Un “Non” au référendum grec pourrait marquer la fin de la zone euro…

 

La semaine dernière, dans nos colonnes, vous ne vous montriez pas très optimiste sur ce sommet de la dernière chance, censé sauver la zone euro. L’annonce de l’organisation d’un référendum par Papandréou sur le plan d’aide à la Grèce vous donne raison. Que se passe-t-il ?

C’est dramatique ! Nous sommes vraiment dans un Vaudeville ! Nous espérons tous que les dirigeants de la zone euro sont à la hauteur de la situation. Malheureusement, ils ne le sont pas. La crise dure depuis deux ans. Il a fallu des semaines pour arriver à un accord, conclu la semaine dernière. Certes, cet accord n’est pas parfait car il ne résoud pas les problèmes de croissance et de gouvernance de la zone euro, mais il permet au moins à la Grèce d’éviter la faillite, avec toutes ses conséquences. Et voilà que Papandréou casse tout ! Il jette de l’huile sur le feu avec l’annonce de ce référendum.

Quelle mouche l’a piqué ?

Soit il s’agit d’un manque de compétences. Il a paniqué. Il n’est pas à la hauteur. Soit, il a un plan B dans la tête. Ce plan, c’est de sortir de la zone euro car la probabilité d’un non au référendum est très forte. Je vois mal les Grecs, qui souffrent, accepter la rigueur qu’on leur propose.

Que se passe-t-il, concrètement, si, en janvier, les Grecs disent « non » ?

Immédiatement, la Grèce se trouve en faillite et quitte la zone euro. Car, si les Grecs rejettent le plan d’aide, au lieu d’emprunter de l’argent à 4,5 % à l’Europe, la Grèce devra se financer au taux que lui demande le marché, soit 25 % à dix ans, 70 % à deux ans, ce qui est impossible. Pour prendre un tel risque, il faut un chevalier blanc qui épongera la dette présente et à venir. Attention, là, je fais de l’économie fiction…

Ce chevalier blanc ne serait pas, plutôt, un chevalier jaune ?

Exactement. On ne voit que la Chine pour jouer ce rôle.

Quelles sont les conséquences pour les autres pays de la zone euro d’un défaut grec, qui revient sur le devant de la scène ?

Elles sont énormes. Les banques et les États qui ont prêté à la Grèce s’assoient sur leurs créances. Cela entraîne automatiquement une dégradation de la France qui perd son triple A, peut-être même de l’Allemagne. C’est une bombe ! On ouvre la boîte de Pandore ! D’autres pays seront tentés d’imiter la Grèce. A terme, c’est la fin de la zone euro. Papandréou vient de porter un coup d’épée dans le dos de Sarkozy et de la zone euro.

Les Bourses ont mal réagi, évidemment. A ce rythme, où vont les marchés ?

Le défaut de la Grèce est déjà dans les cours, ce qui explique que les baisses n’aient pas été encore plus fortes. Mais, le vrai danger c’est la suite. Le cas grec va-t-il faire tâche d’huile ? Il n’y a plus aucune visibilité. Les Bourses vont faire le yo-yo. L’euro est entraîné à la baisse. C’est la seule bonne nouvelle car l’euro fort casse la croissance.

Propos recueillis par Ludovic BASSAND