France : les consommateurs lâchent prise.

 

C’est un fait : les arbres ne montent pas au ciel. La baisse de 0,7 % de la consommation des ménages français en mars ne fait que le rappeler. Il est vrai qu’après avoir soutenu la croissance française coûte que coûte depuis plus de dix ans, la consommation hexagonale apparaissait de plus en plus comme un moteur indéfectible qui ne pourrait jamais s’arrêter. Mieux, au moment où celui-ci commençait à « caler », la prime à la casse de 2009-2010 est venue prolonger l’illusion. Seulement voilà, toutes les bonnes choses ont une fin et la vigueur de la consommation des Français n’échappe pas à la règle.

Certes, le repli de 0,7 % des dépenses des ménages en produits manufacturés en mars n’est pas catastrophique. D’ailleurs, en dépit de ce recul, celles-ci augmentent de 1,2 % sur l’ensemble du premier trimestre, ce qui est plutôt bon signe pour la croissance du PIB de cette même période.

En revanche, il faut noter que tous les secteurs d’activité enregistrent une nette baisse de consommation en mars. A commencer par l’automobile qui, après avoir déjà chuté de 6,7 % en janvier, puis rebondi dans un dernier sursaut de 0,9 % en février, recule encore de 1,6 % en mars. Les promotions en tous genres des concessionnaires pour essayer de faire oublier la fin de la prime à la casse ont donc été vaines. Et ceci n’est malheureusement pas prêt de s’inverser : après avoir été soutenue artificiellement pendant deux ans, la consommation automobile française est entrée dans une longue traversée du désert qui durera au moins jusqu’en 2012.

Parallèlement, après avoir rebondi exceptionnellement de 4,1 % en février, grâce au prolongement des soldes sur ce dernier mois, les dépenses de textile-cuir ont chuté de 2,2 % en mars. Quant aux achats de biens d’équipement du logement, ils limitent la casse, mais reculent tout de même de 0,6 %.

Même si elles ne sont pas catastrophiques, ces évolutions rappellent une triste et inévitable réalité : la petite reprise de 2010 est déjà en train de s’étioler. Pis, la flambée des cours des matières premières et notamment du pétrole, sans oublier l’augmentation des taux d’intérêt vont encore grever le pouvoir d’achat des ménages et réduire de facto leurs dépenses de consommation.

Nous nous retrouvons donc dans une situation analogue à celle du printemps 2008 : le prix du pétrole s’envole, l’euro s’apprécie dangereusement, les taux d’intérêt augmentent et la consommation s’affaisse. Il existe cependant une différence de taille : il y a trois ans, les autorités monétaires et budgétaires disposaient d’une marge de manœuvre notable pour relancer la machine. Ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Autrement dit, la consommation restera moribonde sur l’ensemble de l’année 2011, ne progressant que de 1,3 % en moyenne. Cette mollesse ne manquera évidemment pas de peser sur la croissance du PIB français, qui, après un premier trimestre correct, devrait fortement reculer jusqu’à la fin 2011. Sur l’ensemble de cette année, celle-ci se situera, selon nous, entre 1,5 % et 1,8 % dans le meilleur des cas. Attachez vos ceintures….

 

Marc Touati