Quelle horreur ! L’inflation française a atteint la barre fatidique des 2 % en mars 2011, une plus haut depuis octobre 2008. « L’intelligentsia » monétariste hexagonale et européenne va évidemment crier au scandale et réclamer de nouvelles augmentations des taux directeurs de
En fait, comme au printemps-été 2008, il s’agit de la pire inflation qui soit, celle qui est due à la flambée internationale des cours des matières premières et qui s’accompagne d’une économie hexagonale moribonde.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en mars, les prix des produits frais ont grimpé de 2,9 % et les prix des produits pétroliers de 4 %. Le glissement annuel de ces derniers atteint ainsi 19,6 %. En outre, compte tenu de la correction de « l’effet soldes », les prix des produits manufacturés ont progressé de 1,3 % en mars. Ces évolutions exceptionnelles et non-extrapolables sont donc les principales origines de l’augmentation de 0,8 % des prix à la consommation au cours du mois dernier.
Pourtant, ces tensions ne doivent pas faire oublier que de nombreux secteurs sont encore en déflation. Ainsi, en dépit de la progression corrective de mars, le glissement annuel des prix des produits manufacturés atteint – 0,4 % (- 1,4 % pour l’habillement et – 2 % pour les produits de santé). Il en est de même dans le secteur des transports et communications avec une baisse annuelle de – 0,5 %.
Ces évolutions contradictoires entre d’un côté les prix alimentaires et énergétiques et de l’autre les autres produits se traduisent par une inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors prix volatils) de 0,7 %. Nous sommes donc très loin de l’hyper-inflation.
C’est bien là le drame récurrent de l’économie française : elle doit à la fois subir la forte hausse des cours mondiaux des matières premières, qui vient grever le pouvoir d’achat des ménages et accroître les coûts des entreprises, et, dans le même temps, pâtir d’une croissance molle, qui limite l’emploi et les revenus des ménages.
Et malheureusement, cette tendance risque de se prolonger dans les prochains mois. Non seulement parce que les cours des matières premières continuent d’augmenter, mais aussi parce que le renchérissement de l’euro va encore casser la croissance eurolandaise, tout en affaiblissant le dollar, ce qui ne manquera pas d’alimenter la hausse des cours des matières premières.
C’est triste à dire, mais nous sommes donc en train de revivre un scénario similaire à celui du printemps-été 2008 : les cours des matières premières flambent exagérément, la croissance française et eurolandaise s’affaisse,
Marc Touati