Humeur :
A force de tirer sur la corde, elle finit par se casser. Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se brise. La sagesse populaire ne manque pas d’adages et de proverbes pour rappeler que les abus finissent toujours par se payer très chers. Les péripéties de la crise grecque depuis deux ans, et, plus globalement, les erreurs répétées des dirigeants de la zone euro depuis une décennie n’ont cessé de le confirmer. En effet, après des mois de négociations et de réunions « de la dernière chance », les dix-sept pays de l’Union Economique et Monétaire ont finalement réussi à se mettre d’accord pour sauver
Malheureusement, c’était sans compter le coup de poker, ou plutôt le coup de folie de M. Papandréou. L’anagramme de son nom était d’ailleurs peut-être prémonitoire : «Nappadeuro». Ainsi, plutôt que de faire profil bas et de mettre en œuvre rapidement le plan de sauvetage, le Premier ministre grec a préféré réactiver les braises encore incandescentes d’un incendie qui venait à peine d’être éteint, après deux ans de ravages. Pour ce faire, il a tout simplement décidé d’engager un référendum sur le plan d’aide européen. Et ce, tout en sachant pertinemment qu’après deux ans de récession, la population grecque refusera une nouvelle cure d’austérité et votera certainement « Non ».
Si la démarche est évidemment acceptable d’un point de vue démocratique, elle pose néanmoins plusieurs questions. D’abord, pourquoi M. Papandréou n’a-t-il pas prévenu ses partenaires européens que l’accord du 26 octobre devait être ratifié par la population ? Ensuite, si le premier ministre grec n’était pas sûr de lui ou encore n’était pas complètement satisfait du plan d’aide, pourquoi a-t-il accepté de le signer ? Enfin, si le référendum a finalement été annulé, du moins pour le moment, il est clair que les évènements des derniers jours laisseront des traces indélébiles, mais lesquelles ?
Face à un tel imbroglio digne d’un vaudeville de Feydeau, deux types de réponses sont envisageables. Première possibilité : M. Papandréou n’est tout simplement pas la hauteur de
Si cette première possibilité appelle une démission rapide de M. Papandréou, la deuxième est beaucoup plus machiavélique. En effet, l’affront de ce dernier à l’égard de ses homologues eurolandais ne serait peut-être pas le fruit de l’incompétence ou d’une bourde déplacée, mais d’un fin calcul stratégique. Ainsi, après avoir bénéficié au maximum de la bienveillance de leurs partenaires eurolandais et conscient que, désormais, son peuple n’est plus disposé à supporter le moindre nouvel effort, le gouvernement grec pourrait avoir mis au point un plan B : celui d’un « Chevalier blanc ».
Il est effectivement clair que si
En résumé, quelle que soit la véritable motivation de M. Papandréou, sa décision constitue une bombe qui sera lourde de conséquences et qui, même si le référendum est a priori annulé, pourrait aboutir à l’explosion de la zone euro. Car, si
L’avenir de cette dernière pourrait donc prendre trois formes. Primo, si les mesures ci-dessus sont appliquées, un sauvetage in extremis. Secundo, si rien n’est fait, une destruction pure et simple, avec retour des anciennes devises nationales. Tertio, une solution intermédiaire, à savoir une zone euro de seulement cinq ou six pays économiquement très proches, avec une harmonisation des conditions fiscales et réglementaires, ainsi qu’un budget fédéral. C’est d’ailleurs ce qui était prévu initialement par le Traité de Maastricht. Cependant, en 1999 et pour des raisons bassement politiques,
Quid de l’économie cette semaine ?
Emploi américain : doucement mais sûrement.
Bien qu’il n’ait toujours pas trouvé sa vitesse de croisière, le marché du travail américain se redresse doucement.
Ainsi, après avoir créé 158 000 emplois en septembre (contre 103 000 lors de la précédente publication), la job machine américaine en a généré 80 000 en octobre, soit un total de 1 256 000 depuis le début de l’année.
Comme attendu, au vu de la dernière enquête
A noter également la bonne tenue du secteur du détail qui après avoir créé 13 000 emplois en septembre en a généré 18 000 en octobre. Sans oublier le secteur manufacturier qui après deux mois difficiles est redevenu créateur net d’emplois en octobre (+ 5000). Enfin le secteur public continue logiquement de détruire des emplois (-24 000 en octobre).
Alors qu’elle devrait créer 200 000 emplois par mois pour être à plein régime la job machine américaine est cependant encore à la traine.
Le secteur des services tire l’emploi.
Sources : Bureau of Labor Statistics, Datastream
Par ailleurs, le glissement annuel de l’emploi recule avec un niveau de +1,15 % YoY en octobre après 1,23 % YoY en septembre. Pour les prochains mois, l’évolution de l’emploi devrait toutefois se reprendre. C’est en effet ce qu’indique l’indice emploi de la dernière enquête ISM dans le secteur non-manufacturier qui a atteint un niveau de 53,3 en octobre après 48,7 en septembre. Parallèlement, son équivalent dans le secteur manufacturier reste sur le niveau consistant de 53,5 en octobre après 53,8 en septembre.
Comme l’indiquent les indices ISM, l’emploi devrait se redresser dans les prochains mois.
Sources : BLS , ISM ,Datastream
Petite satisfaction, le taux de chômage qui affiche un niveau de 9,1 % depuis le mois de juillet, recule légèrement pour atteindre 9 %. Cependant, alors que l’économie mondiale ralentit et que le dollar reste élevé, le cercle vertueux investissement-emploi-consommation n’est toujours pas en place.
Le taux de chômage recule mais reste élevé.
Sources : BLS ,Datastream.
D’autre part, les salaires progressent encore mais ne font pas d’étincelles (+0,2 % pour le salaire horaire moyen comme pour le salaire hebdomadaire moyen) portant leurs glissements annuels à + 1,8 % Enfin, le nombre hebdomadaire d’heures travaillées reste stable à 34,3.
Pour conclure, le marché de l’emploi progresse doucement mais sûrement et si le taux de chômage restera néanmoins élevé cette année pour afficher en moyenne un niveau de 9 %, il devrait reculer à 8,5 % en 2012.
Jérôme Boué
.La météo économique de la semaine écoulée :
Les Marchés:
Avec Draghi,
A ceux qui voulaient laisser croire que Jean-Claude Trichet n’était pour rien dans la stratégie extrémiste de
En effet, alors qu’il y a tout juste un mois, l’ancien Président de
Certes, la baisse du taux refi n’a été que de 25 points de base, ce qui reste insuffisant si l’on veut sortir la zone euro de la récession dans laquelle elle est en train de replonger.
La zone euro tout droit vers la récession.
Sources : Bloomberg, Markit PMI
Cependant, la bonne direction a été prise : « Super Mario » ne suivra pas les traces de ses deux prédécesseurs et fera son maximum pour éviter de sacrifier la croissance sur l’autel de l’inflation.
Pour autant, il ne faut pas non plus crier victoire trop vite. Tout d’abord, parce que le taux refi de
Ce dernier étant compris entre 0 % et 0,25 %, les mouvements de carry trade (emprunts de dollars à court terme pour acheter des euros mieux rémunérés) risquent de se poursuivre. Ce qui empêchera une dépréciation significative de l’euro.
Autrement dit, pour vraiment relancer la croissance,
Ces évolutions soutiendront alors automatiquement l’économie eurolandaise qui pourra sortir de la récession et retrouver le chemin d’une croissance appréciable.
Le taux refi est encore trop élevé par rapport à ses homologues.
- Une petite semaine statistique.
- La quadrature du cercle.