Humeur :
Cela n’aura certainement échappé à personne : selon le calendrier chinois, nous sommes entrés dans l’année du Dragon, signe de puissance et de réussite. Si ces dernières caractéristiques incarnaient plutôt bien l’économie chinoise cette année encore et au moins jusqu’en 2013, il n’en sera certainement pas de même pour la zone euro. Et pour cause : pour la cinquième année consécutive, cette dernière restera l’une des lanternes rouges de la croissance mondiale. En d’autres termes : rien de nouveau sous le triste soleil de l’Union Economique et Monétaire.
Toutefois, au milieu de cet océan d’inquiétudes et de pessimisme, un changement positif s’est opéré il y a tout juste cent jours au sein de l’UEM. A savoir, le remplacement à la tête de
En effet, depuis une vingtaine d’années, le premier n’a cessé de sacrifier la croissance sur l’autel de l’inflation. D’abord dans l’Hexagone, lorsqu’il était Gouverneur de
Toujours est-il que, fort heureusement, Monsieur Jean-Claude ne dirige plus
Mieux, alors que les dangers redoublaient d’intensité et faisaient dire à certains que la zone euro ne passerait pas Noël, le « Dragon » Draghi a pris le taureau par les cornes le 23 décembre 2011 et a tout simplement sauvé l’UEM, du moins temporairement. Pour ce faire, il a permis aux banques eurolandaises de se financer à 1 % sur une durée de trois ans et ce sans limite de montant. En d’autres termes, c’est désormais « open bar ». Le principe de cette démarche est relativement simple : dans la mesure où le marché interbancaire reste très tendu et où les banques continuent de ne pas se faire confiance, la leur BCE créé pour ces dernières une facilité de caisse a priori infinie. Le but est double. D’une part, il permet de contourner les tensions et la défiance qui prévalent sur le marché interbancaire. D’autre part, il devrait également permettre aux banques européennes d’acheter plus facilement des bons du Trésor des pays de la zone euro. Effectivement, en se finançant à 1 % sur trois ans, les banques ont a priori toute latitude pour acheter des obligations d’Etat rémunérées avec un rendement à plus de 3 %, voire parfois à plus de 6 %.
Jusqu’à présent, ce sauvetage a d’ailleurs plutôt bien fonctionné. Ainsi, apaisées par leurs facilités de caisse, les banques européennes ont financé sans rechigner les Etats eurolandais, y compris ceux des pays du Sud, permettant par là même une légère détente des taux obligataires. Dans ce cadre, la crise de la dette publique pourrait progressivement s’estomper. Mieux encore, l’investissement des entreprises et plus globalement la croissance et l’emploi reprendraient prochainement des couleurs.
Malheureusement, nous en sommes encore très loin. Certes, la stratégie récente de
Il aurait donc été beaucoup plus judicieux d’autoriser
Pour parvenir à ce taux de change idéal,
La bonne nouvelle réside donc dans le fait que l’action de
Espérons donc que cette année du Dragon sera aussi celle de Draghi, c’est-à-dire celle de la victoire du pragmatisme sur le dogmatisme qui, depuis plus de vingt ans, a fait tant de mal à notre vielle Europe et à notre douce France.
Marc Touati
Quid de l’économie cette semaine ?
En Allemagne aussi, tout n’est pas si rose !
Nos voisins allemands qui jusqu’à présent résistaient particulièrement bien face à la crise eurolandaise, commencent eux aussi à souffrir.
Certes, la semaine avait pourtant bien démarré pour l’économie allemande, puisque après avoir chuté de 4,9 % en novembre les commandes aux usines ont progressé de 1,7 % en décembre. Ces dernières ont bénéficié du rebond des biens d’équipements qui augmentent de 2,8 %, alors qu’ils avaient fortement baissé en novembre (-6,5 %). Par ailleurs, les commandes de biens de consommation repartent également à la hausse (+1,9 %) après un recul de 1,7 % en décembre.
Il faut cependant relativiser cette bonne performance car les commandes aux usines en décembre allemandes sont extrêmement volatiles depuis le mois de septembre.
En revanche, la forte chute de la production industrielle en décembre (-2,9 %) est particulièrement inquiétante. En effet, Il s’agit de la plus forte baisse depuis janvier 2009, et quasiment tous les secteurs sont dans le rouge.
