Humeur :
Il est encore trop tôt pour en être sûr, mais le 25 avril 2012 constituera peut-être un tournant dans l’histoire de la zone euro. En effet, après treize ans de dogmatisme,
Ne cachons pas notre plaisir : ce revirement constitue une vraie victoire, en particulier pour votre serviteur qui n’a cessé de demander un tel changement depuis plus de dix ans envers et contre tous. Cette position a souvent été vilipendée par les tenants de la pensée unique, et ils étaient malheureusement nombreux, notamment dans l’Hexagone.
Mais, tout ceci est du passé. Ce qui compte réside dans le fait que la zone euro et
Autant de questions dont les réponses conditionneront notre avenir et pourront ainsi sauver ou détruire la zone euro. Tout d’abord, pourquoi maintenant ? N’en déplaise à Monsieur Hollande et plus globalement à l’orgueil national, les déclarations de Mario Draghi ne sont pas adressées aux seuls Français. Elles font simplement écho au fait que les derniers indicateurs de conjoncture dans la zone euro ont confirmé que cette dernière s’était de nouveau engoncée dans la récession. En effet, qu’il s’agisse des enquêtes des directeurs d’achat dans l’industrie ou les services ou encore de l’enquête de
Dans ce cadre, il est clair que la crise de la dette publique et plus globalement celle de la zone euro sont loin d’être terminées. Et pour cause : pour sortir de l’ornière, il faudra générer une croissance économique suffisamment forte ne serait-ce que pour rembourser la charge annuelle des intérêts de la dette publique. Or, non seulement ce n’est pas le cas depuis cinq ans dans la quasi-totalité des pays de l’UEM (à l’exception du Luxembourg, de
C’est face à ce marasme passé et à venir que Mario Draghi a pris enfin le taureau par les cornes et a simplement rappelé le bon sens : comme nous ne cessons de le répéter depuis des mois, il ne sert à rien de mourir guéri. Autrement dit, si l’assainissement des dépenses publiques est indispensable, le retour de la croissance l’est encore plus.
Malheureusement, s’il a réalisé un grand pas en avant, le Président de
Si François Hollande a raison de souligner qu’il faut restaurer une croissance française forte, il a tort de laisser croire que c’est en augmentant encore les dépenses publiques que l’on y parviendra. De même, Monsieur Draghi a, pour l’instant, oublié de dire que la restauration de la croissance dans la zone euro devait aussi passer par une refonte des traités européens, notamment en permettant à
En attendant, « Super Mario » pourra joindre le geste à la parole dès la réunion de politique monétaire du 3 mai, en abaissant une nouvelle fois le taux refi de
Et ce, tant au niveau de
Marc Touati
Quid de l’économie cette semaine ?
Récession dans la zone euro, progression aux Etats-Unis.
Alors que les Etats-Unis sont bien sortis de la crise, la récession s’installe durablement dans une zone euro déjà durement frappée par la crise de la dette. C’est du moins ce que nous signalent les statistiques publiées cette semaine.
Aux Etats-Unis tout d’abord, les comptes nationaux du premier trimestre 2012 indiquent une progression du PIB de 2,2 % en rythme annualisé contre +2,5 % attendu par le consensus.
Le détail statistique nous montre la consommation des ménages reste le premier moteur de la croissance outre -Atlantique avec une hausse de 2,9 % contre +2,1 % au quatrième trimestre 2011. Par ailleurs, les exportations qui bénéficient de la faiblesse du dollar restent solides (+5,4 %) alors que les importations n’augmentent « que de » 4,3 %.
La petite contre-performance du PIB au premier trimestre provient de l’investissement des entreprises qui n’augmente que de 6 % contre +22,1 % au trimestre précédent. Particulièrement touché, l’investissement en équipements et logiciels ne progresse que de 1,7 % contre +7,5 % et +16,2 % pour les quatrième et troisième trimestres 2011. De même, les dépenses publiques reculent de 3 % après avoir déjà régressées de 4.2 % au quatrième trimestre. Ces dernières impactent négativement le PIB de 0.60 %.
