Elysée 2012 : une peur bleue Marine.

 

C’est un sondage qui a mis le feu aux poudres : une enquête d’opinion « le Parisien – Louis Harris » qui donnait Marine le Pen qualifiée pour le deuxième tour des présidentielles éliminant au passage Nicolas Sarkozy… Alors que la côte de popularité du chef de l’Etat est au plus bas, les esprits s’échauffent avec en filigrane le spectre du 21 avril 2002. Une date qui restera à jamais gravée dans les esprits à l’image du visage plein d’effroi et de tristesse des partisans de Lionel Jospin quand ils virent la tête de Jean Marie le Pen à l’écran aux côtés de Jacques Chirac. Le diable en personne venait de faire son apparition. Lionel Jospin, alors Premier Ministre, qui disposait pourtant des infos des RG et des tous derniers sondages, ne fut informé que 2 heures avant le résultat. Le ciel venait de lui tomber sur la tête.

Un des grands enseignements de ce fameux 21 avril 2002 est qu’il faut relativiser la valeur prédictive des sondages en évitant notamment de les sur pondérer. Rappelons que les instituts de sondages donnaient vainqueurs VGE en 1981, Balladur en 1995 et Jospin en 2002. Ces deux derniers n’ont même pas franchi le seuil du premier tour. Pendant près de 12 mois, nous allons donc être abreuvés d’enquêtes d’opinion se contredisant les unes les autres, à l’image du dernier sondage IFOP pour France Soir, qui donne au premier tour de 2012 : 29% pour DSK, 23% pour Sarkozy et 21% pour Marine Le Pen qui serait cette fois ci éliminée. Cela nous montre que les sondages sont une photographie de l’état de l’opinion à un instant t, et qu’ils comportent des marges d’erreur importantes.

Il est vrai qu’aujourd’hui, la société française vit une véritable fracture sociale – pour employer un terme cher à Jacques Chirac – portant en elle un malaise qui peut conduire à un vote protestataire à l’extrême droite. Le FN surfe sur l’insécurité qui progresse puisque les crimes et délits contre les personnes sont en hausse. De fait, Nicolas Sarkozy, ex Ministre de l’Intérieur, Monsieur Sécurité, celui dont on attendait beaucoup, aurait failli dans sa mission. La montée du FN, c’est surtout aussi le sentiment pour certains d’avoir été dupés par Nicolas Sarkozy, après qu’il ait siphonné une partie des voix du Front National en 2007 avec ses promesses sur la sécurité, l’immigration etc. Ainsi, on estime actuellement à un quart le nombre d’électeurs de l’actuel Président prêts à rejoindre Marine Le Pen.

Au regard de cette photographie de la société française, Nicolas Sarkozy a désormais toutes les données de l’équation qu’il devra résoudre s’il veut être ré élu en 2012. De plus, et c’est un autre grand enseignement de ce fameux 21 avril 2012, il sera dans l’obligation de rassembler à droite pour ne perdre aucun vote utile au premier tour. On se rappelle de Lionel Jospin encourageant, au nom d’un pluralisme démocratique bien naïf, une multiplicité de candidatures à gauche, conduisant à un émiettement des voix qui lui a été fatal. Conscient de ce risque, Nicolas Sarkozy multiplie les opérations de séduction auprès de ses rivaux potentiels, à l’image de ses dernières rencontres avec Dominique de Villepin.

Bien qu’il ne l’admette pas, Nicolas Sarkozy a bien une peur bleue Marine du FN…

 

 

La phrase de la semaine :

«Vous pensez que les Français auraient envie de voir Marine Le Pen présidente de la République quand ils voient sa vulgarité ?». De Nicolas Sarkozy

Jérôme Boué