Campagne présidentielle: Sarkozy avance à pas de Guéant.

 

Mais quelle mouche a piqué notre tout nouveau Ministre de l’Intérieur Claude Guéant ? Lui, l’homme de l’ombre, le brillant serviteur de l’Etat, Monsieur zéro défaut, se retrouve sous les feux de la rampe, incarnant par ses déclarations sulfureuses la dérive droitière de l’UMP. Il faut dire que l’ex secrétaire général de l’Elysée n’y a pas été avec le dos de la cuillère, affirmant : « Les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux. », ou parlant de « croisade » à propos de l’intervention en Libye, sans oublier une mention spéciale pour les « agents des services publics qui ne doivent pas porter de signes religieux ». Attaqué par une gauche indignée, Claude Guéant, l’homme dont les compétences transcendaient les clivages politiques, est bel et bien rentré dans l’arène. Ce grand serviteur de l’Etat qui par définition de faisait pas de politique, a basculé en 2004 quand Jacques Chirac lui a refusé le poste pourtant mérité de Préfet de Police du fait de sa trop grande proximité avec Nicolas Sarkozy.

 

D’une loyauté indéfectible à Nicolas Sarkozy dont il conduira la campagne en 2007, on peut définitivement affirmer que le politique l’emporte aujourd’hui sur l’homme de dossiers. Claude Guéant se fait désormais l’écho de la stratégie électorale de Nicolas Sarkozy et ses dérapages sont donc parfaitement contrôlés. Le Ministre de l’Intérieur semble directement piloté par Nicolas Sarkozy qui est lui même sous l’influence d’un de ses mentors, Patrick Buisson. Ce dernier, ex Directeur de la rédaction de Minute puis de Valeurs Actuelles, est l’un des conseillers les plus écoutés de Nicolas Sarkozy. Le Président n’a t il d’ailleurs pas affirmé en 2007, lorsqu’il lui remit la Légion d’Honneur, que c’est grâce à Patrick Buisson qu’il a été élu Président. Alors que Nicolas Sarkozy souffre d’une impopularité structurelle, il suit le cap fixé par Buisson qui met à la barre à droite toute pour contrer l’ascension de Marine Le Pen dans la perspective de 2012. Enfourchant le cheval du populisme, il n’hésite pas pratiquer la chasse à courre aux électeurs sur les terres de Marine Le Pen, en utilisant Claude Guéant comme rabatteur.

 

De telles dérives ne sont pas nouvelles à droite, même s’il semble que l’on atteigne actuellement des niveaux inégalés. On se souvient notamment de la formule de Jacques Chirac à propos « du bruit et des odeurs ». Nicolas Sarkozy joue cependant avec le feu car cette stratégie de surenchère pourrait le brouiller avec une partie de son électorat qui ne retrouverait pas les idéaux républicains si chers à Dominique de Villepin. De plus, cette tactique s’est déjà révélée contre productive lors des dernières élections cantonales. Nicolas Sarkozy n’a peut être fait que renforcer les thématiques du Front National, mais les électeurs préféreront peut être cette fois ci l’original à la copie.

 

La phrase de la semaine :

«En ce moment, il vaut mieux être venu de la Corrèze que du FMI». De Nicolas Sarkozy à propos de François Hollande.

Jérôme Boué