Opération reconquête pour Sarkozy le « mal aimé ».

 

« J’ai beaucoup de cicatrices, je suis recousu de partout » : c’est ainsi que Nicolas Sarkozy se plait à décrire son parcours politique semé d’embûches. Il est vrai que rarement un homme politique n’aura subi autant d’attaques sur sa personne. Le personnage est beaucoup plus complexe qu’on ne veut bien le laisser entendre, et comme toujours, il est indispensable de distinguer la forme du fond. Sa personnalité détestable pour beaucoup est un véritable fond de commerce pour des auteurs en quête de tirages importants. A ce jour, près de 200 livres ont été consacrés à celui qui fascine toujours autant les Français. On est bien souvent dans la surenchère puisque c’est à celui qui dévoilera les anecdotes les plus croustillantes sur la personnalité du Président. Les deux derniers ouvrages qui viennent d’être publiés s’arrachent comme des petits pains.

 

Celui de Nicolas Domenach et Maurice Szafran : «Off, ce que Nicolas Sarkozy n’aurait jamais du nous dire», nous prouve une fois qu’en politique, rien n’est off. Ces situations vécues qui peignent au vitriol Nicolas Sarkozy renforceront l’opinion des uns et en choqueront sûrement d’autres. Ensuite, Franz Olivier Giesbert, le spécialiste du lynchage des hommes politiques, après avoir égratigné Chirac et Villepin, s’en prend à Nicolas Sarkozy. A environ un an de l’élection présidentielle, FOG se considère peut être d’utilité publique… Les menaces, les rapports de force, le non contrôle de soi, la colère, sont une fois de plus les principaux traits de caractère de Sarkozy. Il faut cependant souligner qu’en 2007, les innombrables attaques personnelles envers Nicolas Sarkozy n’ont pas porté leurs fruits, voire se sont retournées contre leurs auteurs.

 

Toutefois, alors que l’échéance approche, le président se doit de défendre son bilan. A l’heure où environ vingt challengers se préparent à la course à l’Elysée et où les sondages sont toujours aussi bas pour le «tenant du titre», l’Elysée publie le bilan de quatre années d’action au pouvoir. Il s’agit davantage d’une opération de reconquête de l’opinion afin de défendre l’action du Président derrière sa personnalité. Si comme toujours la bilan est contrasté, il est manifeste que les Français auront la mémoire sélective. En effet, nul doute que ces derniers attacheront une importance particulière à ce qui touche leur quotidien, au détriment de l’action à l’international. Suppression des droits de succession, service minimum, réforme des régimes spéciaux de retraites, voilà des mesures sur lesquelles Nicolas Sarkozy a marqué des points.

 

Il existe cependant une nuance importante entre le bilan réel de Nicolas Sarkozy et la perception qu’en auront les Français. Pour cela, nul doute que Nicolas Sarkozy va renfiler sa panoplie de brillant communiquant et va user de pédagogie afin de «vendre» ses réformes. Alors que subsistent encore beaucoup d’incertitudes, il semble clair que si Nicolas Sarkozy utilise – comme il le fait actuellement – les recettes de 2007, c’est l’échec assuré. L’équation est complexe car s’il aura beaucoup de mal à montrer qu’il a changé au niveau de sa personne, le Président devra démontrer que la France a changé et qu’il est le mieux placé pour poursuivre cette action. Après la rupture, Nicolas Sarkozy va donc vendre la continuité.

 

La phrase de la semaine :

«Aujourd’hui, il est clair qu’il y a des gens qui cherchent à aider le Président et d’autres, à le planter». De Jean-François Copé.

Jérôme Boué