Humeur :
Hollande et la zone euro : quitte ou double…
Et c’est parti ! Sans véritable surprise, François Hollande a été élu Président de
Cette triste situation confirme que l’UEM ne peut perdurer sans un minimum d’union politique. En effet, tant que celle-ci n’est pas complétée par une institution politique supranationale, elle reste menacée par la moindre crise d’un de ses membres, quand bien même celui-ci serait le plus petit. Cette nécessité n’est pas nouvelle, elle est écrite noir sur blanc dans le Traité de Maastricht, qui souligne que l’UEM n’est qu’une étape de la construction européenne vers une Union politique et fédérale. Que l’on soit pour ou contre, il est clair que sans cette dernière, la zone euro ne pourra survivre.
Quant à ceux qui pensent qu’une sortie de
Elle l’est d’autant plus que la récession s’installe, non seulement en Grèce, mais également dans la grande majorité des pays eurolandais. Après la crise grecque, c’est là le deuxième grand défi qui attend le nouveau Président français. Hasard du calendrier, le 15 mai, jour de l’arrivée officielle de François Hollande à l’Elysée, l’INSEE publiera les comptes nationaux hexagonaux du premier trimestre 2012. En guise de cadeau (empoisonné) de bienvenue, une baisse du PIB français devrait être annoncée. Dans le même temps, Eurostat devrait confirmer le deuxième trimestre consécutif de recul du PIB de la zone euro, et, par là même, la rechute officielle de cette dernière en récession.
L’équation de sortie de la crise de la dette publique va donc encore se compliquer. En effet, depuis désormais cinq ans,
Pour éviter d’en arriver là, il n’y a finalement qu’une seule solution : restaurer la capacité de
Seulement voilà, tous les Européens ne sont pas des Allemands et ne sont pas forcément prêts à supporter la cure germanique des années 2000. En outre, comme nous l’avons souvent souligné, il ne sert à rien de « mourir guéri ». Autrement dit, à quoi bon pratiquer la rigueur, si cela doit provoquer un marasme social et, in fine, l’explosion de la zone euro.
C’est pour toutes ces raisons que s’ils veulent éviter le pire, les Français et les Allemands sont obligés de s’entendre. Mais ne soyons pas dupes. Comme elle n’a cessé de le répéter depuis une semaine, Mme. Merkel n’acceptera pas de signer un chèque en blanc aux Français et encore moins aux Grecs. En d’autres termes, l’Allemagne finira certainement par mettre de l’eau dans son vin, mais si et seulement si, elle obtient des garanties de ses partenaires, et en particulier de
Si nous parvenons à ce compromis, alors la zone euro sera sauvée. Sinon, il faut se préparer à un véritable clash franco-allemand qui entraînera une crise politique, économique et sociale sans précédent à l’échelle de la zone euro et certainement de la planète. A l’évidence, pour sortir de l’ornière, il ne suffira pas d’être « normal ».
Marc Touati
Quid des marchés cette semaine ?
La peur au ventre.
Depuis le 6 mai 2012, l’évolution du Cac 40 s’avère particulièrement chaotique : – 1,9 % le lundi 7 au matin, + 1,6 % le jour même à la clôture, – 2,8 % le lendemain, et enfin – 0,2 % le mercredi, puis + 0,4 % le jeudi…
A l’évidence, ceux qui aiment les montagnes russes ont été servis cette semaine. Et ce n’est pas fini. En effet, les marchés naviguent en eaux troubles. Il n’y a aucune visibilité.
Les marchés boursiers naviguent à vue…
Source : Bloomberg
Autant de questions qui restent sans réponse et qui font surtout froid dans le dos. En effet, sans un couple franco-allemand uni, la construction européenne ne pourra avancer et la zone euro restera menacée.
Dès lors, en fonction de l’issue de la joute politique qui se joue devant nos yeux entre
Il en sera de même sur les marchés obligataires ou encore sur les devises.
Certes, en matière d’obligation d’Etat, le « flight to quality » vers le marché allemand commence à devenir excessif. Si bien qu’avec des taux d’intérêt à dix ans à 1,5 %, l’Etat allemand risque d’avoir des difficultés à attirer les investisseurs internationaux.
Quant à l’OAT dix ans, jusqu’à présent, il ne s’en tire pas trop mal. Situation somme toute « normale », dans la mesure où, pour le moment, aucune décision de politique économique n’a été prise par le nouveau Président français qui jouit donc toujours du bénéfice du doute.
Le flight to quality allemand devient excessif.
Source : Bloomberg
En revanche, si Monsieur Hollande décide d’augmenter fortement les dépenses publiques, le couperet tombera très rapidement : la note de la dette publique française sera dégradée d’au moins deux crans et les taux d’intérêt à dix ans flamberont au-delà des 4 %. Des évolutions qui ne manqueront pas de casser le peu de croissance qui nous reste et d’exacerber les tensions sur les marchés financiers.
A partir de là, le nouveau Président devra réagir très vite et prendre ses responsabilités. Attention, nous ne sommes pas en
Rien n’est encore joué. Ce sont souvent des guerriers qui font la paix et des pacifistes qui font la guerre. Autrement dit, Monsieur Hollande aura peut-être les moyens et la volonté de convaincre les Allemands, mais ceci ne pourra se faire sans réduction des dépenses publiques françaises.
En d’autres termes, la mission principale du nouveau Président consiste à restaurer la crédibilité de
Compte tenu de ce danger, certes seulement potentiel pour le moment, on peut dès lors comprendre pourquoi les marchés vont rester extrêmement volatiles au cours des prochains mois. Seul réconfort très relatif : d’ici septembre, nous devrions être fixés sur notre sort…
Marc Touati
La météo économique de la semaine écoulée :
Les évènements à suivre du 14 au 18 mai :
La zone euro retourne officiellement en récession.
L’actualité économico-statistique sera particulièrement dense cette semaine. Nous suivrons outre-Atlantique l’indice des prix à la consommation ainsi que les ventes au détail (mardi). Nous connaitrons les chiffres des mises en chantier et des permis de construire ainsi que ceux la production industrielle (mercredi). Enfin, nous terminerons la semaine par l’indice de confiance des consommateurs du Conference Board (vendredi).
De ce côté de l’Atlantique, nous prendrons connaissance mardi du PIB eurolandais pour le premier trimestre 2012.
Mardi 15 mai, 11h (heure de Paris) : la zone euro entre officiellement en récession au premier trimestre.
Entrée en récession au troisième trimestre 2008 pour en sortir au troisième trimestre 2009,
Mardi 15 mai, 14h30 : l’inflation recule encore outre-Atlantique.
Après avoir progressé de 0,3 % en mars, l’indice des prix à la consommation tiré par la baisse des cours du baril ne devrait augmenter que d’un petit 0,1% en avril. Par conséquent, l’inflation pourrait encore reculer pour afficher un niveau de +2,4 % en avril, soit un plus bas depuis février 2011. Hors énergie et alimentation, cette dernière devrait rester stable à +2,3 % en avril.
Mardi 15 mai, 14h30 : modeste hausse des ventes au détail américaines en avril.
- La zone euro retourne officiellement en récession.
- France : la stagnation, c’est maintenant !