En revanche, l’investissement des ménages conserve de belles couleurs puisqu’il croît de 19,1 % après +11,6 % au quatrième trimestre 2011.
La consommation progresse encore mais l’investissement des entreprises ralentit.
Sources : Bureau of Economic Analysis, Datastream
Enfin, il faut noter que le mouvement de restockage se poursuit. Ainsi les stocks passent de 52 milliards de dollars au quatrième trimestre à 69,5 milliards de dollars au premier trimestre 2012. Hors stocks, la croissance américaine n’augmente que de 1,6 % en rythme annualisé.
Il faut cependant noter qu’à l’inverse de la zone euro, le cercle vertueux investissement-emploi- consommation est bien en place outre-Atlantique. En effet, en glissement annuel le PIB affiche tout de même un niveau de +2,1 % au premier trimestre.
De l’autre côté de l’Atlantique, les indices
A commencer par l’indice PMI manufacturier qui évolue sous la barre des 50 (marquant la frontière entre la contraction et l’expansion de l’activité) depuis août 2011, qui chute de près de deux points. Ce dernier est en effet passé de 47,7 en mars à 46,0 en avril, tombant à son plus faible niveau depuis juin 2009.
Dans les services ensuite, l’indice PMI passe sous les 48 pour afficher un niveau de 47,9 en avril. Il s’agit d’un plus bas depuis juillet 2009, soit en pleine récession eurolandaise. Enfin, logiquement l’indice PMI composite recule de près de deux points pour tomber à 47,4 un plus bas également depuis juillet 2009.
Pour compléter ce sombre tableau, l’indice de sentiment économique eurolandais a lui aussi chuté significativement en avril. En effet, alors que le consensus attendait un statu quo à 94,2 ce dernier plonge à 92,8. Il faut remonter à novembre 2009 pour obtenir un niveau plus faible.
Ces indicateurs avancés de la croissance eurolandaise nous confirment donc que le repli de l’activité va se prolonger. Ainsi, après un recul de 0,3 % au quatrième trimestre 2011, le PIB eurolandais pourrait se contracter de 0,2 % au premier trimestre. En d’autres termes, la zone euro retombera officiellement en récession.
Les indices
Sources : Markit , Bloomberg
Les deux principales économies de la zone euro sont durement touchées.
A commencer par
Même si l’indice PMI manufacturier gagne 0,6 point, il se situe toujours à un niveau extrêmement faible (47,3), reflétant la désindustrialisation chronique qui frappe
Au regard de ces indicateurs économiques avancés, le PIB français qui avait miraculeusement échappé à la récession au quatrième trimestre 2011 (+0.2%) devrait se contracter de 0,2 % au premier trimestre.
Nos voisins allemands qui ont bien souvent sacrifié la croissance sur l’autel de l’inflation ne sont pas épargnés.
Ainsi le PMI manufacturier recule pour un troisième mois consécutif pour tomber à un niveau de 46,3. Il faut rappeler qu’il y a un an, ce dernier affichait un niveau de 62 dans un pays ou le secteur industriel représente environ 24 % du PIB.
L’Allemagne n’est pas épargnée…
Sources : Markit , Bloomberg
Enfin, malgré tout, l’indice PMI dans les services résiste bien avec un niveau de 52,6 correspondant à sa moyenne depuis le début de l’année.
En dépit d’un ralentissement, l’économie Outre-Rhin devrait toutefois parvenir à éviter de justesse la récession, puisqu’après une contraction de 0,2 % au quatrième trimestre 2011, le PIB pourrait afficher une croissance nulle au premier trimestre de cette année.
La tendance que nous évoquons depuis plusieurs mois se confirme donc, à savoir un découplage entre les Etats-Unis et
Jérôme Boué
La météo économique de la semaine écoulée :
Les évènements à suivre du 30 avril au 4 mai :
La job machine<
- Invité de RTL Soir
- Critique élogieuse du Monde