Serions-nous en train de vivre une histoire similaire à celle du film « Un jour sans fin » ? Dans ce dernier, le personnage principal apparaît condamné à revivre éternellement la même journée, qui plus est, une journée plutôt exécrable. Désespéré, il tente même de se suicider, mais se réveille aussitôt pour revivre cette journée infernale. Un jour (toujours le même évidemment), il rencontre un SDF qui, affamé, meurt dans ses bras. Pour éviter que cette triste scène se reproduise, il s’emploie alors à le nourrir, le vêtir, le réchauffer, mais rien n’y fait, celui-ci finit toujours par mourir au même moment. En désespoir de cause, il installe son « nouvel ami » dans un hôpital pour prévenir le trépas. Mais, cette fois-ci encore, ce dernier quitte ce monde. Devant la tristesse et l’irritation du condamné à revivre la même journée, une infirmière lui lance : « c’était inévitable, c’était son heure… »
Toute proportion gardée, c’est également ce sentiment de « déjà vu » et d’éternel recommencement qui semble diriger la vie économico-financière internationale depuis quelques années. A chaque fois, les mêmes erreurs produisent les mêmes catastrophes. Ainsi, en 2007-2008, le fort assouplissement de la politique monétaire américaine juxtaposée à la remontée des taux directeurs de
Pourtant, la même histoire se répéta quelques trimestres plus tard.
Malheureusement, l’accalmie ne fut que de courte durée. Après avoir refusé d’aider leurs amis grecs, les Eurolandais décidèrent effectivement de leur apporter leur soutien. Les marchés crurent alors que la crise de la dette publique était sinon finie, du moins en voie de résorption. Il n’en était rien. Face à cet apaisement, l’euro repartit à la hausse et ce d’autant que
Quasiment instantanément et toujours très logiquement, les menaces sur la croissance des pays en difficulté réapparurent et les taux des obligations des Etats grec, irlandais et portugais repartirent à la hausse. La palme de la flambée revenant néanmoins à
Face à ces mouvements répétitifs et à ces mêmes erreurs sans fin, une question s’impose : cela va-t-il s’arrêter un jour ? Les Européens vont-ils enfin comprendre qu’il y a des réalités inévitables ? Parmi, celles-ci, il serait par exemple bon d’accepter que les risques d’hyperinflation sont moins élevés que les risques de déflation. De même, il serait primordial d’admettre qu’un taux de change doit aussi refléter une réalité économique. Pour l’euro, cette dernière indique ainsi que la devise européenne devrait se situer entre 1,15 dollar (selon la parité des pouvoirs d’achat) et 1,20 dollar (selon le taux de change naturel dit Natrex). En outre, il serait également bienvenu d’arrêter de vouloir éviter ce qui est inéluctable. Ainsi, il est illusoire de refuser un rééchelonnement de la dette grecque et de laisser croire qu’une politique de rigueur réussira, seule, à mettre un terme à la crise hellène (cf. notre Humeur du 13 mai 2011). Pour résoudre cette dernière, il faudra avant tout donner un bol d’air à
Arrêtons donc de nous voiler la face : il faut accepter la réalité et réagir en conséquence en se remettant en question régulièrement pour espérer des lendemains meilleurs. Car, à l’image du nuage islandais de 2011, qui a été beaucoup moins « nocif » et perturbateur que celui de 2010, le pire n’est jamais certain. Autrement dit, la persistance de la crise grecque et plus globalement de la zone euro n’est pas une fatalité. Cette crise est avant tout due à l’absence de gouvernance fiable au sein de l’UEM. Pour sauver cette dernière, il est donc urgent de remplacer le dogmatisme de
Marc Touati