Volatilité des marchés : comme d’habitude…

 

Je me lève et je te bouscule                                          On se lève, l’euro fort est ridicule

Tu n’te réveilles pas                                                      Les dirigeants ne bougent pas

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Sur toi je remonte le drap                                              Sur la Grèce, on met un sparadra

J’ai peur que tu aies froid                                               On a peur que ça se voit

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Ma main caresse tes cheveux                                       Le Cac redevient nerveux

Presque malgré moi                                                     Tout le monde reste coi

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Mais toi tu me tournes le dos                                        Mais nous, on préfère le Dow

Comme d’habitude                                                        Comme d’habitude

Blague à part (on s’amuse comme on peut quand on est économiste), la remontée récente des marchés boursiers, en particulier en Europe, nous paraît relever davantage du rebond technique que de la tendance de fond. Certes, la bonne tenue de l’économie américaine a de quoi rassurer outre-Atlantique. En revanche, nous sommes toujours loin du compte sur le Vieux Continent.

Il faut être clair : tant que la crise de la zone euro ne sera pas vraiment résolue, et malheureusement, elle ne pourra l’être avant les élections présidentielles françaises, la volatilité des marchés financiers restera extrêmement forte. Il faut donc se préparer à plusieurs mois de haute-voltige au cours desquels les phases de hausse des marchés boursiers succèderont à des mouvements de forte baisse et réciproquement.

Sur l’ensemble de l’année, nous anticipons que les grands indices boursiers européens pourraient croître d’au plus 10 %, tandis que leurs homologues américains gagneraient environ 15 %. Ces derniers bénéficieraient également d’un effet dollar, puisque nous prévoyons que ce dernier continuera de s’apprécier, en dépit de quelques soubresauts. En effet, au gré des annonces de la part des dirigeants eurolandais et des décisions de la BCE, l’euro/dollar, pourrait s’effondrer vers les 1,20 dollar, voire les 1,15 d’ici la fin de l’année.

La survie de la zone euro dépend d’ailleurs du cours de notre devise. Si l’euro reste trop fort, la récession s’intensifiera, ce qui finira de toute façon par relancer la crise de la dette et affaiblir la monnaie unique. Réciproquement, si les Eurolandais veulent sauver l’UEM, ils doivent favoriser une dépréciation de l’euro, de manière à restaurer la croissance et à sortir de la crise.

N’ayant aucun intérêt à voir la zone euro disparaître, les Etats-Unis devraient également conforter l’appréciation du dollar face à l’euro. D’ailleurs, tant que l’euro ne passe pas sous les 1,10 dollar, le billet vert reste compétitif pour l’Oncle Sam. L’issue de l’élection présidentielle américaine ne devrait pas changer grand-chose, puisque les Républicains comme les Démocrates sont plutôt d’accord pour permettre au dollar de s’apprécier tant qu’il ne nuit pas à la croissance.

Dans le cadre d’une croissance américaine d’environ 2,4 % cette année, nous anticipons également que l’inflation se stabilisera autour des 2 %. Cette prévision suppose évidemment que les tensions au Moyen-Orient ne dégénéreront pas et ne permettront donc pas au baril de dépasser durablement les 120 dollars. De la sorte, les taux d’intérêt à long terme américains devraient remonter progressivement au-delà des 3 %, sans pour autant déraper. Ils intégreront ainsi l’amélioration de la croissance et l’anticipation d’un resserrement monétaire de la Fed à partir du printemps 2013.

En fait, comme en matière de prévisions économiques, les plus grandes incertitudes sur le front financier restent européennes. Ainsi, tant que les autorités politiques et monétaires n’auront pas engagé des réformes profondes et efficaces en matière de gouvernance économique, la crise de la dette perdurera et les taux longs resteront élevés, à part certainement en Allemagne.

Pour conclure, voici les quatre grandes échéances qui risquent de chahuter les marchés en 2012 :

– D’ici début juin : Nouvelles dégradation des notes des dettes publiques eurolandaises.

– Du 22 avril au 6 mai : Élections présidentielles françaises. Bien plus que le résultat, l’important résidera dans les choix qui seront pris par la suite. Soit la France s’engage dans une politique « allemande » d’assainissement budgétaire et la zone euro est sauvée, du moins temporairement. Soit, le laxisme budgétaire continue et la crise de la zone euro sera relancée, suscitant une tempête sans précédent.

– 6 Novembre : Élections présidentielles américaines. Si le chômage ne passe pas nettement sous les 7 % d’ici là, Barack Obama n’a quasiment aucune chance d’être réélu. La question sera alors de savoir si le nouveau Président saura mettre en place une véritable politique de redynamisation, comme le fit Ronald Reagan dans les années 80. Dans le cas contraire, les Etats-Unis devront se contenter d’une croissance durablement molle, à la mode eurolandaise…

– A n’importe quel moment de l’année : la confirmation que l’Iran dispose de l’arme nucléaire.

Autant d’échéances et d’évènements, notamment les quatre derniers qui risquent donc de réserver pas mal de surprises. Si le krach de 2008 devrait certes être évité, il faut néanmoins se préparer à de fortes turbulences.…

Marc Touati