Dans les années 1980 et jusqu’au début des années 1990, il était présenté comme l’exemple à suivre. Au dire des experts et des professeurs d’économie de l’époque, il n’y avait même aucun doute : le modèle japonais allait s’imposer à l’ensemble des pays développés, voire de
Ces deux erreurs simultanées furent les gouttes d’eaux qui firent déborder le « vase impérial ». En quelques trimestres, toutes les bulles qui s’étaient formées au Japon éclatèrent les unes après les autres : immobilier, marchés boursiers, secteur bancaire… Ainsi, tout ce qui paraissait constituer la puissance inaltérable du Japon se révélait finalement être une source de faiblesse. Pour ne rien arranger et toujours avec une arrogance hors pair, les autorités nipponnes ne réalisèrent pas tout de suite la gravité de
De la super-puissance qu’elle constituait dans les années 1980, l’économie nipponne est devenue un modèle à ne pas suivre, contredisant par là même toutes les prévisions du début des années
Pour autant, le vieux rêve des Japonais d’imposer leur modèle au reste du monde occidental peut encore devenir réalité. Simplement, ce modèle ne sera certainement pas celui du dynamisme des années 1980, mais plutôt celui de la déflation des années 1990-2010. Car, même si nous n’en sommes heureusement pas encore là, la situation actuelle des pays dits développés ressemble de plus en plus à celle du Japon. Et ce, en particulier dans la zone euro. En effet, les mêmes erreurs ont été commises : arrogance, dogmatisme, politique monétaire trop restrictive, taux de change surévalué, explosion de la dette publique et le tout couronné par une croissance structurellement molle. Enfin, histoire de parachever le « modèle », les bulles boursières, bancaires et immobilières se sont mises à éclater un peu partout, y compris aux Etats-Unis. D’ailleurs si ces derniers réussissent encore à générer une croissance un peu plus forte que celle de la zone euro, ils sont tombés eux aussi dans le même piège de l’augmentation inefficace des dépenses et des dettes publiques. Les deux seules issues de secours qu’a su conserver l’Oncle Sam sont la faiblesse des taux directeurs et un dollar sous-évalué.
Toujours est-il que, comme le montrent les niveaux très bas des taux d’intérêt à long terme des deux côtés de l’Atlantique (à l’exception des pays du Sud de l’Europe), les risques de déflation sont largement supérieurs aux chances de fort rebond économique. Pour éviter de se « japoniser », les dirigeants politiques et monétaires américains et européens doivent tout faire pour ne pas rééditer les erreurs du passé. Ils doivent donc consacrer des taux de change plus normaux, cesser de vouloir lutter contre une inflation imaginaire, ce qui finit toujours par accroître les risques déflationnistes. Il faut être clair : mieux vaut une inflation de 3,5 %, avec une croissance de 3 % en volume (donc de 6,5 % en valeur), plutôt qu’une inflation à zéro et a fortiori négative, avec une croissance de 1 % en volume. C’est cette erreur que ne cessent de commettre les Eurolandais depuis dix ans. Il est urgent que cela cesse. Enfin, l’intervention de l’Etat dans l’économie doit aussi être repensée, non pas seulement vers « Moins d’Etat » mais surtout vers « Mieux d’Etat ». Il en va de la crédibilité et de l’efficacité économique du monde dit développé.
Si ce dernier ne parvient pas à s’engager dans cette triple voie, alors, il faut se rendre à l’évidence : le modèle japonais de la déflation s’imposera, avec les dégâts durables que cela engendrera. Et ce, tant d’un point de vue financier, économique et social. Dans dix ans, les économistes de la future première puissance mondiale, en l’occurrence