Triple A, AA+, Standard and Poor’s, Moody’s, Fitch, autant de noms et d’acronymes qui étaient quasiment inconnus du grand public il y a moins d’un an et qui sont aujourd’hui sur toutes les lèvres. Preuve incontestable de cette entrée en fanfare dans le quotidien des Français, un nombre incalculable de cartes et de mails de vœux ont été rédigés sous le sceau du triple A : Amour, Argent, Audace, Aventure, Ataraxie, j’en passe et des meilleurs… Ainsi, l’avenir de
Pour notre part, et comme nous l’avions écrit dès octobre dernier, le véritable enjeu ne résidait pas dans la perte du triple A français mais dans l’ampleur de cette dernière. Nous expliquions alors qu’une dégradation d’un cran à AA+ était déjà intégrée par les marchés et qu’elle n’aurait que peu d’impact sur les taux d’intérêt et sur les cours boursiers. Dans ce cadre, il est possible de dire qu’une fois encore, les agences de notations ont été conciliantes à l’égard de
Face à cette cacophonie, une question s’impose : Qui croire ? Où est la vérité ? Pour répondre à ces questions, il faut tout d’abord souligner ou plutôt rappeler que les agences de notation ne sont pas des modèles de transparence. Loin s’en faut. Ainsi, les notes qu’elles « fabriquent » ne sont pas le produit d’un calcul objectif, mais d’une analyse subjective. Si elles avaient dû adopter une lecture stricte et objective des données économiques et financières de
La réalité de notre économie est effectivement sans appel : une dette publique de bientôt 90 % du PIB, une part des dépenses publiques de 57 %, un déficit annuel moyen de 4,3 % du PIB depuis dix ans et de 6 % depuis quatre ans. Autant de dépenses et de déficits pour obtenir une croissance économique annuelle moyenne de seulement 1,2 % au cours des dix dernières années et de 0,1 % de 2008 à 2011. Pis, la récession est déjà en train de faire son grand retour, ce qui devrait se traduire par une augmentation du PIB d’au mieux 0,5 % en 2012. Pour la cinquième année consécutive, la croissance française sera donc insuffisante pour simplement compenser le paiement des intérêts de la dette publique. Pour régler ces derniers, il va donc encore falloir s’endetter. Autrement dit, commencée il y a quatre ans, la bulle de la dette n’est pas près de se dégonfler. Enfin, pour couronner le tout, il faut savoir que, depuis environ six ans, l’actif net de l’Etat français est négatif. Cela signifie que, même en vendant tous ses actifs, ce dernier ne couvre pas l’ensemble de sa dette.
Dans ce contexte, comment est-il possible de maintenir le triple A de
En conclusion, il n’est pas possible de faire confiance aux agences de notation. Comme nous l’avons souvent évoqué, ces dernières sont comparables à la cavalerie dans les westerns américains, c’est-à-dire qu’elles arrivent toujours après la bataille. Par exemple, avant 2007, elles n’avaient pas hésité à attribuer un triple A à des dettes titrisées sur des actifs subprimes, donc extrêmement dangereux. De même, avant la crise grecque, les dettes hellènes, portugaises et espagnoles étaient présentées comme de très bonne qualité. Ce n’est qu’après le début de la crise, que les agences de notation se sont précipitées pour annoncer de fortes dégradations.
Autrement dit, l’important ne réside pas dans les notes des agences de rating. Ces dernières ne constituent finalement qu’un thermomètre en mauvais état qui ne donne qu’une vague idée de la température ambiante. L’essentiel se situe plutôt dans la capacité de
Le comportement des pays eurolandais s’apparente donc à celui de Gad Elmaleh dans « la vérité si je mens 2 », lorsqu’il présente sa société à des clients potentiels en leur faisant croire que cette dernière est solide, irréprochable et de haute technologie, alors qu’il ne s’agit que d’une coquille vide en plein désert. Jusqu’à présent, les agences de notation ont fait semblant de ne pas voir l’envers du décor, mais il est clair que cette indulgence ne sera pas éternelle. Tôt ou tard, il faudra affronter la réalité. C’est ce que nous devrons forcément faire après les échéances électorales du printemps prochain. L’heure de vérité approche à grands pas…
Marc Touati