Sarkozy paye l’addition, Hollande encaisse.

 

Même si beaucoup à droite y ont cru jusqu’à la dernière seconde, Nicolas Sarkozy n’est pas parvenu à remonter la pente pour remporter la présidentielle. L’opération aurait d’ailleurs pu s’appeler « Mission Impossible ». En effet, après être passé pour le candidat de la rupture alors qu’il faisait partie du gouvernement Chirac depuis cinq ans, Sarkozy paye l’addition de son quinquennat et elle est salée. En voici en substance le détail.

Premièrement Nicolas Sarkozy a très vite endossé les habits du Président des riches et des puissants. Tout a commencé lors de cette fameuse soirée donnée au Fouquet’s où il fêta sa victoire adoubé par ses pairs et en présence de vedettes du show business. On se souvient notamment de Laurent Fabius interrompu par un présentateur TV afin de pouvoir entendre en direct les commentaires de Johnny Hallyday sortant du palace parisien… Une nouvelle ère s’ouvrait. Ainsi, alors que le président fraichement élu devait se retirer dans un monastère afin de prendre de la hauteur et d’habiter la fonction, il se retrouva en fait sur le yacht de Vincent Bolloré. Ce fut le début de la période dite « bling bling » digne des meilleures scènes du film « la vérité si je mens » avec en point d’orgue un mariage avec l’ex top model Carla Bruni.

Deuxièmement le président à quelque peu désacralisé la fonction, oubliant que nous étions toujours dans une monarchie républicaine. Ses multiples altercations verbales indignes d’un chef d’Etat ont choqué beaucoup de nos concitoyens. Son équation personnelle comme disent les communicants l’a fortement desservi.

Enfin Nicolas Sarkozy a dû affronter la plus grave crise économique depuis 1929. S’il ne doit pas s’abriter derrière cette dernière, il ne serait pas juste de l’occulter. Comme l’a mentionné notre futur ex président il a fait de son mieux en commettant parfois des erreurs. Mais qui aurait fait un parcours sans faute…Quel président serait sorti de cette crise avec un bilan économique positif ? D’ailleurs où faut-il placer le curseur ? En réalité deux voies étaient possibles pour les Français. La première était de ne pas changer de capitaine en pleine tempête et de bénéficier de l’expérience de Nicolas Sarkozy. La deuxième revenait à choisir une nouvelle figure censée incarner le changement. Force est de constater que les craintes inspirées par Nicolas Sarkozy et le rejet de sa personne étaient trop fort puisque les Français ont préféré un homme nouveau qui les rassurait. Il est vrai que François Hollande a le beau rôle.

Tout d’abord c’est un homme normal comme il aime à se définir. Il n’est en effet pas réputé pour ses débordements et ses dérapages. Il ne fait pas de vagues et semble disposer d’une très bonne maîtrise de lui-même. Ensuite, et c’est un atout considérable il « fait » neuf. En effet n’ayant jamais exercé de responsabilité au plus haut niveau de l’Etat il n’a pas de passé et donc forcément pas de passif. Il vient d’ailleurs de battre le record du président de la République le moins expérimenté. Il a donc le bénéfice du doute et peut se permettre de distribuer des mauvais points à Nicolas Sarkozy et lui reprochant notamment sa gestion en temps de crise.

Enfin comme Lionel Jospin et Jacques Chirac, François Hollande peut être considéré comme un « accident de l’histoire ». En effet Jospin n’a pu se présenter que parce que Jacques Delors a renoncé, Chirac a également bénéficié de ce retrait car il aurait certainement été battu par l’ancien ministre des finances de Mitterrand et enfin Hollande a fortement bénéficié de l’absence de DSK. Dans le marasme économique actuel nul doute que l’état de grâce post élection passera à la vitesse de l’éclair et que le nouveau président se heurtera très vite au mur des réalités.

 

Alors s’il a encaissé l’addition réglée par Nicolas Sarkozy, pour François Hollande, les soucis c’est maintenant !

 

La phrase de la semaine :

« On va faire campagne pour les législatives, mais calmement. D’abord, parce qu’on ne peut pas les gagner. Et si, par miracle, on les gagnait, Copé irait à Matignon.». De François Fillon devant ses collaborateurs.

rôme Boué