C’est donc François Hollande qui sera le challenger à gauche de Nicolas Sarkozy. Fort de sa large victoire et du succès des primaires, il représente le meilleur espoir de la gauche depuis la « sortie de route » de DSK. Qui plus est, Nicolas Sarkozy est déjà donné largement perdant dans leur future confrontation. Les Français ainsi que son propre camp ne voudraient plus de lui. Selon un récent sondage, Juppé serait même considéré comme un meilleur candidat que Nicolas Sarkozy pour représenter l’UMP à l’élection présidentielle. Selon le même sondage, l’actuel Président aurait seulement 23% de chances de l’emporter. Plus généralement, nombreux à droite sont ceux qui pensent que François Fillon serait un meilleur candidat que l’actuel Président. On évoque même très sérieusement l’hypothèse d’une non-candidature de Nicolas Sarkozy. Certes, le Chef de l’Etat traverse une très mauvaise passe mais de là à dire qu’il est incapable de remonter la pente, il y a un pas que nous ne franchirons pas.
Tout d’abord, il ne faut pas oublier que nous sommes à six mois de l’élection présidentielle, c’est à la fois très court et très long. En effet, de nombreux événements peuvent encore survenir dans cette période. De plus, la crise de la zone euro qui nous concerne tous n’a pas encore trouvé d’issue et beaucoup d’incertitudes demeurent au jour d’aujourd’hui. C’est une variable fondamentale car si la France constate qu’une pleine tempête économique et financière, le capitaine du bateau sait tenir le cap, la donne peut rapidement changer. Il est vrai que François Hollande est un adversaire des plus dangereux pour Nicolas Sarkozy. Premièrement, il jouit d’un large rassemblement derrière sa personne à l’issue de ces primaires. L’homme fait neuf, il a donc cette forte capacité à incarner le changement en se posant parfaitement en candidat de la rupture.
Rupture avec les excès du capitalisme, rupture avec les inégalités sociales, en un mot rupture avec le sarkozysme. Etant moins à gauche que Martine Aubry, il représente un adversaire beaucoup plus redoutable pour Nicolas Sarkozy, car il peut davantage fédérer au delà de son propre camp. Cependant, François Hollande part avec plusieurs handicaps, à commencer par le manque d’expérience. En effet, tous les présidents de la Cinquième République avaient déjà été plusieurs fois ministres. En période de crise, il est important de rassurer et d’asseoir son image derrière des compétences et des réalisations concrètes. De plus, François Hollande n’a pas de dimension internationale. Se déplaçant très peu à l’étranger, il est quasiment inconnu au delà de l’hexagone. Autre défaut souvent pointé, sa mollesse légendaire qui bien que caricaturée, reste néanmoins réelle. Sur ce point précis, il tranche réellement avec Nicolas Sarkozy puisque l’on passerait de l’hyper Président à l’hypo Président. Les Français ont besoin de poigne, et ce fut d’ailleurs une des clés du succès de Nicolas Sarkozy en 2007.
Enfin, François Hollande n’a aucune expérience en matière de campagne présidentielle, et ce n’est pas un détail. On se souvient d’Edouard Balladur surnommé Ballamou, qui fort d’une excellente popularité, avait fait une très mauvaise campagne, avec le résultat qu’on connaît. Au delà des idées, François Hollande pourrait donc passer pour un amateur face au très expérimenté Nicolas Sarkozy. L’élection présidentielle de 2012 va donc se jouer sur la qualité de la campagne, le projet des candidats et sur leur capacité de rassemblement dans leur propre camp et au delà. Si l’élection présidentielle avait lieu aujourd’hui, François Hollande serait probablement élu Président, mais l’élection a lieu dans six mois et on aurait tort d’enterrer l’actuel Président si vite.
La phrase de la semaine :
«Si nous ne payons pas pour
Jérôme Boué