Le précédent éditorial a souligné le fait que
Nous avons également identifié la principale cause de ce déficit dans la dérive « socialisante » de l’économie française. Et dans ce domaine, le quinquennat de Nicolas Sarkozy est bien dans le prolongement des exercices précédents. Qu’on en juge, à travers les statistiques suivantes : entre 2007 et 2012, le ratio des dépenses publiques par rapport au PIB sera passé de 52% à 56%, alors que le montant des prélèvements aura progressé de 42% à 45%.
De ce point de vue, la divergence avec l’Allemagne s’accentue puisque la fiscalité sur le patrimoine appliquée par
En ce qui concerne les « inégalités », on pourra se référer aux chiffres de l’INSEE, qui démontrent que si on exclut la classe des « très riches » (footballeurs, chanteurs, dirigeants de grandes entreprises, etc.) dont les revenus ont augmenté de 27% depuis 2007, les classes supérieures et moyennes n’ont pas vu leur niveau de vie progresser, après prise en compte de l’impact fiscal (en hausse constante). De plus, si on se livre à une comparaison internationale, on constate que
Si on suit une approche historique, on constate que les pays communistes ont connu, hors période de reconstruction, des croissances très faibles. L’URSS s’est effondrée en grande partie pour cette raison (économie non compétitive et inefficiente provoquée, pour une bonne part, par l’absence de concurrence interne et de motivation à innover).
L’explication logique de cette observation, corroborée par les statistiques économiques est assez simple : le développement d’un pays bénéficie fortement de l’initiative privée, qui est en mesure de favoriser l’innovation. Or, nous entrons dans une période où, grâce aux techniques de communication et d’information modernes (internet, en particulier), le progrès économique dépend énormément de la diffusion des nouvelles techniques vers les autres secteurs industriels ou de service. Le vecteur essentiel de cette diffusion est l’entreprise (et souvent la micro-entreprise ou « start-up »). Toute contrainte visant à limiter cet esprit d’entreprenariat aboutira à ralentir le progrès technique, donc la croissance économique. Lorsque l’environnement fiscal (axé sur une redistribution des richesses destinée à combattre les inégalités) devient « répressif » (5), la croissance s’arrête. Inversement, une société trop inégalitaire(6), tend à créer une démotivation face à la création d’entreprise (absence « d’ascenseur social ») et à plomber la consommation, entrainant une stagnation économique.
Donc, il est souhaitable d’éviter une trop grande progression des inégalités, de façon à pallier une éventuelle explosion sociale, mais les faits présentés ci-dessus montrent qu’il est indispensable de garder une incitation suffisamment forte à l’enrichissement par le travail et la prise de risque, sinon notre déclin actuel(7) se transformera en débâcle (avec, en particulier, la fuite de nos « cerveaux » vers l’étranger). Dans ce domaine aussi, la juste mesure entre inégalités sociales et égalitarisme doit être recherchée en permanence.
Bernard MAROIS
Professeur Emérite à HEC PARIS
Président d’Honneur Club Finance HEC
(1) Ce déficit a pour effet de diminuer notre croissance économique annuelle d’environ 0,5% par an.
(2) Plus ce taux est bas, plus le pays est « égalitaire ».
(3) C’est désormais dans ce pays qu’on trouve les plus grosses fortunes et les inégalités sociales les plus fortes.
(4) C’est-à-dire des Etats dans lesquels le secteur étatique est largement prédominant, voire exclusif.
(5) Il s’accompagne d’une campagne démagogique de « lutte » contre « les richesses » ou « la finance », au choix, dont les effets sur l’opinion publique peuvent être dévastateurs.
(6) On peut citer à titre d’exemple les dictatures (Birmanie, Zimbabwe, etc.), où une caste détient tout le pouvoir) politique et économique.
(7) En terme relatif, par rapport aux autres pays.