a toujours le risque (en politique) de prendre une balle dans le front, ce serait bien d’éviter d’en prendre une dans le dos ». De Nathalie Kosciusko-Morizet, ex porte parole du candidat Sarkozy

 

rôme Boué