A commencer par celui de la construction qui plonge de 6,4 % en décembre. Parallèlement, les biens d’équipement régressent de 3,6 % et la production d’énergie recule de 2,2 %. Enfin le secteur manufacturier & minier affiche une baisse de 2,7 %.
Si son glissement annuel reste solide en décembre (+1,3 %), la production industrielle allemande qui représente environ 24 % du PIB a reculé de 1,9 % au quatrième trimestre annonçant un net recul de l’activité.
La faiblesse de la production industrielle annonce un fort recul de l’activité au quatrième trimestre.
Sources :Bloomberg, Deutsche Bundesbank.
Le commerce extérieur fait également grise mine. Ainsi après avoir atteint 17,3 milliards d’euros en septembre 2011, l’excèdent commercial allemand est reparti depuis à la baisse pour se situer à 12,9 milliards d’euros en décembre.
Les exportations ont particulièrement souffert puisqu’elles ont chuté de 4,3 %.
Si ces dernières sont structurellement fortes du fait de leur bonne spécialisation sectorielle (environ 50 % de biens d’équipements contre 22 % pour
L’euro fort touche aussi les exportations allemandes.
Sources :Bloomberg, German Federal Stastistic. .
D’autre part les importations ont reculé de 3,9 % en décembre confirmant le manque de dynamisme de la demande intérieure. C’est d’ailleurs l’une des principales faiblesses de l’économie allemande qui ne bénéficie pas du relais de croissance de son marché domestique lorsque les exportations faiblissent. Il est vrai, que comme le Japon, l’Allemagne doit faite face à un recul de sa population. De surcroit la consommation des ménages représente environ 50 % du PIB Outre-Rhin…
Et la demande intérieure reste faible…
Sources :Bloomberg, German Federal Stastistic
Dans ce cadre, après avoir progressé de 0,5 % au troisième trimestre, le PIB Allemand devrait reculer de 0,5 % au quatrième trimestre. La zone euro qui ne pourra pas compter sur sa principale locomotive et encore moins sur les pays du sud, devrait voir son PIB chuter de 0,6 % sur la période marquant ainsi son entrée en récession.
Jérôme Boué
.La météo économique de la semaine écoulée :
Les évènements à suivre du 13 au 17 février :
Zone euro : le PIB repasse dans le rouge.
L’actualité économico-statistique sera particulièrement dense cette semaine outre-Atlantique. Nous suivrons les ventes au détail (mardi) puis la production industrielle (mercredi). Nous connaîtrons également les chiffres des mises en chantier et des permis de construire (jeudi) pour finir vendredi par la publication de l’inflation pour le mois de janvier et l’indicateur avancé du Conference Board.
De ce côté de l’Atlantique, nous prendrons connaissance des comptes nationaux eurolandais pour le quatrième trimestre.
Mardi 14 février, 14h30 (heure de Paris) : les ventes au détail américaines repartent à la hausse en janvier.
En perte de vitesse depuis le mois d’octobre, les ventes au détail américaines ont reculé de 0,2 % en décembre 2011. Pour le mois de janvier 2012, soutenues par 11 000 créations d’emplois dans le commerce de détail, ces dernières pourraient progresser de 0,6 %. Hors transport, nous anticipons une hausse de 0,5 %.
Mercredi 15 février, 11h : la zone euro entre en récession au quatrième trimestre.
Payant l’addition des erreurs de gouvernance de ses principaux dirigeants depuis dix ans et pénalisée par un euro trop fort, la zone euro va entrer en récession. En effet, la faiblesse de la consommation des ménages, de l’investissement des entreprises et de la production industrielle nous indiquent que la croissance eurolandaise pourrait chuter de 0,6 % au quatrième trimestre portant son glissement annuel à +0,4 %. La zone euro qui ne pouvait déjà plus compter sur les pays du Sud, subira également de plein fouet le fort ralentissement des économies françaises et allemandes dont les PIB respectifs pourraient reculer de 0,5 % au quatrième trimestre.
Mercredi 15 février, 15h15 : la production industrielle américaine reste solide en janvier.
Après avoir progressé de 0,9 % au quatrième trimestre 2011, la production industrielle américaine devrait bien démarrer l’année 2012. En effet, bénéficiant notamment de la reprise du secteur automobile, cette dernière pourrait augmenter de 0,8 % en janvier. Dans ce cadre, le taux d’utilisation des capacités de production devrait atteindre 78,7 %.
- Zone euro : le PIB repasse dans le rouge.
- “Quand la zone euro explosera…” Le prochain livre de Marc Touati